Recourir à l’impression 3D pour la fabrication d’orthèses plantaires, ce qui a rendu l’ensemble du processus de fabrication de Cryos Technologies totalement numérique.

Qui ?

En 1994, un podiatre de Joliette, Ronald Perrault, fonde Cryos et invente un nouveau modèle d’orthèse plantaire plus dynamique, capable de s’adapter aux mouvements du pied. Après sa mort, en 2003, deux de ses protégés, Frédéric Gremillet et Philippe Legaré, podiatres, s’associent à John Stimpson pour reprendre les rênes de l’entreprise. Ce dernier en est aujourd’hui le président.

Dès 2011, Cryos se lance dans l’automatisation de ses procédés de fabrication et embauche l’année suivante son premier ingénieur à temps plein pour la recherche et développement. En 2017, on lance un nouveau scanneur pour pied, CryoScan 3D, qui permet de numériser le processus à partir de la clinique du podiatre.

Cryos Technologies compte aujourd’hui une trentaine d’employés, dont trois ingénieurs à temps plein, installés dans une ancienne usine de 17 000 pieds carrés au cœur de Joliette. En 25 ans, Cryos estime avoir produit quelque 200 000 orthèses plantaires, vendues à 99 % au Québec.

Le produit

La fabrication d’orthèses plantaires, ces semelles de plastique moulées correctrices placées entre le pied et la chaussure, « n’a pas vraiment évolué en 120 ans », estime John Stimpson. Essentiellement, à partir de l’empreinte du pied du patient dans une mousse compressible, on moule une feuille de plastique qui sera redécoupée. Les matériaux et les méthodes de fabrication varient d’une entreprise à l’autre. « Trente pour cent de notre production est encore effectuée avec la méthode traditionnelle », précise André Lemire, directeur général chez Cryos.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

Cryos Technologies a recours à l’impression 3D pour la fabrication d’orthèses plantaires.

Le premier changement important est survenu il y a deux ans avec un scanneur en 3D, vendu environ 10 000 $ et installé chez les podiatres. Une quarantaine de cliniques et une soixantaine de praticiens se servent de cet appareil. Au lieu d’être utilisées pour créer un moule, les informations numériques sont depuis huit mois envoyées directement à une énorme imprimante 3D. À partir de poudre de nylon, en combinant la numérisation et l’ordonnance du podiatre, la machine va « cuire » une orthèse qui sera ensuite polie et teinte.

Grossir sur demande

Les avantages de cette méthode sont nombreux, à commencer par l’aspect environnemental, puisqu’on ne produit presque plus de rebuts. Les orthèses sont reproductibles, à la fraction de millimètre près, et sont de meilleure qualité. « Ce que nos clients nous disent, c’est qu’ils voient la différence : les orthèses sont plus précises, elles épousent mieux le pied », dit M. Stimpson.

Surtout, cette méthode numérique de bout en bout permet d’augmenter rapidement la cadence pour répondre à une grosse commande. L’objectif de Cryos est de tâter le marché américain et, ensuite, l’Europe.

Le monde entier a mal aux pieds. Ce qu’on nous dit pour les États-Unis, c’est que si on ne peut augmenter de trois à cinq fois notre production, il faut oublier ça.

John Stimpson, président de Cryos Technologies

Le directeur général André Lemire renchérit : « En quatre mois, on peut maintenant doubler la production. »

L’avenir

Depuis janvier dernier, alors qu’on a implanté l’impression 3D, Cryos a résolu un de ses principaux défis, soit d’arriver à augmenter sa production. « Depuis 15 ans, nous avons vendu 100 % de ce que nous sommes capables de produire, on a déjà refusé des clients », dit M. Stimpson.

Il reste maintenant à convaincre des podiatres des avantages de cette technologie « qui bouleverse le statu quo », note-t-il. « C’est difficile de convaincre des professionnels de la santé de faire des changements majeurs. Au Québec, on y est arrivé. Je n’ai aucun doute que ça va être possible ailleurs. »

Trouver des fonds pour une PME d’une trentaine d’employés si ambitieuse est évidemment toujours un défi. « On est toujours en mode financement », précise le président. L’entreprise compte sur l’appui du fonds Capital Croissance PME, capitalisé à parts égales par Desjardins et la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui détient 20 % de l’entreprise.