L’innovation : Avec un laser infrarouge, alimenter en énergie et calibrer de l’extérieur une rétine artificielle implantée au fond de l’œil ? C’est ce que fait — avec délicatesse, confort et précision — l’appareil mis au point par INO et Alto Design, en soutien au révolutionnaire implant oculaire d’une entreprise israélienne.

Qui ?

Le centre d’expertise en optique-photonique INO, de Québec, a été mandaté par l’entreprise israélienne Nano Retina pour concevoir le système de distribution de lumière par laser que nécessitait son implant oculaire.

INO a à son tour fait appel à la firme de design industriel Alto Design pour la mise au point des caractéristiques fonctionnelles et ergonomiques de l’appareil.

En une phrase

Comme la morphologie et le mouvement des yeux sont différents d’un patient à l’autre, il faut s’assurer que le circuit au fond de l’œil est toujours alimenté et que le faisceau lumineux est toujours aligné sur ce circuit. C’est ce qui fait partie de la solution ingénieuse qu’INO a développée.

Alain Chandonnet, président-directeur général, INO

L’implant

Destiné aux personnes qui ont perdu la vue à la suite de maladies dégénératives, le capteur d’image mis au point par Nano Retina est muni de centaines de mini-électrodes qui transmettent les impulsions électriques aux couches rétiniennes encore actives.

Le minuscule implant, plus petit que la pointe d’une mine de crayon, a cependant besoin d’être alimenté en énergie, et « ce n’est pas nécessairement pratique d’avoir une pile dans le fond de l’œil », commente fort pertinemment Alain Chandonnet.

IMAGE TIRÉE DU SITE WEB DE NANO RETINA

L’implant rétinien de l’entreprise israélienne Nano Retina est plus petit que la mine d’un crayon.

La solution est ingénieuse : le capteur fait également office de minuscule panneau solaire, alimenté par un faisceau laser infrarouge — donc invisible.

Quand l’implant sera sur le marché, cette alimentation sera assurée par une paire de lunettes munie d’un minilaser.

Mais durant les tests d’homologation et les essais cliniques, c’est l’appareil mis au point par INO qui s’en charge. Il sert également à calibrer le capteur par signaux optiques et à vérifier son fonctionnement après l’opération.

L’appareil

L’appareil est constitué d’un émetteur laser et d’un dispositif optique ajustable, qui peut se conformer à la morphologie de chaque patient, à sa distance interpupillaire et à l’amplitude de ses mouvements oculaires.

Une part importante du défi consistait à prendre en compte le comportement de la lumière au travers de l’œil.

« Il faut compenser les aberrations optiques – chromatiques, sphériques, asymétriques et autres – pour s’assurer que le plan image est parfait et couvre vraiment toute la région où le petit circuit peut se déplacer par les mouvements de l’œil du patient », décrit Alain Chandonnet.

Le design

Pour le déplacer d’une salle à l’autre, Alto Design a conçu un appareil mobile, qui porte le système laser/optique à l’extrémité d’un bras articulé.

Un harnais ajustable le maintient confortablement contre le visage du patient, qui doit conserver sa position pour des périodes de 30 à 60 minutes.

Le premier point saillant est le bras mécanique qui vient annuler le poids de la source et qui permet même à l’usager tous les mouvements de tête, d’épaules et de tronc usuels. C’est comme si on portait une casquette au lieu d’un seau plein de briques sur la tête.

L’autre aspect est le harnais que porte le patient, détachable, qui lui permet de prendre des pauses puis de revenir se reconnecter au produit sans refaire tous les ajustements.

Marc-André Coutu, ingénieur, associé, développement des affaires, chez Alto Design

L’avenir

Quelques unités ont été fabriquées par INO pour les études cliniques de l’implant, qui est en phase d’homologation.

Quand l’implant sera mis sur le marché, « vraisemblablement, l’appareil sera présent dans tous les cabinets et hôpitaux où cette opération va se faire », indique Alain Chandonnet.

Cette opération, malgré les apparences, ne serait pas plus complexe qu’une opération de remplacement du cristallin. « Il y a donc une réelle chance que la technique se démocratise. »