Les créateurs de films immersifs et les « compositeurs de mouvements » font oeuvre commune.

L'innovation

La Société des arts technologiques (SAT) et le fabricant-concepteur de générateurs de mouvement D-Box travaillent à ce qui pourrait bien être l'expérience cinématographique de l'avenir : un dôme où les sensations vibratoires se combinent au son et à l'image.

Qui

D-Box est connue pour les sièges de cinéma vibrants auxquels son nom est associé, mais l'entreprise de Boucherville ne fabrique aucun fauteuil. « On ne fait que créer des générateurs de mouvement », insiste Michel Paquette, vice-président aux affaires corporatives.

Ils font un peu plus, tout de même. C'est D-Box qui conçoit les trames vibratoires qui se greffent aux films commerciaux. Les encodeurs de l'entreprise se sont donné le titre informel de « compositeur de mouvements ». 

De son côté, la SAT a réalisé plus de 120 films immersifs, projetés dans sa Satosphère, une salle hémisphérique de 18 m de diamètre qui peut accueillir jusqu'à 350 spectateurs. Ce dôme est tapissé de 157 haut-parleurs, qui synthétisent une ambiance sonore tridimensionnelle.

« L'objectif, c'est d'amener cet élément [les sensations épidermiques] dans l'ADN des dômes », décrit Luc Courchesne, commissaire du Symposium IX sur l'expérience immersive, organisé par la SAT, qui se tiendra à Montréal du 29 mai au 2 juin.

Citations

« Les gens de la SAT sont en train de nous amener ailleurs, en termes de contenu. Il y a un maillage qui est en train de se produire. »  - Michel Paquette, D-Box

« On développe un nouveau produit ensemble pour amener leur savoir-faire dans le nôtre, c'est-à-dire l'immersion collective, en ajoutant la dimension haptique. »  - Luc Courchesne, SAT

La démonstration

Pour démontrer le potentiel du concept, les compositeurs de mouvements de D-Box ont ajouté une trame vibratoire de quatre minutes au film immersif Tim, réalisé par Nicolas Noël Jodoin, Joël-Aimé Beauchamp et Marussia Lamy.

Le 14 mai dernier, pour la première fois, Luc Courchesne a pu tester le résultat, dans la petite salle de projection de D-Box.

Sur l'écran plat est projetée une image circulaire, qui normalement s'étale à l'intérieur d'un dôme.

Un kaléidoscope de formes colorées - immeubles, trains, structures diverses - se déploie et se transforme au rythme d'une trame sonore à saveur techno.

Le son et les images sont accompagnés par la gamme de vibrations transmises au corps par les fauteuils.

Le projet

En collaboration avec D-Box, l'équipe de concepteurs de la SAT achève le développement de « carreaux haptiques ». Juxtaposés, ils formeront sous son dôme un plancher vibrant et mouvant.

Des transducteurs traduiront les signaux électroniques en vibrations, sonores ou non. De légers mouvements pourront être transmis par des actuateurs. « On va pouvoir créer des vagues », décrit Luc Courchesne.

Les spectateurs seront debout ou assis dans des fauteuils poires (bean bags), dont les billes de remplissage transmettent très bien les vibrations, sans autre mécanisme complexe. Plutôt qu'une expérience individuelle, comme avec un casque de réalité virtuelle, ils vivront une immersion collective.

L'avenir

Un premier prototype du carreau haptique sera dévoilé au Symposium IX.

Il sera ensuite présenté à Barcelone au festival Sonar, un important rendez-vous international de musique électronique et d'art numérique.

Autour de la planète, quelque 3000 planétariums se cherchent une nouvelle vocation ou de nouveaux attraits, fait valoir Luc Courchesne.

« Quand on aura un produit, D-Box et la SAT seront partenaires dans le développement commercial de la chose », indique-t-il.

« On est en train de créer un standard, et il y a là un vrai marché. »

Photo Marco Campanozzi, La Presse

Louis-Philippe St-Arnaud, directeur du département Immersion, chargé de projet pour le plancher haptique, et Luc Courchesne, commissaire du Symposium IX sur l'expérience immersive, organisée par la Société des arts technologiques