Depuis le début du présent millénaire, on déplore le déclin du secteur manufacturier québécois. Il représentait 23,6 % du PIB québécois en 2000, mais seulement 14,3 % l'an dernier.

À y regarder de plus près, ces 14,3 % représentent une légère amélioration par rapport à 2013. Trop tôt encore pour parler d'une remontée, mais peut-être est-ce le signal que le point d'inflexion a été atteint. Les perspectives moins sombres de l'économie mondiale sont même porteuses d'espoir d'un nouvel essor.

Pour que cela se concrétise, les entreprises manufacturières québécoises, dont la grande majorité compte moins de 200 employés, auront des défis à relever.

La 6e édition du Baromètre industriel québécois (BIQ) publié par STIQ tente de les cerner.

STIQ a commandé un sondage téléphonique à partir de sa banque de 1872 PME manufacturières localisées au Québec et ayant entre 20 et 300 employés. L'échantillon des répondants est de 400. Les questions posées sont les mêmes que par le passé, ce qui permet des comparaisons intéressantes.

Si ses perspectives s'annoncent un peu plus roses, la PME manufacturière éprouve des difficultés grandissantes à recruter et conserver de la main-d'oeuvre spécialisée.

Cette difficulté est connue depuis des années, mais elle semble s'être aggravée l'an dernier. Selon STIQ, le bassin de travailleurs disponibles dans la force de l'âge (de 25 à 54 ans) est restreint, et le travail en usines ne semble guère intéresser les jeunes.

Autre défi quasi séculaire, encore 13 % des répondants ont affirmé consacrer moins de 1 % à la formation de la main-d'oeuvre, en dépit de l'obligation légale. Heureusement, 28 % y ont consacré plus de 2 %.

L'utilisation des capacités manufacturières est plutôt stable depuis le début de la décennie.

En revanche, on observe des changements significatifs dans le recours à la sous-traitance. S'il est vrai que plus des deux tiers des entreprises répondantes y ont eu recours l'an dernier, contre moins de trois sur cinq en 2013, elles lui attribuent une plus faible proportion de leur chiffre d'affaires.

Selon STIQ, beaucoup d'entreprises rapatrient des éléments de production pour des raisons d'intégration verticale, de meilleur contrôle des procédés et de la qualité, de réduction des stocks ou de délais de livraison. La mondialisation les oblige à agir de la sorte, car les grands donneurs d'ouvrage recherchent de plus en plus des solutions clés en main, susceptibles d'obliger les PME à former des partenariats.

Le BIQ fait à nouveau ressortir la faiblesse des investissements, tant en équipements qu'en recherche et développement. Seulement 3 PME sur 10 ont consacré l'an dernier plus de 5 % de leur chiffre d'affaires à l'achat d'équipement, 2 sur 10, à la R-D de produits ou de procédés. Ces faibles proportions bougent peu depuis trois ans.

Pourtant, ces deux types d'investissements favorisent l'augmentation du chiffre d'affaires, le succès des soumissions, les exportations ou l'établissement d'un partenariat.

Cela peut aussi aider à surmonter une autre difficulté récurrente de la PME manufacturière : sa grande dépendance d'une poignée de clients. Moins de 10 % du chiffre d'affaires de trois PME sur cinq repose sur de nouveaux clients, tandis que plus de la moitié repose sur leurs trois plus gros clients. Il s'agit d'une vulnérabilité persistante.

Fait encourageant, un grand nombre de PME réalisent une partie de leurs ventes hors Québec. En fait, seulement 16 % d'entre elles n'exportent pas, tandis que plus des deux tiers vendent une partie de leur production à l'étranger.

INFOGRAPHIE LA PRESSE

Source : STIQ

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Source : STIQ