La télé, les écrans d'ordinateur, l'impression et la photocopie y sont tous passés: du noir et blanc à la couleur. C'est la transition que tente maintenant d'appliquer Mosaic Manufacturing à l'impression 3D.

Au cours des deux dernières années, les options offertes aux bricoleurs intéressés par une imprimante 3D se sont multipliées. On compte aujourd'hui pas moins de 250 imprimantes «de bureau» différentes sur le marché, selon Mitch DeBora, l'un des cofondateurs de Mosaic.

Celles-ci utilisent presque toutes le même procédé. Elles sont alimentées par un long fil de plastique qui est fondu et appliqué par couches par la tête de l'imprimante. L'ennui avec ce processus, c'est qu'un seul fil peut accéder à la tête, ce qui signifie une impression monochrome.

Certaines imprimantes 3D offrent la couleur en ajoutant une, deux ou trois têtes d'impression, toutes alimentées par un fil distinct. On peut donc réaliser des impressions avec deux, trois ou quatre couleurs, mais le défi technique est immense et les résultats, très moyens. Plus précisément, les objets imprimés de cette façon laissent toujours percevoir des traces d'une couleur dans une autre couleur.

«Je suis propriétaire d'une entreprise d'impression 3D à Kingston», explique d'abord Mitch DeBora, qui est originaire de Toronto mais a étudié à l'Université Queen's de Kingston.

«Je me faisais toujours demander de mettre de la couleur. Il y a un réel besoin. Certes, les imprimantes avec plusieurs têtes existent, mais le résultat n'est pas là. Ce n'est même pas une question de prix, j'aurais volontiers payé pour avoir une imprimante couleur qui fonctionne et pouvoir facturer mes clients.»

En compagnie de deux autres étudiants - Chris Labelle, de Montréal, et Derek Voght, de Calgary -, il s'est donc installé dans l'incubateur de l'université pour trouver une solution à ce problème.

La solution imaginée prend aujourd'hui la forme de la Palette, un boîtier qui s'installe en amont du processus et qui s'intègre à toutes les imprimantes. La Palette traite quatre filaments différents et les rassemble en un seul, où les quatre couleurs alternent en fonction de l'objet à imprimer. L'imprimante elle-même fait son travail comme s'il n'y avait qu'une seule couleur.

Il faut un grand travail de précision pour déterminer exactement la longueur de chaque section de couleur dans le filament unique et tenir compte des zones de transition où deux couleurs s'entremêlent, mais les concepteurs de la Palette semblent avoir réussi leur pari.

Différents matériaux

Une autre vocation est même venue pendant la conception, alors qu'ont commencé à apparaître des filaments de différents matériaux pour alimenter les imprimantes 3D. Certains intègrent du cuivre pour sa conductivité, de la fibre de carbone ou de l'acier inoxydable pour leur solidité, ou encore du bois. La Palette permet donc aussi de créer des objets intégrant divers matériaux.

La demande semble bel et bien présente, du moins si l'on se fie aux premiers résultats d'une campagne lancée en début de semaine par l'entreprise sur le site de sociofinancement KickStarter. Il a fallu moins d'une journée à l'entreprise pour atteindre son objectif de 75 000$. Au moment d'écrire ces lignes, la Palette avait déjà attiré 123 000$ de contributions.

Mosaic obtiendra une autre belle chance de récolter des investissements le 7 mai, alors qu'elle participera au Demo Day de l'incubateur FounderFuel, où elle est hébergée depuis quelques semaines.

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MOSAIC MANUFACTURING

Qui: Mitch DeBora, Chris Labelle et Derek Voght

L'idée: Un appareil compatible avec les imprimantes 3D actuelles et qui permet d'intégrer jusqu'à quatre couleurs.

L'ambition: Mettre la couleur entre les mains des gens pour voir ce qu'ils en feront.

Ils y croient et y ont investi de l'argent: les cofondateurs et Real Ventures.