L’innovation

Foxtrot Industriel a mis au point un petit robot électrique télécommandé qui peut se glisser sous une charge atteignant 20 tonnes et la déplacer, en maintenant une distance sécuritaire avec ses opérateurs. Et sans abîmer le plancher, de surcroît.

Qui

En 2018, une équipe de 18 étudiants en génie mécanique et électrique de l’Université de Sherbrooke a entamé son projet de fin d’études, consistant à mettre au point un petit robot électrique télécommandé capable de déplacer des charges de plusieurs tonnes. Le projet n’était pas encore conclu que deux d’entre eux, Charles-Éric Raymond et Benoît Serrano-Parent, avaient déjà l’intention de fonder une entreprise pour en faire un jour la commercialisation. Les étudiants ont terminé leurs études et leur projet en décembre 2020. Au printemps 2021, la mise au point du prototype pour une fabrication en série était achevée. Fondée en janvier 2021, l’entreprise a conservé le surnom de l’équipe F des étudiants : Foxtrot, selon l’alphabet phonétique.

PHOTO FOURNIE PAR FOXTROT INDUSTRIEL

L’équipe dirigeante de Foxtrot Industriel. En haut à gauche : Francis Roy, directeur en R et D. À droite, Benoît Serrano-Parent, vice-président. En bas à gauche : Audrey-Ann Morin, cheffe de marque. À droite, Charles-Éric Raymond, président.

Citation

Ça partait d’un besoin de l’industrie. Une compagnie de Sherbrooke nous avait dit qu’elle avait des problèmes de déplacement de charges lourdes dans un contexte où l’espace était restreint et qu’il n’y avait pas de place pour les gros outils traditionnels.

Charles-Éric Raymond, président et cofondateur, Foxtrot Industriel

Une puissante galette

L’appareil se présente sous la forme d’un chariot plat, d’à peine 12,7 cm (5 po) d’épaisseur.

Télécommandée, la plaque se glisse sous la charge, qui a été temporairement soulevée du sol à l’aide de vérins hydrauliques standards. Deux patins indépendants viennent équilibrer la charge en faisant tripode.

PHOTO FOURNIE PAR FOXTROT INDUSTRIEL

Télécommandée, la plaque se glisse sous la charge, qui avait été préalablement soulevée du sol à l’aide de vérins hydrauliques standards.

L’innovation réside notamment dans la faible dimension du dispositif. « Notre système est le plus compact et léger au monde dans ce genre de produit », soutient Charles-Éric Raymond.

Le modèle Solo 10, qui peut porter jusqu’à 10 tonnes, mesure 36 cm sur 54 cm. D’un poids de 45 kg, et muni de deux poignées, il peut être transporté par deux personnes « comme une grosse glacière ».

« C’était tout un défi de conception d’intégrer tous les éléments mécaniques et électriques dans un espace aussi restreint, en ayant la puissance nécessaire pour déplacer d’aussi lourdes charges », ajoute le président.

La difficulté a été contournée avec un châssis usiné dans un bloc d’aluminium massif, qui procure la rigidité et la légèreté nécessaires.

Comme un tank et une tortue

Le chariot est muni de quatre roues – des rouleaux massifs disposés par paires de part et d’autre du châssis. Ils sont recouverts d’une épaisse bande de roulement en polyuréthane, ce qui « permet de ne pas endommager les planchers et même d’aller dans des endroits de haute propreté, comme des salles blanches ».

La charge est posée sur un disque rotatif sous lequel le chariot peut pivoter. Les virages s’effectuent « comme un tank », en mettant un train de roues en marche avant et l’autre en marche arrière.

Dirigé par une télécommande industrielle et mû par des moteurs électriques alimentés par des batteries rechargeables au lithium, l’appareil se déplace à la prudente vitesse de 0,5 km/h. « C’est comme une grosse tortue. »

Les pièces sont fabriquées au Québec en sous-traitance et assemblées chez l’entreprise sherbrookoise.

L’usage

Le Solo 10, d’une capacité de 10 tonnes, intéresse davantage les entreprises qui connaissent le poids de leur charge, ou encore des manufacturiers qui le loueront pour des usages ponctuels.

Les entreprises qui veulent l’acquérir pour des charges variées opteront généralement pour le SOLO 20, qui peut déplacer jusqu’à 20 tonnes.

La sécurité que procure un contrôle à distance est un atout important.

« On se fait souvent contacter par des entreprises qui ont eu un accident grave, ou qui sont passées très proche d’en avoir un », souligne Audrey-Ann Morin, cheffe de marque chez Foxtrot.

L’avenir

« Bien que l’entreprise soit très jeune, on ressent déjà beaucoup la demande sur le marché, constate Audrey-Ann Morin. On a déjà effectué plusieurs ventes. »

Elles ont d’abord été réalisées au Québec, mais l’entreprise a récemment obtenu une première commande en Ontario et une autre au Labrador.

« Ensuite, le but est d’exporter, autant ailleurs au Canada qu’aux États-Unis, et éventuellement partout dans le monde », indique Charles-Éric Raymond.

Foxtrot espère vendre une douzaine de robots en 2022 et vise 24 commandes en 2023.

« On travaille sur des projets qu’on ne peut pas encore dévoiler, mais qui sont déjà en cours de brevet, pour rendre les manutentions de charges encore plus efficaces », ajoute-t-il.