On ne pouvait trouver meilleur moment pour parler de l’Écodep La Générale que ce jour de la grande distribution de bonbons et tablettes de chocolat format réduit.

Quoi ?

Car — bien que l’on ne veuille pas créer de l’écoanxiété en cette grand-messe des sucreries – c’est justement un questionnement sur le suremballage qui est à l’origine de ce projet original. Marie Moubarac voyait la quantité phénoménale d’emballages de toutes sortes rapportés à la maison par ses enfants et se disait qu’il y avait assurément moyen de faire mieux.

Puisque les astres sont parfois alignés, il y avait le local de ce vieux dépanneur classique du Plateau qui était à louer…

Cette professionnelle du milieu des arts a décidé de plonger et de créer un premier dépanneur vert et responsable.

« Il y a du vrac, du zéro déchet et tout ce qu’il faut, mais il n’y avait pas de dépanneur écoresponsable », dit-elle.

C’est ainsi que La Générale est apparue discrètement, à l’angle de l’avenue Laurier Est et de la rue Chambord.

L’innovation

L’idée n’est pas de remplacer le cola par du jus de pommes du Québec et les croustilles par des bâtonnets de carottes, mais plutôt de reproduire le dépanneur typique tout en offrant pour chacun des produits les meilleures options vertes offertes sur le marché, après étude exhaustive.

La boutique de Marie Moubarac a des airs du pays des merveilles d’Alice. Les emballages (souvent compostables !) sont beaux — puisque les produits sont joliment présentés. L’offre de fauxmage est alléchante (oui, oui !), mais on a aussi du fromage et du beurre bios pour qu’un client qui entre faire une course le soir pour se dépanner trouve son compte. La bière est là, le vin aussi. Le pain, le chocolat, la nourriture pour chiens.

L’équipe a souvent opté pour des produits locaux ou alors, lorsqu’un aliment n’est pas disponible ici, le café par exemple, vers des produits avec une certification biologique ou équitable et avec les emballages les plus écologiques possible.

« On a fait nos recherches, nos comparatifs, explique Marie Moubarac. Les chips viennent de l’Ontario. Elles sont bios, les sacs sont compostables et le prix est comparable à celui d’une entreprise américaine qui offre ses chips dans des sacs en plastique. »

Les défis

De grands défis sont déjà (heureusement !) derrière. D’abord, le projet a débuté presque en même temps que la pandémie, imposant des retards dans la rénovation du local et moult modifications dans le plan d’affaires initial. Une autre belle tempête attendait l’Écodep à son ouverture, l’inflation qui met de la pression sur la facture d’épicerie et réduit la place pour l’extra dans le budget.

« Nous avons réduit notre marge au maximum », explique la propriétaire qui veut que ses produits soient vendus à des prix compétitifs. D’où l’intérêt de travailler avec d’autres entrepreneurs locaux.

Ma stratégie d’affaires est d’utiliser l’innovation et la créativité afin d’atteindre mes objectifs d’impacts sociaux et environnementaux.

Marie Moubarac, propriétaire de l’Écodep La Générale

Autre défi : faire comprendre le concept.

Plusieurs nouveaux clients entrent dans le commerce par curiosité ou alors parce qu’ils croient avoir affaire à un dépanneur de quartier, joli, mais sans mission. Afin que la nouvelle clientèle comprenne bien le principe, l’équipe de l’Écodep explique sa philosophie.

Car n’oublions pas que le commerce se trouve devant une grande épicerie, il doit se distinguer.

L’avenir

D’abord, Marie veut compléter l’offre de produits — le commerce n’a que 20 % de la marchandise totale souhaitée — et ajouter aussi un petit comptoir-lunch avec des pogos véganes.

« Je voudrais que ça devienne un lieu de discussion, mettre des bancs à l’extérieur, dit Marie Moubarac. Je voudrais que les gens prennent leur café le matin. »

À cela s’ajoute le lancement d’une marque maison (on fait déjà du dentifrice dans un petit contenant consigné) et un site d’achat en ligne qui devrait voir le jour au printemps 2023.

Mais ça n’est pas tout : Marie voudrait que son Écodep fasse des petits.

« Mon objectif, dit-elle, est de devenir la première chaîne de magasins de proximité spécialisés en vente de produits de dépannage écoresponsables au Québec. »