Nolinor Aviation devra peut-être songer à changer de nom. Habituée de la forêt boréale et de la toundra, la compagnie aérienne de Mirabel vient d'acquérir un avion Boeing 737-300 qui lui permettra d'aller aussi loin que Las Vegas ou même le Mexique.

« Avec cet appareil, nous ouvrons un nouveau marché », explique Marco Prud'homme, vice-président de Nolinor.

Fondée en 1992, l'entreprise exploite des Boeing 737-200 depuis 2007, mais ceux-ci assurent principalement des vols à destination du Nord québécois, notamment pour le compte de sociétés minières comme Agnico Eagle. Nolinor a aussi réalisé des contrats de transport de fret aux États-Unis et au Gabon.

Le nouveau Boeing 737-300 a une distance franchissable de près de 5000 km, alors que celle-ci est de moins de 4000 km pour le 737-200. L'avion, un appareil construit en 1991 provenant du Royaume-Uni, coûtera plus de 6 millions à Nolinor, qui a obtenu un financement de la Banque Nationale.

En configuration « classe économique », l'avion pourra transporter jusqu'à 130 passagers, que ce soit des croisiéristes canadiens en route pour un port de la Floride ou les musiciens d'un orchestre en tournée nord-américaine. En configuration jet d'affaires, l'appareil pourra asseoir jusqu'à 44 personnes, qu'il s'agisse de salariés et de dirigeants d'une entreprise ou des membres d'une équipe sportive. En configuration fret, l'avion pourra transporter près de 14 000 kg (30 000 lb) de marchandises. Les changements de configuration se feront en deux heures environ grâce à des planchers amovibles.

« C'est le genre d'acquisition qui motive les troupes. » - Marco Prud'homme, vice-président de Nolinor

LES CONVAIR VOLENT TOUJOURS

Avant 2007, la flotte de Nolinor était principalement composée d'avions turbopropulsés Convair datant du milieu des années 50. Le transporteur québécois est aujourd'hui l'un des derniers exploitants au monde de ces appareils américains très robustes, parfaitement adaptés aux pistes de gravier et de neige. « Chaque année, on se pose la question à savoir si on devrait les remiser, mais il y a toujours de la demande pour ces avions », note M. Prud'homme, qui est actionnaire de Nolinor avec son père Jacques et d'autres membres de sa famille.

Très active dans les vols de chasse et pêche à ses débuts, Nolinor a dû se diversifier devant le fort recul de ce marché. L'entreprise est passée de plus d'une centaine de vols par année dans ce créneau à tout juste une trentaine. « Il n'y a pas vraiment eu de renouvellement de la clientèle. Si on était restés là-dedans, on n'existerait plus », lance Marco Prud'homme.

Selon lui, le fait que Nolinor se concentre sur le nolisement d'avions lui a permis d'éviter le sort subi par Pascan Aviation, l'entreprise de Longueuil spécialisée dans les vols réguliers qui est en restructuration judiciaire depuis l'été dernier. Quand la demande baisse, Nolinor peut réduire ses dépenses en clouant des avions au sol, ce qui n'est pas possible pour les transporteurs à horaires fixes. Malgré tout, « les marges bénéficiaires ne sont pas très élevées », soutient M. Prud'homme.

Un Boeing 737 de Nolinor Aviation se prépare à décharger une cargaison dans un site d'exploration minière éloignée après l'atterrissage sur une piste de glace au Nunavut, Canada. (Groupe CNW/Uppik Aviation)