C’était clair dans sa tête : Anik Malderis serait un jour associée d’une firme d’architecture. Elle travaille officiellement depuis quelques semaines auprès de Jean-François St-Onge et de François Martineau, cofondateurs d’ADHOC Architectes.

Quand ils lui ont montré un intérêt de l’accueillir auprès d’eux, il y a quatre ans, elle a été franche et directe. « Ç’a été mis clairement sur la table qu’être associée était quelque chose que je recherchais, raconte-t-elle. Ils se sont montrés très ouverts et m’ont dit que ça faisait partie de leur vision. »

« Depuis la création d’ADHOC Architectes, il y a huit ans, il a toujours été évident que d’autres associés viendraient se joindre à nous, confirme Jean-François St-Onge, dans un communiqué. Accueillir Anik en tant qu’associée marque le début d’une nouvelle ère pour ADHOC Architectes et permettra de décupler nos forces. »

Cela dit, les associées femmes manquent toujours à l’appel. Selon l’Ordre des architectes du Québec (OAQ), il y a eu une arrivée massive de femmes dans la profession de 2009 à 2019. Chez les 39 ans et moins, elles représentent 60 % des membres de l’OAQ, mais seulement 27 % sont des associées des firmes d’architectes.

Ouvrir leurs bras à une femme à la tête de la firme n’est cependant pas un geste d’éclat de la part des cofondateurs d’ADHOC. « Aujourd’hui, dans notre domaine, on ne sent pas de discrimination, pense Anik Malderis. Ça se fait naturellement. Sur les bancs d’école, il y a plus de femmes que d’hommes. Et plus de la moitié des employés chez ADHOC sont des femmes. »

Que penser alors de la faible représentation féminine à la cime de la profession ? « J’ai l’impression que ça va naturellement venir, répond Anik Malderis. Les femmes ont commencé à être visibles dans les firmes dans les années 1990. Ça ne fait que 30 ans. Déjà, aujourd’hui, c’est normal d’avoir une femme à une réunion de coordination avec 30 intervenants. Les portes sont là. Il faut juste les ouvrir et foncer. »

De la restauration à l’architecture

Le parcours d’Anik Malderis aurait pu être tout autre quand on l’écoute raconter ses années scolaires. « Je suis tombée dans ce milieu par hasard », dit celle dont le père est ébéniste et la mère, photographe. « Dans notre sous-sol, on avait une chambre à bois et une chambre noire. J’ai toujours su que je voulais m’orienter là-dedans, je faisais beaucoup d’illustrations, jeune. » Mais après le secondaire, plutôt que de se diriger vers le cégep, elle décide de travailler en restauration. « Je voulais vivre des expériences et faire des sous. J’ai pris un bon arrêt de l’école. J’ai découvert ce qu’était la responsabilisation. » Puis, elle a voulu d’autres défis...

Elle s’est donc inscrite comme étudiante libre à l’UQAM, à 21 ans, pour éventuellement faire une maîtrise en architecture à l’Université de Montréal.

Un de mes cours à l’UQAM s’appelait Atelier de design. Ça m’a ouvert les yeux sur le monde, Le Corbusier, Mies van der Rohe, Frank Lloyd Wright, des noms que je n’avais jamais entendus. J’ai eu le goût d’en savoir plus. Je n’ai pas cligné des yeux depuis.

Anik Malderis

À son arrivée comme associée, outre le plaisir de continuer à diriger des projets chez ADHOC, Anik Malderis n’a pas mis de temps à mettre sur pied un programme. Elle veut entendre la voix de tous, architectes, technologues, designers d’intérieur, sur des enjeux que connaissent les employés. « Pour prendre le pouls sur des sujets variés, comme les outils de gestion ou le développement durable, explique-t-elle. Ce sera des pools hétérogènes de gens qui n’ont pas forcément une spécialité sur un sujet donné, pour voir comment on peut améliorer tout aspect de la firme. »

« Mixité »

Autrement, ADHOC travaille notamment sur un projet immobilier baptisé Canoë (condos, logements sociaux, espaces communautaires, garderie, épicerie...) en huit phases dans Hochelaga avec la firme AEdifica. « C’est un quartier mixte fondé sur les grands principes de développement durable dans un grand quadrilatère délaissé », explique Anik Malderis.

« Mixité », le terme revient à plusieurs reprises pendant l’entrevue. Tant dans ce qu’ADHOC, qui a comme niche le multirésidentiel et l’insertion urbaine de petite et de grande envergure, aime bâtir que dans la composition des gens dans les organisations. « On est dans un domaine de projets très variés, avec des demandes et des clients extrêmement variés, note Anik Malderis. Plus on peut donner d’opinions et d’expériences diversifiées, mieux c’est en ce qui a trait à la façon d’aborder les projets, pour nos relations et pour nos affinités avec les clients. Ce n’est pas négligeable quand on sait que des projets peuvent durer 10 ans. »