Spécialisée dans les composants de clôtures et de sommiers, l'entreprise Industries PF fait face à une tempête parfaite. Plusieurs de ses produits exportés aux États-Unis sont frappés d'une taxe de 20,83 %, alors que le prix de la matière première est à la hausse et la main-d'oeuvre, extrêmement rare. Malgré tout, la PME parvient à tirer son épingle du jeu.

L'entreprise familiale beauceronne reprise en 2013 par des membres de la haute direction exporte environ 80 % de ses produits aux États-Unis. La taxe imposée sur le bois d'oeuvre constitue tout un défi.

Industries PF assemble des clôtures. Photo Industries PF

La clôture à l'épreuve des barrières tarifaires

« Le prix de la matière première a grimpé de façon draconienne et lorsqu'on ajoute la taxe, certains clients ont connu une hausse de prix de 100 %, explique Guy Roy, président d'Industries PF, dans la petite ville de Saint-Martin, sur la rive de la rivière Chaudière. Certains clients me disent que s'il n'y a pas de changements rapidement, ils vont laisser tomber le bois pour aller vers du composite. »

Pour contourner ces frais, Industries PF a notamment choisi de faire davantage de panneaux de clôture assemblés, par exemple.

« Nous essayons d'ajouter une transformation sur nos produits pour éviter la taxe », note M. Roy.

Avec les sommiers, l'exportateur dort plus tranquille

Cela a poussé l'entreprise à se diversifier davantage. Elle développe notamment un produit très intéressant actuellement.

« Aujourd'hui, on peut facilement acheter des matelas en boîte sur internet, souligne M. Roy. Nous travaillons donc conjointement avec un distributeur américain pour offrir un sommier dans une boîte. On peut le monter en cinq minutes. Lorsqu'on l'expédie aux États-Unis, il n'y a pas de taxe. »

Industries PF a aussi déployé beaucoup d'efforts pour aller vers de nouveaux marchés. « Nous avons commencé à envoyer des composants au Mexique, au Costa Rica, au Panamá, en Colombie, à Porto Rico et en France », énumère M. Roy. Aujourd'hui, environ 5 % de la production part à l'étranger (ailleurs qu'aux États-Unis).

De plus, comme les fournisseurs de l'entreprise sont aussi ses compétiteurs, elle doit se concentrer dans certaines niches plus spécialisées.

L'usine d'Industries P.F., sur la rive ouest de la rivière Chaudière, à St-Martin, dans la Beauce.

Neuf Colombiens (et l'automatisation) en renfort

Autre obstacle important pour l'entreprise : la pénurie de main-d'oeuvre. Elle limite les activités de l'entreprise et a un effet à la hausse sur les salaires. Industries PF vient d'ailleurs d'accueillir à Saint-Martin, dans la Beauce, neuf Colombiens, le maximum autorisé. Ces embauches portent son équipe à 109 employés.

« Dans la région, il y a des entreprises dans le domaine du métal qui annoncent des postes à la radio avec des salaires de départ de plus de 20 $ l'heure pour des journaliers, constate M. Roy. Je ne peux pas en faire autant. » L'entreprise, dont le chiffre d'affaires s'élève à plus de 20 millions, estime avoir perdu au moins 1 million en ventes depuis le début de l'année, faute de main-d'oeuvre.

Industries PF a notamment agrandi et automatisé davantage ses installations. Des investissements totalisant 5,5 millions ont été réalisés dans les cinq dernières années.