Même s'ils passent la journée sur la route, les véhicules de livraison ne parcourent en réalité souvent pas de très grandes distances. Ils représentent donc des occasions parfaites pour l'électrification, et c'est l'objectif que s'est donné Sylvain Castonguay en fondant Nordresa.

L'ancien directeur général du Centre national de transport avancé (CNTA) a été progressivement mis de côté quand son organisme a fusionné avec l'Institut du transport avancé du Québec (ITAQ) pour mener à la création de l'Institut du véhicule innovant (IVI).

C'était le coup de pied dont il avait besoin pour concrétiser ses projets de se relancer en affaires, après un premier essai infructueux en 2002.

« À l'époque, on voulait développer un véhicule électrique à trois roues à mi-chemin entre la mobylette et la voiture, pour les jeunes, raconte-t-il. Mais comme c'était une entreprise qui ciblait le grand public, il fallait penser à un réseau de distribution et c'était un projet de quelques dizaines de millions de dollars de financement. »

« En plus, c'était l'époque où Bombardier venait de subir un échec avec le NEV. C'était difficile de trouver du financement au Québec dans ce domaine. » - Sylvain Castonguay

Cet échec à trouver du financement a néanmoins donné une grande leçon à M. Castonguay. Sa nouvelle entreprise, Nordresa, ne manque pas d'ambition à long terme, puisque M. Castonguay vise rien de moins qu'à remplacer Ford. Mais à court terme, elle se concentrera sur le marché des entreprises.

Plus précisément, Nordresa travaille à la conception d'un système de motorisation électrique qui pourra être intégré à des châssis existants pour servir à la livraison, au transport de personnes à mobilité réduite ou au transport scolaire par minibus.

Plus de la moitié des véhicules de ce genre roulent moins de 80 km par jour, selon M. Castonguay.

Ce plan d'affaires, plus simple à exécuter, a déjà convaincu des investisseurs. Deux entreprises privées se sont jointes cette semaine au Centre d'excellence en efficacité énergétique pour investir environ 700 000 $ dans le projet.

L'entreprise a aussi déjà recruté un premier partenaire, une entreprise de livraison de colis, pour mener son projet de démonstration. Si tout se déroule comme prévu, Nordresa aura un prototype fonctionnel à l'été et amorcera, avec ce partenaire, des tests dans des conditions réelles d'utilisation dès cet automne.

PRIX DE L'ESSENCE

La chute du prix de l'essence complique évidemment un peu la mise en marché de Nordresa. D'autant que la chute du dollar canadien qui l'accompagne fait augmenter le coût d'acquisition des batteries.

« Mais il reste la réduction des impacts environnementaux, fait valoir M. Castonguay. Chaque camion de livraison pourrait réduire de 15 à 20 tonnes par année les émissions de gaz à effet de serre. Et je me dis que si on réussit à produire une offre qui tient la route avec les chiffres actuels, dans cinq ans, elle sera excellente ! »

NORDRESA EN BREF

Qui : Sylvain Castonguay

L'idée : Remplacer les moteurs à essence par des moteurs électriques dans certains véhicules commerciaux, notamment des camions de livraison

L'ambition : Remplacer Ford au cours de ce siècle. « Ford a assis son entreprise sur le moteur à combustion interne et a tout développé autour de ça. Nous nous concentrons sur l'intégration des nouvelles technologies pour créer des véhicules qui vont répondre aux besoins d'une clientèle qui veut s'émanciper de la voiture. »

Ils y croient et y ont investi de l'argent : M. Castonguay, le Centre d'excellence en efficacité énergétique, deux partenaires privés