L’innovation

Confectionner des craquelins préparés avec de la drêche – ces céréales auxquelles on a soutiré le moût pour fabriquer la bière – afin d’éviter qu’elle ne prenne le chemin du site d’enfouissement. Voilà l’objectif de Chloé Roy-Michel et Félicie Desmazières, fondatrices de l’entreprise Saison 2. « L’innovation, c’est vraiment d’intégrer les drêches dans un aliment comestible pour les humains », explique Mme Roy-Michel.

Le produit

De la drêche, les microbrasseries situées dans l’île de Montréal en génèrent environ 3420 tonnes par année, souligne-t-elle d’entrée de jeu. Ce qu’elle définit comme étant des « céréales mouillées », ce qui reste une fois que les sucres nécessaires à la fabrication de la bière ont été extraits, est souvent donné en nourriture aux animaux de la ferme.

« Les gens qui ont des microbrasseries en région n’ont pas trop de problèmes avec la drêche, ils la donnent aux agriculteurs à proximité », explique la cofondatrice.

À Montréal, la gestion de la drêche est plus difficile. « Les microbrasseries ne savent plus quoi faire avec. C’est un gros casse-tête », dit-elle, ajoutant dans la foulée que ces céréales finissent souvent par prendre le chemin de la poubelle.

« Pour une pinte de bière bue, on obtient la même quantité en drêche déshydratée », illustre la jeune femme de 26 ans.

C’est en discutant avec une amie qui était allée en Europe et qui avait vu ce que l’on pouvait faire avec la drêche que Chloé Roy-Michel a décidé en 2019 de se lancer dans la fabrication de craquelins avec Félicie Desmazières, qui travaillait à l’époque avec elle chez Vice & Versa, bistro qui met en valeur les bières artisanales.

« Ce qui nous reliait au projet, c’est qu’on travaillait dans le monde de la bière. » Elle voulait confectionner un produit issu de la bière, que l’on mange en buvant de la bière. « C’est pour ça qu’on s’est vraiment tournées vers le craquelin. »

C’est Félicie qui a élaboré les recettes et préparé les premiers « prototypes » dans sa cuisine. Avec beaucoup d’essais-erreurs, elles ont finalement commencé à vendre leurs premiers sachets de craquelins en février 2021.

« À la base, on voulait vendre dans les bars et les microbrasseries. »

La COVID-19 les a forcées plutôt à se tourner vers les dépanneurs de bières spécialisées et les épiceries. Leurs craquelins – vendus en quatre variétés – se trouvent maintenant sur les tablettes de 75 points de vente, notamment à Montréal, Québec et Sherbrooke.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Les craquelins de Saison 2 se trouvent sur les tablettes de 75 points de vente, notamment à Montréal, Québec et Sherbrooke.

Elles récupèrent la drêche de MaBrasserie et de Mellön. Chaque semaine, les deux entrepreneures produisent 500 sachets de 120 grammes dans une cuisine qu’elles louent à un boulanger. « On n’a pas d’entrepôt. On produit selon les commandes », explique Chloé Roy-Michel.

L’avenir

Les projets de Saison 2 pour l’avenir sont nombreux : multiplier les points de vente au Québec, changer l’emballage pour qu’il soit recyclable ou compostable et élaborer d’autres produits.

« Notre but, c’est de récupérer le plus de drêche possible pour que ça ne s’en aille pas aux poubelles. »