Bien qu’elles entrevoient une récession, les PME canadiennes visent une forte croissance dans un horizon de trois ans, selon un nouveau sondage.

8 PME sur 10 sont sûres de croître

Selon le sondage mené entre le 16 août et le 1er septembre 2022 auprès de 503 petites et moyennes entreprises canadiennes par la firme-conseil KPMG, 83 % des dirigeants de PME prévoient de connaître une franche croissance au cours des trois prochaines années.

Cet optimisme volontariste n’empêche pas un salutaire réalisme. Si 66 % des dirigeants de PME s’attendent à ce qu’une récession survienne d’ici un an, la moitié d’entre eux prévoient qu’elle sera modérée et de courte durée. Selon l’analyse de Mary Jo Fedy, leader nationale de KPMG Entreprise, cette heureuse attitude est le fruit de deux ans et demi de résilience et d’adaptation au travers de la crise pandémique.

4 grands risques

Les dirigeants de PME montrent néanmoins une saine conscience des risques qui pèsent sur leur croissance, au premier rang desquels se situent justement les facteurs économiques – taux d’intérêt et inflation. Suivent dans l’ordre les risques relatifs à la cybersécurité, qui se sont notamment accrus avec le télétravail, la pénurie de talents et les technologies émergentes ou perturbatrices.

Des mesures préventives

Déjà, six PME sur dix ont pris des mesures pour atténuer ces risques pour leur croissance à court terme et parer les coups d’une récession. Au rang de ces stratégies, 85 % des répondants placent l’augmentation de la productivité. En proportion similaire, ils veulent identifier les inefficacités d’exploitation et les complexités inutiles.

Paradoxalement, une de ces initiatives risque d’exacerber l’inflation qui les inquiète tant : 82 % des dirigeants de PME entendent gérer les coûts en augmentant les prix.

Réduire… et augmenter les effectifs

Les dirigeants de PME sont prêts à reculer pour mieux rebondir. Quatre PME sur dix envisagent la réduction de leur effectif au cours des six prochains mois. Déjà, 30 % des dirigeants disent avoir gelé l’embauche pour se préparer à une récession potentielle.

Mais 77 % prévoient d’augmenter le nombre de leurs employés d’ici trois ans. En fait, une entreprise sur cinq entend accroître ses effectifs de plus de 10 %. Pourtant, autre paradoxe, les deux tiers des PME peinent à embaucher les personnes possédant les compétences nécessaires à la croissance de l’entreprise.

Une réponse : l’automatisation. Près de huit entreprises sur dix ont déjà mis en branle des plans en ce sens ou ont l’intention de le faire d’ici les six prochains mois.

Ralentir la transformation

Sans nécessairement freiner, les dirigeants de PME veulent lever le pied pour la transformation – dans certains cas la révolution – numérique que la pandémie a forcé plusieurs d’entre elles à entreprendre. Pour se préparer à un éventuel ralentissement économique, six PME sur dix ont déjà interrompu leurs plans de transformation ou s’attendent à le faire temporairement au cours des six prochains mois.

Mais le mot important est « temporairement ». En effet, 69 % des PME craignent de perdre du terrain sur leurs concurrents si elles relâchent leurs investissements dans les technologies numériques. C’est montrer là une sage prudence, selon Mary Jo Fedy, qui estime que si l’interruption temporaire des investissements peut parfois aider à traverser la tempête, « elle ne devrait pas s’appliquer à l’investissement dans les compétences numériques et dans le savoir-faire des employés ».

Les ESG à la peine

Dans tous les cas, ce sont les facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) qui risquent d’en payer le prix. Pas moins de 54 % des PME « peinent à présenter un récit convaincant au sujet des enjeux ESG », indique KPMG. Près du tiers n’ont pas de stratégie relative à cette question.

Sans surprise, la firme-conseil y voit un besoin de conseils et de soutien.