En travaillant pendant des années avec son père plombier, Jean-François Lamy a été frappé de constater à quel point l'eau potable est gaspillée dans les maisons.

En même temps qu'il étudiait en administration à l'UQAM, il a donc conçu une technologie pour recycler l'eau usée des bains, des douches et des lavabos afin qu'elle puisse être réutilisée dans les toilettes et pour l'arrosage des plantes. Le Centre des technologies de l'eau du cégep de Saint-Laurent l'a aidé à mettre au point un système efficace pour éliminer les odeurs et les bactéries, mais aussi facile à utiliser. Un ingénieur a ensuite aidé à automatiser l'invention. Le résultat : une machine autonettoyante, sans filtres à changer.

« Des équipements de traitement existaient déjà, en Europe notamment, mais ils nécessitaient beaucoup d'entretien et ne produisaient pas une eau de bonne qualité. » - Jean-François Lamy, président d'Aquartis

Le jeune entrepreneur a fondé Aquartis World en 2010, après deux ans de recherche et développement. Il faudra près de trois années de travail de plus avant d'en arriver à la commercialisation des premiers appareils Écovision, au début de 2013. L'entreprise de Beloeil espère obtenir bientôt des brevets pour protéger ses innovations.

Aquartis a ensuite créé des systèmes pour édifices commerciaux et multirésidentiels, puis des versions plus abordables de ceux-ci. Son plus récent produit est un appareil de petite taille, Intello, qui permet de recycler l'eau grise des lavabos de salles de bains commerciales pour alimenter les toilettes et les urinoirs de la même pièce - les autres systèmes d'Aquartis sont centraux et alimentent un bâtiment au complet. La version résidentielle d'Intello sera bientôt lancée au coût unitaire d'environ 800 $, contre 3500 $ ou plus pour les systèmes centraux.

DÉMOCRATISER LE RECYCLAGE DE L'EAU

Les produits d'Aquartis, tous fabriqués à l'usine de l'entreprise située à Beloeil, permettent de réduire la consommation d'eau potable d'environ 30 %. Dans la clientèle cible, on compte les propriétaires de résidences dotées de puits artésiens et de fosses septiques de même que les consommateurs sensibles à l'environnement. Dans le secteur commercial et institutionnel, Aquartis courtise particulièrement les promoteurs d'édifices recherchant une certification écologique LEED.

« Notre objectif, c'est de permettre à tout le monde de recycler ses eaux grises, que ça devienne normal de le faire », affirme Jean-François Lamy.

Pour l'instant, la plus grande partie des revenus d'Aquartis provient du Québec, mais cela pourrait changer rapidement. L'entreprise cible les pays où l'eau se fait rare, plus particulièrement en Amérique latine et dans les Antilles. Elle a ouvert un bureau en Martinique et établi des contacts au Mexique. M. Lamy ne perd pas espoir de trouver un distributeur fiable aux États-Unis, un marché prometteur mais difficile pour une PME.

Avec le lancement de la gamme Intello, l'homme d'affaires prévoit que les ventes d'Aquartis franchiront le cap du million cette année. Si tout va bien, l'entreprise devrait du même coup atteindre le seuil de rentabilité.

AQUARTIS WORLD

QUI : Jean-François Lamy et 10 salariés

L'IDÉE : des systèmes de recyclage des eaux grises

L'AMBITION : devenir la référence dans ce créneau

ILS Y CROIENT ET Y ONT INVESTI DE L'ARGENT : Jean-François Lamy et Éric Martel, vice-président d'Aquartis. D'autres investisseurs s'ajouteront au terme de la ronde de financement en cours.

PHOTO Martin Chamberland, LA PRESSE-Montreal, Quebec--- Jean-Francois Lamy, PDG d’Aquartis. Une compagnie qui possede une machine de traitement d’eau.--- - LUNDI 08 FEVRIER 2016---- affaires # 802 146