L’innovation : les transports en soins intensifs entre centres hospitaliers s’effectuent le plus souvent avec des ambulances et des civières standard, malgré l’imposant appareillage médical qui accompagne le patient.

L’entreprise québécoise Technimount System a mis au point un système qui se fixe à la plupart des civières, sur lequel peuvent être solidement accrochés les appareils de soins et de monitorage.

De surcroît, le Xtension Pro Assistant-CCT coulisse pour dégager les côtés de la civière lors d’un transfert du patient vers ou à partir d’un lit.

Qui

Carl Bouchard accumulait 15 ans d’expérience dans la vente d’appareils médicaux quand, à la demande d’un ami qui travaillait dans les services d’urgence, il a conçu un petit socle universel où pourraient se fixer différents types d’appareils médicaux, tant à bord des ambulances qu’en milieu hospitalier.

Pour le fabriquer et le commercialiser, Carl Bouchard a fondé Technimount System en 2013.

L’intérêt a été immédiat. « Ça a été un début un peu brutal, même. Je dirais que pendant presque cinq à six ans, on n’a jamais appelé de clients. Les clients venaient à nous. »

Rapidement, l’entreprise de Québec est devenue le fournisseur des constructeurs d’ambulances nord-américains, qui aimaient la polyvalence du dispositif.

C’est dans cet esprit que son équipe de conception s’est attaquée à un nouveau défi : transporter sur une civière tout l’appareillage qui accompagne le transfert interhospitalier des patients en soins intensifs.

On avait remarqué qu’il y avait souvent des bris d’équipements parce qu’ils étaient mal installés. Le personnel soignant avait souvent des difficultés à voir les écrans, ce qui est très critique pour suivre l’évolution des patients. Malheureusement, il n’existe pas d’entreprises qui font ce genre d’équipement là. Nous, on transforme des civières standard pour en faire des civières de transport en soins critiques.

Carl Bouchard, président-directeur général de Technimount System

L’appareil

Le système Xtension Pro Assistant-CCT s’apparente à un pont qui enjambe le brancard. Sur ce pont sont fixés différents socles et plaques de montage qui accueilleront les divers appareils médicaux.

Puisque ce nouveau système intègre le système de socle original de Technimount, les centres hospitaliers peuvent aisément y adapter leurs dispositifs médicaux spécifiques.

Le pont s’attache aux membrures de la civière à l’aide de dispositifs qui ne nécessitent aucun perçage et aucune autre modification.

Le pont est monté sur des coulisseaux dans l’axe longitudinal de la civière. À l’aide de deux poignées verrouillables, le préposé peut donc tirer l’arche pour dégager complètement le brancard.

« Ça rend le transfert du patient du lit vers la civière beaucoup plus simple pour le personnel clinique », constate Carl Bouchard.

La disposition des plaques de fixation des appareils médicaux et l’ergonomie de l’ensemble du système sont le fruit d’une étroite et longue collaboration avec l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. « Les usagers nous ont donné énormément de contraintes ergonomiques pour développer le produit, parce que leur requis était le patient », ajoute-t-il.

Le pont se détache aisément de son système de fixation à la civière pour être manipulé indépendamment. Le personnel du centre hospitalier peut donc effectuer en toute quiétude l’installation des appareils et le branchement des solutés, lignes artérielles et autres électrodes sur un pont déposé sur le lit du patient.

« Quand le service ambulancier arrive, le patient est prêt à partir tout de suite et le transfert peut se faire plus sécuritairement. »

Léger mais solide

Le pont est principalement fabriqué en aluminium, avec quelques éléments en acétal (un plastique d’ingénierie) et en uréthane.

« Évidemment, on parle de solidité et de légèreté », indique Carl Bouchard.

Répondant à la norme SAE J3043, l’appareil doit résister à une décélération de 26 G.

Technimount System fabrique elle-même une partie des composants de ses produits, en donne d’autres en sous-traitance, et fait l’assemblage final dans son usine de Québec. L’entreprise emploie ou occupe une soixantaine de personnes.

L’avenir

Le système est déjà sur le marché. Sans surprise, l’hôpital du Sacré-Cœur de Montréal a été le premier à s’en munir.

« Il y a un autre très grand centre au Québec qui devrait être dévoilé sous peu, et il y en a quelques-uns en ligne qui ont déjà montré un très grand intérêt », informe le président.

L’entreprise veut s’en servir comme fer de lance d’une offensive sur le marché américain, où ses autres produits ont déjà bonne réputation.

« Les efforts commerciaux vont être mis de l’avant pour pousser de plus en plus ce produit-là », indique-t-il. « Il s’adresse à tous les centres hospitaliers en Amérique du Nord qui ont une unité ou un département qui effectue des transports de soins critiques. En vérité, tous les centres hospitaliers d’importance ont techniquement la capacité d’acheter ça. »