L'INNOVATION: Un inventeur de Chicoutimi. Un designer industriel français installé au Saguenay. Leur improbable rencontre a produit un support à vélo unique au monde. Il s'agit d'une borne de stationnement de courte durée, qui permet au cycliste de faire ses emplettes sans inquiétude, en y rangeant ses effets personnels.

QUI

Le coloré et volubile électricien de formation Louis Fournier est un fervent cycliste, qui s'est demandé pourquoi il ne pourrait pas attacher son véhicule de prédilection sur un support urbain en toute sécurité, tout en protégeant quelques effets personnels.

Il a répondu lui-même à la question en fabriquant un prototype.

Samuel Foucher est un designer industriel originaire de Paris qui s'est installé au Saguenay en 2011 pour y suivre sa conjointe, originaire de l'endroit. Il y a installé sa firme Neuron3D Design industriel, tout en conservant de nombreux clients d'outre-Atlantique.

« En voyant le produit, il était évident qu'il n'y avait pas eu d'intervention de designer industriel », relate Samuel Foucher. Il a offert ses services.

« Mon intervention a été de dire : ce ne sera plus un garage à vélo, mais une nouvelle sorte de mobilier urbain », explique-t-il.

« C'est de la haute voltige de design », ajoute Louis Fournier.

LE PRODUIT

Le support VéloVoûte, qui peut accueillir quatre vélos en vis-à-vis, est surmonté d'un alignement de quatre casiers.

Les roues avant ou arrière des vélos sont maintenues entre deux larges lèvres de caoutchouc - « deux babines ».

L'innovation repose notamment sur ce dispositif, qui maintient aussi bien un vélo de course qu'un vélo à pneus surdimensionnés (fatbike) sans risque d'abîmer leurs surfaces.

Les vélos sont sécurisés par une longue chaîne en acier cémentée, dont une extrémité est fixée en permanence au support. L'autre extrémité est accrochée à un mousqueton à l'intérieur du casier.

Le cycliste détache la chaîne du mousqueton et la « tricote » (dixit Louis Fournier) au travers des roues et du cadre de son vélo. À la fin du tricot, il raccroche le bout libre au mousqueton.

Il utilise son propre cadenas de vélo pour verrouiller la porte du casier, ce qui sécurise à la fois l'extrémité de la chaîne et ses effets personnels.

LA FABRICATION

L'un des objectifs de son mandat était de « réduire les coûts de fabrication en diminuant l'utilisation de matériaux et en simplifiant la fabrication », indique Samuel Foucher.

Le support est fabriqué en plaques d'aluminium assemblées par soudage. Pourquoi un matériau léger pour un produit immobile ? L'inventeur voulait utiliser « les particularités locales », explique le designer.

La plaque de base est fabriquée à partir de rives de lingot d'aluminium - cette croûte qui se forme en surface, habituellement inutilisable.

Ce matériau augmente la masse de la base, et sa texture granuleuse procure une surface antidérapante. « Je donne de la plus-value à ce qui était un rebut », indique Louis Fournier.

Le designer a conçu le produit pour qu'il puisse être assemblé de façon autonome, sans structure de soutien ni gabarit de montage.

« Il est passé de 480 à 285 lb, avec la même rigidité et une esthétique de loin améliorée », se réjouit l'entrepreneur.

Il avait réuni 850 000 $ pour lancer une entreprise autour de ce projet en 2012, dont un demi-million de dollars pour l'achat d'une machine d'usinage numérique. Sa firme Comp-XTR, qui compte trois employés, se spécialise également dans l'usinage de plaques d'aluminium de grande surface.

Une douzaine d'autres PME interviennent à divers degrés dans la fabrication.

L'AVENIR

Le support VéloVoûte est en instance de brevet.

L'atelier de Comp-XTR est en mesure d'assembler 200 supports par mois, assure Louis Fournier. Quelques unités ont déjà été produites. Une version qui intègre un module de recharge pour vélos électriques achève son développement, avec le soutien d'une entreprise européenne.

L'inventeur-entrepreneur a mandaté un stratège en innovation de rupture, établi en Ohio mais originaire du Québec, pour percer le marché américain.

Photo fournie par Neuron3D

Les roues avant ou arrière des vélos sont maintenues entre deux larges lèvres de caoutchouc - « deux babines ».

Photo fournie par Neuron3D

Les vélos sont sécurisés par une longue chaîne en acier cémentée, dont une extrémité est fixée en permanence au support. L'autre extrémité est accrochée à un mousqueton à l'intérieur du casier.