Ce n’est pas pour justifier son nom que la petite compagnie aérienne Québec Aéronature s’est attaquée à la mise au point d’un hydravion léger à propulsion électrique.

Il s’agit plutôt d’un défi de longue date pour son président fondateur Ghislain Buisson.

Car rien ne prédispose un hydravion à voler avec un moteur électrique. « C’est un mauvais avion », assène le pilote.

Ses flotteurs, « comme deux gros canots », ajoutent du poids, augmentent la traînée aérodynamique, exigent une grande puissance au décollage, bref, tout pour nuire aux performances et raccourcir l’autonomie.

Pour se compliquer encore la vie, Ghislain Buisson a choisi de motoriser un hydravion léger, le BushCaddy R-120, conçu il y a plus de 20 ans par le Québécois Jean-Eudes Potvin.

« Il est toujours en vie, il habite au Lac-Saint-Jean, glisse au passage Ghislain Buisson. Je lui ai parlé au téléphone et il est complètement enthousiaste. Il veut venir nous voir après l’hiver. »

Le BushCaddy R-120 est un avion ultraléger en kit, à structure tubulaire et revêtement riveté en aluminium. Hormis son carburant et ses deux occupants, le petit appareil n’a pratiquement aucune capacité d’emport.

« On se donne les pires conditions de départ ! », se réjouit presque Ghislain Buisson. « On est vraiment partis avec tous les handicaps du monde, mais on trouve que c’est justement ça qui est motivant. »

Ses débuts

Alors qu’il était à peine âgé de 25 ans et qu’il habitait encore en France, Ghislain Buisson avait construit son premier avion en kit, et avait déjà « cette ambition de le motoriser électrique ».

Il a suivi sa conjointe québécoise au Canada, a piloté pour Air Canada Express, puis a suivi encore une fois son cœur en fondant en 2018 sa propre petite école de pilotage spécialisée, Québec Aéronature.

Il initie les pilotes amateurs et même professionnels, souvent européens, aux techniques de vol sur avions à flotteurs, à skis ou à grosses roues tout terrain. Alors que la procédure courante pour simuler une panne de moteur en vol consiste à relancer le moteur à plein régime à respectueuse distance du sol, « nous, on se pose dans le champ pour vrai, illustre-t-il, notre avion est équipé pour ça ».

Depuis un an, Ghislain Buisson a élargi ses services au taxi aérien dans les Laurentides. Son entreprise possède deux Piper CA-18 et un Cessna 172. Outre lui-même, il emploie un autre pilote à temps plein et un troisième à temps partiel.

Rien pour le faire atterrir sur l’or, toutefois.

Aussi, le projet d’hydravion électrique se finance-t-il principalement à l’enthousiasme.

« Ce projet est dans ma tête depuis 20 ans. Il y a un an, je me suis dit que c’était peut-être le bon moment pour y aller. J’en ai parlé avec mes élèves, avec mes clients, qui, petit à petit, deviennent tous des amis. »

Parmi ces élèves-amis se trouvaient un pilote d’essai de Bombardier, un chef de projet en mécanique, un électricien : « Bien voilà ! », résume-t-il, comme si l’aventure allait de soi.

La petite équipe s’est adjoint la collaboration d’un professeur de génie mécanique de l’Université de Sherbrooke, David Rancourt, qui travaille lui-même sur des solutions de motorisations électriques aéronautiques avec ses étudiants.

Ils développent « le premier hydravion léger électrique au monde », selon les mots de Ghislain Buisson. La nuance est dans l’adjectif « léger ». Il concède qu’une entreprise de Colombie-Britannique a entrepris une démarche similaire sur le costaud hydravion de brousse Beaver. « C’est un beau projet, mais ils ont de la marge, dit-il. Un Beaver, ça peut en prendre, des batteries, parce que c’est un truck. Nous, c’est une Toyota Tercel. On ne peut rien mettre dans notre avion. »

Ce qui ne les empêche pas d’essayer. Ils ont retiré le moteur et les réservoirs, pour les remplacer par un système réunissant moteur électrique, contrôleur et interface pilote-machine, conçu par le constructeur slovène Pipistrel.

Un premier ensemble de batteries sera placé dans le compartiment moteur, juste devant la cloison pare-feu, et un second sera déposé derrière les sièges, leur éloignement permettant d’équilibrer la charge. Le plancher de la cabine doit être renforcé en conséquence.

« Nous en sommes à la modélisation 3D des composants et à la réalisation physique de certaines pièces maîtresses comme le support moteur », précise Ghislain Buisson.

Même l’hélice doit être remplacée. L’ancienne hélice d’aluminium standard, dont le poids sert de volant d’inertie pour maintenir le régime du moteur thermique, cédera sa place à une hélice ultralégère en fibres de carbone.

Le moteur et l’hélice ont été vendus, pour aider à financer le projet.

« On n’a pas de budget pour ça. Québec Aéronature fonctionne bien, mais je ne peux développer ça sur fonds propres encore. On cherche des commanditaires. »

Objectifs d’affaires

La passion n’exclut pas les objectifs d’affaires. « Le fait de développer cet avion et d’être des précurseurs va permettre de communiquer beaucoup autour de Québec Aéronature », explique l’entrepreneur.

L’étape suivante consistera à motoriser un BushCaddy quadriplace.

« Notre objectif est de développer une solution électrique qui soit adaptable à n’importe quel petit avion », poursuit-il.

« Si on arrive – et on va y arriver –, c’est sûr qu’on va aller vers une certification et une commercialisation de cette solution. »

Il reconnaît toutefois que l’objectif est lointain.

