Un supercasino à Vancouver. Un complexe de deux gratte-ciel effilés au centre-ville de Montréal. Le nouveau siège social de Lightspeed, dans l'ancienne gare Viger, lauréat de plusieurs prix internationaux.

Les trois dernières années ont été un feu roulant pour la firme ACDF Architecture, nichée dans un ancien bâtiment industriel du quartier Mile End. Maxime Frappier, président du jeune cabinet, parle avec enthousiasme de ses projets récents - et futurs - pendant notre visite de ses bureaux, où des esquisses d'immeubles trônent sur tous les murs.

Son engouement monte d'un cran lorsqu'il aborde le projet Park Vancouver, un immense complexe de 630 millions dont ACDF a conçu les plans en 2013.

«On a eu à peu près un mois pour pondre le concept et pour que les investisseurs adhèrent à notre vision.» - Maxime Frappier

L'obtention de cet important contrat coïncide avec la période la plus effervescente qu'a jamais connue ACDF. La firme d'une quarantaine d'employés est sur une véritable lancée depuis 2013, lorsque l'Institut royal d'architecture du Canada (IRAC) a décerné à Maxime Frappier le Prix du jeune architecte de l'année au Canada.

Cette récompense prestigieuse a constitué le coup de pouce dont l'entreprise avait besoin pour accéder à des appels d'offres majeurs, comme celui de Vancouver, selon l'entrepreneur de 37 ans. « Avant, seuls les grands bureaux avaient accès aux gros mandats comme celui-là. Tout ça part du moment où on a reçu le prix de l'IRAC. Ça donne la petite crédibilité supplémentaire pour que tous les intervenants voient qu'on joue sur le premier trio. »

MULTIPLICATION DES CONTRATS

Sans faire trop de bruit, ACDF a multiplié les mandats de premier plan au cours des trois dernières années. Outre le projet futuriste de Park Vancouver, qui comprend deux hôtels, un centre de conférence ainsi qu'un casino, le cabinet a réalisé les bureaux de Lightspeed, une entreprise techno en plein essor qui vient d'emménager dans l'ancienne gare Viger, en lisière du Vieux-Montréal.

Ce mandat a valu une demi-douzaine de prix à ACDF l'an dernier, en plus de lui procurer une visibilité internationale exceptionnelle.

Le cabinet a réalisé une série d'autres projets pendant la même période, dont deux bibliothèques (à Saint-Eustache et La Malbaie), le centre aquatique de Saint-Hyacinthe et le Centre d'art Diane-Dufresne de Repentigny. La conception de ce dernier immeuble a amené Maxime Frappier et ses acolytes à entamer une profonde réflexion sur l'architecture.

« La Ville voulait un projet emblématique, explique-t-il. On s'est dit : c'est quoi, dans la vie de tous les jours, un projet iconique ? On a ressorti une trentaine de projets, des pyramides aux tours jumelles de Kuala Lumpur, en passant par le Panthéon et le Parthénon, pour voir quelles caractéristiques font que les gens s'attachent à un projet plus qu'à un autre. »

Le fruit de cet exercice a amené ACDF à pondre un projet « phare », dit Maxime Frappier. « On a remarqué que les gens apprécient un projet solide, bien assis, monochromatique, qui comporte une notion de pérennité. La notion de colonnades revient souvent. On s'est dit : la colonnade, il faut faire une réinterprétation de ça. »

EXPANSION CANADIENNE

Outre ses nombreux projets au Québec, ACDF entrevoit une croissance accrue dans le reste du Canada. Déjà, le projet de Vancouver Park (réalisé en consortium avec la firme ARCOP) a permis à la firme montréalaise de récolter deux autres contrats majeurs en Colombie-Britannique. Le marché de Toronto laisse aussi miroiter des occasions d'affaires importantes.

ACDF pourrait ainsi inaugurer deux nouveaux bureaux hors Québec en 2016, dit Maxime Frappier. « Toronto et Vancouver, on se questionne comment gérer cette croissance-là correctement, sans changer la façon dont on travaille, c'est-à-dire de façon très intime avec le client. »

« On provoque nos chances, nous ne sommes pas passifs, donc Toronto et Vancouver devraient venir dans la prochaine année. » - Maxime Frappier

En parallèle, la firme continue de participer à des concours architecturaux aux quatre coins du monde. Un investissement payant, croit Maxime Frappier, même lorsque ACDF ne remporte pas la mise. Il rappelle le concept présenté pour le Keelung New Harbor Service Building de Taiwan en 2012, qui a permis à sa firme d'être finaliste auprès de géants internationaux, comme Asymptote et PAR.

« Ce sont tous des projets en extra. Mais ce qu'on développe pour un concours, bang, ça va servir sur un projet réel, dit-il. Pour le concours de Taiwan, on a peut-être investi 100 000 $ là-dedans, mais ça a agi comme R et D qui a ensuite servi sur un autre projet, comme celui de Vancouver. »

Parmi les autres projets prévus en 2016, ACDF planche sur plusieurs projets d'hôtels et de tours de condos à Montréal et ailleurs au pays. La firme mettra aussi en place un nouveau programme de rémunération qui permettra à certains architectes-clés de devenir associés.