Avec la firme de design industriel Brio Innovation, le manufacturier Demers Ambulances a mis au point un siège qui peut sauver des vies – y compris celle de l’ambulancier.

L’innovation

Sur la route, son ergonomie et le bras articulé de son piètement permettent au technicien ambulancier paramédical de faire toutes les manœuvres entourant le patient en civière, tout en restant retenu par une ceinture de sécurité à quatre points.

Le contexte

Dans les ambulances nord-américaines traditionnelles, le technicien ambulancier paramédical était assis sur une banquette longeant la civière, retenu par une ceinture de sécurité à deux points qu’il bouclait rarement.

En 2012, Demers Ambulances a reçu un appel de Calgary, où on avait déploré un accident d’ambulance dans lequel le technicien non attaché avait subi de graves blessures.

Le fabricant québécois a alors mis au point un système de fauteuil qui glissait sur un rail placé parallèlement à la civière, dispositif qui s’est largement répandu.

Mais certains gestes périphériques incitaient l’ambulancier à se détacher à l’occasion.

Le projet d’une ambulance électrique, lancé il y a cinq ans en association avec Lion Électrique, a été l’occasion de revoir complètement l’intérieur de la caisse.

L’objectif de départ était : comment s’assurer que cette fois-ci, en repensant la position de l’équipement et de la civière, on créerait un siège où le paramédic pourrait se déplacer facilement des pieds à la tête et faire son travail 100 % attaché. C’est à ce moment qu’on a créé notre nouveau siège.

Alain Brunelle, président de Demers Ambulances

Au contraire de la procédure habituelle, l’intérieur de l’habitacle a été conçu avant de dimensionner la caisse.

« On a lancé le travail en disant : oublions la notion du châssis, qui était un facteur limitatif pour la position de la civière et du paramédic, et partons d’une page blanche », décrit Alain Brunelle.

À la suite d’entrevues, de simulations filmées et de participations à de réelles interventions avec des techniciens ambulanciers, les designers de Brio ont proposé un nouvel aménagement de l’espace intérieur.

IMAGE FOURNIE PAR BRIO INNOVATION

« L’exercice ne tournait pas du tout autour du siège, mais le siège est devenu vite le cœur de l’innovation », relate Luc Bourgeois, directeur, innovation, chez Brio.

Plutôt qu’à gauche et sur l’arrière de l’habitacle, la civière a été positionnée en son centre, avec un siège de part et d’autre.

Le siège

Mettant à profit leur longue expérience de conception de sièges dans le transport collectif, les véhicules récréatifs et l’aviation, les designers de Brio ont conçu une assise ergonomique, dont la configuration en forme de selle permet au technicien de pousser latéralement avec les jambes pour se déplacer.

Entre les cuisses, une protubérance formant une butée facilite le contrôle des déplacements. « C’est ce qui vient stabiliser, ce qui donne l’impression que le siège est vraiment collé à l’usager », explique Luc Bourgeois.

Les lignes

Les designers ont opté pour des lignes simples, segmentées et légèrement anguleuses, qui traduisent l’innovation et la technologie du produit.

Ils ont aminci les formes en périphérie du dossier, lui procurant une finesse à la fois esthétique et fonctionnelle dans cet environnement encombré.

Les courroies de la ceinture de sécurité à quatre points s’enroulent à l’intérieur du siège par deux fentes aménagées sous l’appui-tête.

L’articulation

De leur côté, les ingénieurs de Demers ont mis au point le mécanisme du piètement en aluminium, articulé sur trois pivots interdépendants. Le siège peut ainsi se déplacer dans toutes les directions autour de son point de fixation central.

« Il y a énormément d’ingénierie dans le bras articulé, commente Luc Bourgeois. Et ça, c’est Demers, en grande partie. »

IMAGE FOURNIE PAR DEMERS AMBULANCES

L’ambulance électrique de Demers et Lion

Des boutons situés sur l’avant du siège et derrière l’appui-tête permettent de bloquer et débloquer l’articulation, selon les besoins.

« C’est sûr que c’est un grand défi, pour être sûr que ça soit facile à opérer et en même temps sécuritaire, commente Alain Brunelle. S’il y a un impact sur l’ambulance, il faut que le siège reste à sa place. »

Le dispositif est autobloquant en cas de choc. Lors de tests aux États-Unis, il a résisté à des impacts équivalant à près de 23 g.

L’avenir

« C’est une première dans l’industrie, souligne Alain Brunelle. Les paramédics qui l’ont vu et essayé sont tous épatés. »

L’ambulance électrique dans laquelle le siège prendra place devrait subir ses tests de fiabilité et de certification au cours de l’été et de l’automne, pour vraisemblablement entrer en production au début de l’hiver.

Le siège sera fabriqué en sous-traitance. « L’intention est de faire ça au Québec. »