Pour l’instant, le petit BushCaddy R-120, acquis au Lac-Saint-Jean en octobre dernier, est démonté dans un garage de Mont-Saint-Hilaire, où il subit un récurage en règle pour une présentation publique qui se tiendra dans le centre commercial Mail Montenach de Belœil du 28 février au 6 mars.

Ghislain Buisson espère réaliser les premiers essais statiques en juillet et le premier vol en octobre. « Chaque fois que j’en parle, il y a toujours un sourire en coin pour dire : ils n’y arriveront jamais. »

Mais il se répète les paroles de Pierre-Georges Latécoère, initiateur de l’Aéropostale – l’épique ligne de courrier aérien pour laquelle a volé Saint-Exupéry : « J’ai fait tous les calculs et j’ai tout étudié : notre projet est irréalisable. Il ne reste qu’une chose à faire : le réaliser. »

Première percée new-yorkaise pour BrainBox AI

PHOTO ANGELA WEISS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

BrainBox AI vient de réussir une première percée à New York.

Comme son nom ne l’indique pas, la firme montréalaise BrainBox AI se spécialise dans le contrôle et la gestion des systèmes de chauffage, ventilation et climatisation (CVC) de grands édifices. Sa raison sociale réfère plutôt à son utilisation de « l’intelligence artificielle la plus avancée au monde dans le secteur de l’immobilier », selon les dires de l’entreprise, qui vient de réussir une première percée à New York. Elle vient d’annoncer l’installation de sa technologie dans un édifice commercial de classe A situé au 45, avenue Broadway, dans Lower Manhattan, un quartier dont le nom ne réfère pas à des immeubles de petite taille. L’édifice commercial de 32 étages, construit en 1983 et détenu par Cammeby’s International, offre ainsi à la firme montréalaise sa première vitrine new-yorkaise. Cette première est d’autant plus stratégique que la Ville de New York s’est dotée en 2019 d’un ambitieux plan de réduction des émissions nocives des édifices commerciaux. Un de ses éléments, la Local Law 97, imposera d’ici 2024 de nouvelles limites pour l’efficacité énergétique et les émissions de gaz à effet de serre. Fondée en 2017 et établie à Montréal, BrainBox AI compte plus de 100 employés.

Vision Marine Technologies louera ses embarcations électriques en Floride

Vision Marine Technologies, fabricant notamment des modèles Bruce 22 et Fantail 217, ne craint pas l’eau salée. Le manufacturier montréalais étendra ses activités de location en Floride, après le succès obtenu en Californie par son premier établissement. Le futur centre de location sera situé dans un nouveau complexe appelé Waves at Dania Beach, dans la ville du même nom, sur la côte sud-est de la Floride. Le contrat que Vision Marine a conclu avec les promoteurs de Waves at Dania Beach lui garantit des bureaux et des emplacements pour 25 bateaux électriques. Vision Marine Technologies avait ouvert un premier centre de location nommé Vision Electric Boat Rental, dans le Lido Marina Village, à Newport Beach, en Californie. Il a rapidement connu le succès puis une croissance rapide. D’abord forte de 4 embarcations, sa flotte en compte maintenant 30, et 5 autres, en cours de fabrication, s’y ajouteront en mars prochain. En 2020, Vision Electric Boat Rental avait attiré 8000 amateurs de nautisme silencieux. En 2021, 13 000 clients avaient navigué sous son pavillon, pour des revenus annualisés de 4,3 millions de dollars.

Pénurie record d’employés dans les métiers de services automobiles

Les PME du secteur des services automobiles sont en panne, faute d’employés dans le réservoir. Pour de nombreux métiers, la pénurie de main-d’œuvre atteint des niveaux record au Québec. C’est ce que constate le site web spécialisé Auto-jobs.ca, qui indique n’avoir jamais reçu autant de demandes de postes à pourvoir qu’en ce moment. Les mécaniciens et apprentis mécaniciens, qui représentent 17,7 % des postes affichés actuellement, sont particulièrement recherchés. Ils sont suivis par les conseillers aux ventes (14,9 %) et les conseillers techniques (10,6 %). Les postes nécessitant peu de qualifications, comme les préposés au service, les commis aux réclamations ou aux pièces, et les préposés au lavage et à l’esthétique, sont devenus pratiquement impossibles à pourvoir, a souligné Emmanuelle Bourque, directrice de comptes pour Auto-Jobs.ca. « Oui, on constate vraiment une pénurie marquée de main-d’œuvre », confirme Danielle Le Chasseur, directrice du CSMO-Auto (Comité sectoriel de main-d’œuvre des services automobiles), qui relève que le problème s’observait déjà avant la pandémie. Certaines régions plus éloignées, comme la Côte-Nord, sont particulièrement touchées, dit-elle. « Il y a de nombreuses entreprises qui, en raison de ce problème, aimeraient recruter à l’étranger. » Le secteur réunit 18 000 PME, en vaste majorité trop petites pour maintenir un responsable des ressources humaines qui prendrait en main le recrutement.

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Elles sont éloignées, mais d’autant plus importantes : huit entreprises manufacturières et de services de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec, fournisseurs auprès de donneurs d’ordres des secteurs minier et forestier, bénéficieront d’un programme de diagnostics qui leur permettra d’accroître leurs performances et leur compétitivité. Cette initiative est promue par STIQ, une association multisectorielle d’entreprises, grâce à un appui financier de 355 000 $ accordé par la Société du Plan Nord.