L'INNOVATION: Produire chaque semaine un documentaire audio, accessible pour téléchargement en podcast, sur les « histoires étranges de l'ère numérique ». On y découvre ou redécouvre des phénomènes comme les souvenirs collectifs complètement faux, des crimes impliquant les réseaux sociaux ou des visites guidées du dark web.

QUI ?

Émile Gauthier et Sébastien Lévesque sont deux spécialistes du marketing numérique. Ils ont goûté une première fois aux joies du podcast en 2010 et se sont remis en selle il y a deux ans. Leur ligne directrice : parler du numérique d'une façon originale, au milieu des 388 podcasts québécois répertoriés par le site BaladoQuébec. « On voulait se démarquer, ne pas faire de la radio ou de la baladodiffusion traditionnelle », explique Sébastien Lévesque, stratège numérique au sein de la firme montréalaise StrategiaWeb.

SE DÉMARQUER

« Au Québec, c'est beaucoup humour, actualités, opinions. Nous, on a toujours aimé les documentaires et les histoires étranges : Distorsion, c'est un mélange », affirme Sébastien Lévesque.

LE PRODUIT

Depuis la création de Distorsion en mars 2017, et au rythme d'une émission d'une heure par semaine, on propose une vingtaine de podcasts téléchargeables sur iTunes ou sur le site distorsionpodcast.com. « Notre format est très populaire dans le monde quand il s'agit de raconter des enquêtes, mais ça n'existait pas au Québec, dit Émile Gauthier, responsable de contenu marketing chez Ubisoft. On se rend compte que notre stratégie a bien fonctionné : énormément de gens retournent vers les premiers épisodes. » La première saison, entre mars et août dernier, a été téléchargée « quelques dizaines de milliers de fois », indique Sébastien. « Avec la saison 2, on voit qu'il y a un engouement. On a aussi développé notre communauté, on a un groupe de discussion sur Facebook où les gens peuvent mener l'enquête avec vous, discuter. » Et 20 % de l'auditoire est français, note avec un sourire Émile. « Notre accent ne les dérange pas. C'est quand même une fleur pour nous. »

L'AVENIR

Le grand défi, c'est évidemment de trouver des façons de rentabiliser cette aventure. Les auditeurs peuvent déjà « payer une tournée de bière » aux animateurs, leur envoyer 5 ou 10 $ par PayPal en fait, à partir du site de Distorsion. Comme pour la plupart des entreprises internet, la stratégie est d'abord d'attirer suffisamment d'utilisateurs. « Une fois la masse critique atteinte, on a quelques plans dans notre manche, indique Émile Gauthier. On aimerait développer une base de clientèle sur abonnement, pour laquelle on produirait du contenu exclusif, et un espace pour des commanditaires. C'est un modèle mixte qui est très populaire chez les podcasts américains. »

IMAGE FOURNIE PAR DISTORSION

Distorsion traite notamment des phénomènes comme les souvenirs collectifs complètement faux, des crimes impliquant les réseaux sociaux ou des visites guidées du dark web.