Que faire lorsque le milieu dans lequel on travaille ne permet pas de concilier carrière et famille? On le quitte, puis on lance son entreprise! Voilà ce qu'a fait Pascale Pageau il y a 10 ans en fondant le cabinet d'avocats Delegatus. La firme propose non seulement de la flexibilité à ses employés, mais aussi à ses clients.

Les affaires de Pascale Pageau allaient rondement au début des années 2000.

Carriériste et ambitieuse, selon ses propres dires, l'avocate ne comptait pas ses heures et consacrait bien souvent soirs et fins de semaine au travail.

La situation allait toutefois changer de façon draconienne en 2003, avec la naissance d'un premier enfant. Un événement heureux qui a transformé sa façon d'organiser sa vie, mais qui se jumelait toutefois mal à une carrière d'avocate.

«Ça n'a pas été évident du tout de retourner au travail, raconte-t-elle. Je n'avais pas de flexibilité: il fallait que je sois constamment au bureau et je me sentais coupable si j'avais à partir plus tôt.»

Mais la jeune femme n'aura pas le temps de trouver une solution à ce conflit. Elle tombe de nouveau enceinte. C'est au cours de son second congé de maternité qu'elle réfléchit à la question.

«Je ne voyais plus comment je pourrais gérer ces deux aspects devenus prioritaires dans ma vie, dit-elle. Je savais que je pouvais être une bonne avocate, mais le modèle d'affaires des firmes ne me convenait pas du tout.»

Après quelques semaines de réflexion, et un plan d'affaires en tête, elle opte finalement pour sa propre solution et fonde Delegatus.

Nouveau modèle

Delegatus n'allait pas simplement devenir l'instrument de conciliation travail-famille de Pascale Pageau. Tous ses employés allaient en bénéficier.

«Chez nous, il n'y a pas de présence obligatoire au bureau, explique la fondatrice. On mise avant tout sur l'autonomie de chacun, sans les presser comme une machine à saucisses.»

Cette flexibilité va de pair avec l'approche que la firme a établie avec ses clients. Au lieu de leur demander de se présenter à ses bureaux, Delegatus envoie plutôt ses avocats chez eux.

«Tout ce qu'on a fait, c'est de s'adapter aux besoins des PME, indique Pascale Pageau. On mise avant tout sur la qualité du travail et la satisfaction du client plutôt que sur le nombre de contrats.»

Mais là ne s'arrêtent pas les éléments distinctifs du jeune cabinet d'avocats. Delegatus se démarque aussi par des frais d'exploitation très bas, qui se traduisent notamment par l'absence de faste dans ses bureaux, selon sa fondatrice.

«Lorsque je parlais à des clients potentiels avant de fonder l'entreprise, plusieurs me disaient d'avoir l'impression de payer cher en partie pour du "flafla", alors on a pensé se démarquer comme ça aussi.»

Delegatus compte aujourd'hui 25 avocats, en plus de 7 autres employés. Des gens qui, pour la plupart, ont quitté la grande entreprise afin d'opter pour un modèle plus flexible, raconte l'avocate. Et le succès est lui aussi au rendez-vous.

L'entreprise occupe une place cette année dans le prestigieux palmarès canadien «Profit 500», qui répertorie les entreprises ayant connu une forte croissance au cours des cinq dernières années.

«C'est la première fois qu'on démontre le succès économique de la boîte, lance, enthousiaste, Pascale Pageau. En plus d'être une bonne idée, ç'a du succès.»

Un succès d'affaires qui permet aujourd'hui à l'avocate de jumeler son travail et sa vie de famille... avec ses quatre enfants.

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DELEGATUS

LE DÉFI

Après avoir donné naissance à un deuxième enfant, Pascale Pageau ne voyait pas comment elle pourrait mener de front ses deux projets de vie: la carrière et la famille.

LA SOLUTION

La jeune avocate fonde alors son propre cabinet, basé sur un modèle d'affaires qui convient non seulement à ses employés, mais à ses clients aussi.

LE PORTRAIT

> Entreprise: Delegatus services juridiques

> Année de fondation: 2005

> Fondatrice et actionnaire: Pascale Pageau

> Nombre d'employés: 32

> Secteur: firme d'avocats spécialisée en affaires

> Site web: www.delegatus.ca