Québec en a assez de voir les PME les plus prometteuses du secteur des sciences de la vie vendre leurs technologies à l'étranger, faute de pouvoir financer elles-mêmes leur développement. Le gouvernement provincial annoncera ce matin les détails d'un nouveau programme de 100 millions destiné à les soutenir.

Cette aide avait déjà été annoncée dans le budget provincial, en mars dernier. La ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation, Dominique Anglade, en dévoilera les modalités au Forum stratégique sur les sciences de la vie, organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

Selon les informations recueillies par La Presse, le fonds, baptisé BioMed Propulsion, sera entièrement dédié aux petites et moyennes entreprises, qui représentent le coeur de l'industrie. Pas moins de 94 % des entreprises du secteur comptent en effet moins de 100 employés au Québec.

En vertu du programme, des prêts allant de 500 000 $ à 10 millions de dollars pourront être accordés à des PME qui sont en train de tester des médicaments sur des humains ou qui ont développé des technologies médicales déjà homologuées par des agences réglementaires. Ces entreprises, qui ont des produits prometteurs mais manquent de fonds pour les amener sur le marché, sont particulièrement vulnérables. Elles se retrouvent souvent sur le radar d'entreprises étrangères qui les avalent ou achètent leurs technologies pour une bouchée de pain, favorisant la création d'emplois à l'extérieur du Québec.

« Il faudra voir les modalités exactes du programme, mais ça semble correspondre aux besoins de l'industrie. Ce qui avait été annoncé dans le budget découlait d'une demande faite par un groupe de travail formé il y a deux ans. » - Frank Béraud, président-directeur général de Montréal InVivo, qui représente la grappe des sciences de la vie de la métropole

L'espoir est que chaque dollar du gouvernement permette d'attirer trois autres dollars du privé, ce qui permettrait de déployer 400 millions dans les PME du secteur.

« Nous avons la capacité d'aller chercher de tels montants dans les fonds qui sont présents au Québec », estime Frank Béraud, qui juge que le programme pourrait aider à faire grandir certaines entreprises.

« On gagnerait, au Québec, à avoir quelques gros joueurs supplémentaires dans notre écosystème », remarque M. Béraud. Selon des chiffres qui seront dévoilés aujourd'hui par Montréal InVivo, 70 entreprises du secteur comptent plus de 100 employés au Québec, et à peine six en comptent 500 ou plus.

Le programme BioMed Propulsion est inspiré de l'initiative « Prêt Biolevier » qui avait été déployée en 2002 et 2003. En vertu de ce programme, des prêts totalisant près de 100 millions avaient été octroyés à neuf entreprises. Cinq d'entre elles avaient complètement remboursé les sommes, et le gouvernement avait recouvré 70 % de l'enveloppe. L'entreprise Medicago, qui a annoncé récemment la construction d'une usine de production de vaccins de 245 millions à Québec, était notamment du lot.

Un site web pour promouvoir les sciences de la vie

Quel est le lien entre les soeurs Kardashian, Madonna et la ville de Laval ? C'est le genre de choses que vous apprendrez en consultant le tout nouveau site web lancé par BioQuébec afin de promouvoir les sciences de la vie auprès du grand public (la réponse, pour les impatients, est que ces vedettes se dorlotent la flore intestinale avec les probiotiques Bio-K+, produits à Laval). Le site sera lancé aujourd'hui au Forum stratégique sur les sciences de la vie et fait partie d'une campagne intitulée « L'innovation au Québec, c'est dans notre ADN ». BioQuébec soutient que le Québec est un leader mondial dans les sciences de la vie, mais qu'il s'agit d'un secret trop bien gardé dans la province. « La plupart des Québécois ne savent pas que c'est au Québec qu'on a conçu le 3TC, le médicament le plus utilisé pour traiter le VIH-sida à ce jour », illustre Anie Perrault, directrice générale de BioQuébec.

Photo Alain Roberge, La Presse

Frank Béraud, PDG de Montréal InVivo