L’innovation : les employés des différents Club Med des Amériques portent en une année l’équivalent d’une centaine de bouteilles de plastique recyclé.

Comment ? En travaillant avec les uniformes conçus par l’entreprise québécoise Hub1916, qui se spécialise dans la production de vêtements fabriqués en polyester recyclé pour les entreprises et les écoles.

Qui ?

Après avoir étudié et travaillé en finances aux États-Unis, Alexis Gemme-Piacente, actuellement directeur général et copropriétaire de Hub1916, est rentré au bercail il y a cinq ans avec l’idée de se lancer en affaires. « Mon père, mon oncle et mon grand-père ont eu une entreprise d’uniformes scolaires entre 1980 et 2014, raconte-t-il en entrevue. Mon background concernant les uniformes scolaires vient un peu de là. J’ai joué, en tant qu’enfant, dans les manufactures et dans les stocks. »

Donc, en revenant au Québec, l’entrepreneur maintenant âgé de 28 ans « voulait réinventer la façon dont les uniformes étaient produits ». « Après six mois de recherches, je voyais que plusieurs entreprises dans le milieu de la mode et des vêtements de sport utilisaient du polyester fait à base de plastique recyclé, note-t-il. Je me suis dit qu’il n’y avait absolument aucune raison qu’on lance une entreprise sans mettre en place ces processus-là parce que, premièrement, c’est possible et, deuxièmement, c’est là que l’industrie doit s’en aller. »

Le produit

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Alexis Gemme-Piacente, directeur général et copropriétaire de Hub1916

Alexis Gemme-Piacente a ainsi trouvé une entreprise en Caroline de Nord qui se spécialise dans le recyclage de bouteilles de plastique pêchées au fond des océans. C’est dans cette usine que les bouteilles de plastique sont transformées en petites pastilles qu’Hub1916 achète pour ensuite en faire du fil qui prendra la forme de tissu. Une telle expertise n’existe pas au Canada, selon lui.

Ainsi, avec ces pastilles, Alexis Gemme-Piacente, son père, Denis Piacente, et Richard Lussier ont développé leurs produits un tissu à la fois. « On a réussi à fabriquer des tissus qui étaient plus adaptés pour des t-shirts, pour des chemises, des pantalons. »

Maintenant, la gamme complète de vêtements est faite à base de plastique recyclé. Depuis sa création, Hub1916 a utilisé l’équivalent de 1,4 million de bouteilles de plastique recyclées de 500 ml. L’entreprise habille l’ensemble des employés des différents villages du Club Med dans les Amériques. Selon M. Gemme Piacente, chaque morceau de vêtement nécessite l’utilisation de 7 à 14 bouteilles. Les employés du Club Med, qui utilisent une dizaine de pièces de vêtement par année, « portent » annuellement une centaine de bouteilles recyclées, estime le copropriétaire de l’entreprise. Melia Hôtels, C2 montréal et AIM Recyclage comptent également parmi ses clients.

Si le design des uniformes se fait à Montréal, au siège social, c’est à Lima, au Pérou, que l’entreprise a implanté sa propre usine, que les pastilles de plastique sont transformées en tissu, puis en vêtements de travail. C’est le père du jeune entrepreneur qui dirige les opérations là-bas auprès d’une trentaine d’employés. Comme les uniformes sont produits en grandes quantités, les propriétaires de l’entreprise estiment qu’il est plus facile de trouver l’expertise et la main-d’œuvre dans la capitale péruvienne.

« On voulait contrôler chacune des étapes, explique-t-il. Au lieu de faire de l’import, [on a choisi] d’aller s’implanter quelque part. Les conditions de travail sont impeccables là-bas. On sait ce qui se passe. C’est nous qui faisons la gestion. »

L’avenir

« Jusqu’à l’année dernière, on n’avait pas de clients au Canada, affirme Alexis Gemme-Piacente. On veut s’implanter avec de grosses entreprises québécoises, que ce soit des épiceries, des pharmacies… »

Hub1916 travaille également à développer sa division d’uniformes scolaires. « On est en développement des affaires de ce côté-là. On est en discussion avec cinq grandes écoles secondaires au Québec qui sont intéressées. »

« Une entreprise qui décide de faire ce virage-là peut vraiment avoir un impact, soutient-il. [Si on ne recycle pas de bouteilles], on crée son équivalence en nouveau plastique. Parce que du polyester, c’est du plastique. »