Stéphane Sorensen gagne sa vie entre ciel et terre. Technicien de cinéma à ses débuts, il est, depuis 1994, cordiste ou spécialiste de travaux hors du commun.

« Travaux en hauteur », c'est ainsi que se définit Skytech, l'entreprise qu'il a fondée avec son associé Benoit Côté. « Ça peut vouloir dire beaucoup de choses », explique-t-il lors d'un entretien avec La Presse.

En descente en rappel le long des 18 étages du palais de justice de Montréal, les hommes-araignées de Skytech ont récemment examiné de près l'état des dalles de béton de l'édifice.

Inspecter des barrages d'Hydro-Québec, déglacer des toits, participer à des opérations de sauvetage, à des cascades ou à des événements spéciaux, les missions sont variées et peuvent être assez techniques.

Le travail est aussi physiquement exigeant.

L'été dernier, l'équipe a changé des pièces en haut des 300 tours d'un parc éolien en Gaspésie. « Il fallait monter et descendre 350 pi par l'escalier à l'intérieur de chaque tour, deux ou trois fois par jour, se rappelle-t-il. Ça prenait huit ou neuf minutes chaque fois. »

UNE EXPERTISE RECHERCHÉE

Depuis le drame survenu à Montréal en 2009, quand une femme qui mangeait au restaurant avec son conjoint a été tuée par une dalle de béton tombée du 18e étage d'un immeuble de la rue Peel, les inspections préventives sont devenues plus fréquentes. C'est d'ailleurs ce qui a mené à la création de Skytech. « On a vu qu'il y avait un besoin », dit son fondateur.

À Montréal, il y a beaucoup de bâtiments vieillissants et en mauvais état, le travail ne manque pas pour ces spécialistes des hauteurs.

« Nous, on peut inspecter tout ce qui est difficile d'accès. Souvent, la seule autre façon de faire est de barrer les rues et faire venir une grue, ou encore monter des échafaudages, des solutions plus longues et, surtout, plus coûteuses. »

DES QUALIFICATIONS RARES

Travailler chez Skytech exige des qualifications particulières. D'abord une certification pour travailler en hauteur, comme celle décernée par SPRAT (Society of Professional Rope Access Technicians), qui compte trois niveaux. « Des niveaux 3, il n'y en a pas beaucoup, dit Stephane Sorensen. C'est assez dur de trouver de la main-d'oeuvre. »

L'entreprise cherche aussi de l'expertise additionnelle de maçons, briqueteurs, monteurs de tours. Tous doivent bien sûr ne pas souffrir de vertige. Quoique, même après toutes ces années de travaux en hauteur, le vertige se fait encore sentir, selon le patron de Skytech. « Ça arrive même souvent. Quand on enjambe le bord du toit, juste au moment de tester les cordes... »

LE DANGER OMNIPRÉSENT

Le risque est toujours présent quand on travaille en hauteur. « À Gatineau, il a fallu couper des morceaux de béton à 330 pi de hauteur, raconte Stéphane Sorensen. Tu n'as pas droit à l'erreur, c'est pourquoi on ne prend jamais de chance. »

Skytech travaille toujours en équipe de trois personnes, qui communiquent entre elles par un système radio. Il y a toujours un double système de cordes et les secours les plus proches sont localisés avant de commencer une tâche.

Les hommes-araignées travaillent le plus souvent dehors, mais il arrive qu'ils aient à intervenir dans des lieux clos, ce qui exige des précautions particulières.

Photo Ivanoh Demers, La Presse

Inspecter des barrages d'Hydro-Québec, déglacer des toits, participer à des opérations de sauvetage, à des cascades ou à des événements spéciaux, les missions sont variées et peuvent être assez techniques.

Photo André Pichette, La Presse

Stéphane Sorensen et son associé, Benoit Côté, devant le mât du Stade olympique, un endroit mythique pour les cordistes.