L'INNOVATION: Il a été baptisé Triton et c'est un contrôleur de chauffe-eau qui fait plus que contrôler la température de l'eau.

Il permet au réservoir d'eau chaude de devenir une batterie utilisable en période de forte demande d'électricité sur le réseau électrique, tout en maintenant l'eau à une température sécuritaire pour l'utilisateur.

QUI ?

CaSA Connect est une petite entreprise fondée en 2014 par trois gars sans formation spécialisée ni expérience dite pertinente. Martin Fassier, Patrick Pépin et Louis-Pierre Morin sont des anciens du Cirque du Soleil et de la Fondation One Drop de Guy Laliberté. « On vient de l'événementiel, raconte Martin Fassier, président et chef de la direction. Mais on est des gens qui veulent comprendre comment les choses marchent et qui ont le désir de les faire marcher mieux. »

L'idée de CaSA Connect vient d'ailleurs d'un souhait d'amélioration. De retour d'un long voyage, Martin Fassier a demandé à son ami d'aller monter le chauffage chez lui. « On s'est dit qu'il n'y avait pas de raison de se déplacer pour ça. »

Ça s'est traduit par une première application de thermostat WiFi pour plinthes chauffantes, qui permet le contrôle à distance de la température de la maison. Caleo, le thermostat en question, génère des revenus qui permettent à CaSA de poursuivre ses autres projets, dont Triton.

COMMENT ÇA MARCHE ?

Le contrôleur de chauffe-eau est un travail d'équipe. CaSA a travaillé avec CanMet, le laboratoire scientifique de Ressources naturelles Canada, et Philippe Mabilleau, professeur à l'Université de Sherbrooke, aujourd'hui employé de l'entreprise.

Giant, manufacturier québécois de chauffe-eau, a apporté une contribution indispensable à la réussite du projet, affirme Martin Fassier.

La technologie mesure la température de l'eau en temps réel, ce qui pourra permettre, par exemple, à Hydro-Québec de se servir des chauffe-eau de ses clients lors des périodes de pointe hivernale et d'éviter d'acheter de l'énergie à grands frais sur les marchés voisins.

La société d'État québécoise avait proposé l'an dernier de faire l'essai de cette méthode de gestion de la pointe, mais elle a dû faire marche arrière quand le Directeur de santé publique s'est inquiété des risques de légionellose qui pourraient résulter d'une baisse prolongée de la température de l'eau dans les réservoirs.

Hydro-Sherbrooke, qui utilisait depuis des années cette méthode de gestion de la demande de pointe, a cessé de le faire pour la même raison.

Le problème, c'est qu'il était impossible de savoir ce qui se passe dans le chauffe-eau une fois que le courant est coupé, explique Martin Fassier, qui ne partage pas les inquiétudes du Directeur de santé publique. De nombreuses entreprises d'électricité dans le monde le font sans avoir constaté aucun cas de légionellose, selon lui.

La technologie de Triton permet de toute façon de faire disparaître ces inquiétudes, puisque la température sécuritaire pourra être maintenue en tout temps dans les chauffe-eau. L'appareil s'installe sur les chauffe-eau existants, mais éventuellement, il pourra être intégré par les manufacturiers à l'intérieur du réservoir.

CaSA a entrepris un projet-pilote pour tester sa technologie dans 500 maisons de Sherbrooke pendant un an.

L'AVENIR

La technologie de CaSA pourrait bien se tailler une place au Québec, mais l'entreprise vise surtout les marchés où le prix de l'électricité est plus élevé, comme les États-Unis. Sa spécialité n'est pas les thermostats ni les contrôleurs, mais l'approche logicielle des infrastructures de contrôle, explique son président.

CaSA envisage d'autres applications possibles de sa technologie, et s'intéresse notamment au marché des véhicules électriques. Il faudra frapper à quelques portes pour obtenir du financement, dit Martin Fassier.

CaSA CONNECT

Mission : révolutionner la gestion de l'énergie électrique

Fondée en 2014

Saint-Mathieu-de-Beloeil

20 employés

www.casaconnect.com

PHOTO TIRÉE DU SITE WEB

La technologie mesure la température de l'eau en temps réel.