Fleurs séchées, argiles et huiles d’ici : Les Mauvaises Herbes, entreprise montréalaise, souhaite montrer qu’il est possible de fabriquer ses cosmétiques et produits nettoyants – plus sains pour le corps et l’environnement – avec une dizaine d’ingrédients réutilisables… et beaucoup de plaisir.

Du blanc, du bois et des plantes : dans la boutique Les Mauvaises Herbes, rue Saint-Hubert, à Montréal, l’attention aux détails est omniprésente. Beauté et simplicité sont de mise, à l’instar de la qualité des produits, choisis avec soin pour être les plus locaux et durables possible. La vente en vrac y est aussi encouragée : il est donc possible d’apporter pots et sacs pour refaire le plein d’ingrédients de base pour vos crèmes, savons et sérums.

Cette boutique, ouverte à l’automne 2019, est le point culminant d’une aventure entrepreneuriale étonnante pour trois jeunes Québécoises qui ne se destinaient pas au commerce.

L’histoire débute en 2014, lorsque deux étudiantes en anthropologie, Mariane Gaudreau et Audrey Woods, lancent un blogue sur les cosmétiques et produits nettoyants naturels appelé Les Trappeuses. Elles y testent, notamment, des masques au beurre d’arachide et de la purée de banane dans les cheveux.

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Mariane Gaudreau, cofondatrice des Mauvaises Herbes

L’engouement a été là dès le début, on ne s’attendait pas à ça. On est arrivées au bon moment, les gens étaient prêts, curieux.

Mariane Gaudreau, cofondatrice des Mauvaises Herbes

Les deux complices sont bientôt rejointes par la biologiste Marie Beaupré. Ensemble, les trois scientifiques expérimentent gaiement des routines de beauté étonnantes, tout en développant des recettes à succès, comme le déodorant « miracle » au bicarbonate de soude. Leur but : s’éloigner des produits chimiques présents en grande quantité dans les produits cosmétiques et nettoyants, tout en retrouvant une simplicité dans leur routine.

Pour Mariane Gaudreau, le déclic s’est fait lorsque l’une de ses amies, atteinte du cancer du sein, lui a conseillé d’éviter les parabènes (produit chimique souvent utilisé comme conservateur et qui peut représenter un risque pour la santé, selon le gouvernement du Canada). « J’ai vérifié les ingrédients de mes cosmétiques, et tous en contenaient ! », se souvient Mariane Gaudreau.

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Les cofondatrices de l’entreprise Les Mauvaises Herbes : Audrey Woods, Marie Beaupré et Mariane Gaudreau

Loin de s’estomper, le succès du blogue des Trappeuses se poursuit, avec près de 100 000 visiteurs par mois. En 2017, les trois jeunes femmes – qui y consacrent chacune 25 heures par semaine – se rendent à l’évidence : « C’était soit on s’arrêtait, soit on essayait d’en vivre », résume Mariane Gaudreau.

Livres et boutique

Le nouveau livre des Mauvaises Herbes, intitulé Remue-Ménage : produits ménagers maison, paraîtra le 6 octobre prochain aux Éditions de l’Homme. En même temps, les trois entrepreneures rééditent leur premier livre à succès, À fleurs de pots : cosmétiques maison simples. Ce dernier, paru initialement en 2018, a été vendu à 32 000 exemplaires.

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Le prochain livre de la boutique Les Mauvaises Herbes, intitulé Remue-Ménage : produits ménagers maison, sortira aux Éditions de l’Homme le 6 octobre prochain.

L’année 2018 a été un tournant pour les trois fondatrices des Trappeuses. En plus de publier leur premier livre, elles lancent une boutique en ligne sous le nom de Les Mauvaises Herbes. Pourquoi ce nom ? « Parce qu’on est rebelles et que les mauvaises herbes, ça pousse partout, comme dans les craques des trottoirs ! », explique Mariane Gaudreau.

Le choix d’un nom différent pour la boutique que pour le blogue n’est pas anodin : « On ne voulait pas pousser nos produits dans la gorge ​​[des personnes qui nous suivaient sur le blogue] », reconnaît Mariane Gaudreau. Aujourd’hui, l’entreprise est en processus de ramasser le projet, qui a finalement évolué en parallèle, et de le ramener sous un même toit : Les Mauvaises Herbes.

La boutique en ligne, tout comme le livre À fleurs de pots, est un succès immédiat. « C’est rare que tu achètes un livre et que tu puisses poser ta question directement aux autrices », note Mariane Gaudreau. « Les gens nous demandaient souvent où on pouvait trouver les ingrédients pour nos recettes », souligne-t-elle. L’existence de la boutique prenait alors tout son sens.

La mission première de l’entreprise est de démocratiser la fabrication de cosmétiques et de produits nettoyants, avec 10 ingrédients réutilisables.

Une mission réussie, si on se fie aux quelque 81 000 abonnés de la page Facebook de la boutique Les Mauvaises Herbes, et aux 27 000 abonnés de leur communauté Facebook Je suis une mauvaise herbe.

Pignon sur rue à Montréal et grands rêves

La boutique physique a été ouverte dans la rue Saint-Hubert en 2019, trois mois avant la pandémie. La réalité de la COVID-19 n’a pas été un fléau pour l’entreprise : « Les ventes en ligne ont explosé et les gens nous ont beaucoup découverts. On est reconnaissantes, parce qu’on sait que ç’a été dur pour beaucoup de commerces », affirme Mariane Gaudreau.

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La boutique Les Mauvaises Herbes dans la rue Saint-Hubert, a ouvert ses portes quelques mois avant la pandémie de COVID-19, mais le commerce en ligne a bien aidé la jeune entreprise.

En juin 2021, Les Mauvaises Herbes ont franchi une nouvelle étape en sécurisant un financement de 350 000 $ à l’émission Dans l’œil du dragon, en échange de 15 % de l’entreprise. Leur objectif est aussi d’avoir du mentorat par rapport à leur croissance.

Aujourd’hui, l’entreprise a un chiffre d’affaires de plus de 3 millions de dollars et 16 employés. Elle vient de lancer une nouvelle gamme de produits (crème, bougie et mélange à limonade) et a déménagé son atelier-laboratoire dans des locaux plus spacieux du district Beaumont, à Montréal.

L’aventure est loin d’être finie pour ces trois entrepreneures qui ne rêvent que d’évoluer, avec leur clientèle, vers un monde plus durable, sain et beau. Le prochain projet ? « Peut-être une ferme de fleurs, suggère Mariane Goudreau, que les gens pourraient visiter et qui fournirait notre boutique… »