Les plus grands amateurs d'art peuvent ressentir qu'une oeuvre leur «parle». Si Merchlar, une agence de Montréal, réussit à populariser suffisamment son application pour les musées, quiconque aura un téléphone intelligent en main pourra aussi vivre la même sensation.

Merchlar vient de lancer, en collaboration avec Sid Lee et la prestigieuse université californienne Stanford, une application mobile destinée aux visiteurs de la collection d'oeuvres de l'université.

Celle-ci utilise une tablette ou un téléphone intelligent pour fournir aux visiteurs de l'exposition des informations sur les oeuvres grâce à la réalité augmentée. En pointant leur appareil sur un tableau, ils voient s'y superposer des points. Un clic sur l'un ou l'autre de ces points fait apparaître une bulle d'information mettant en relief un élément précis de l'oeuvre, du genre qui aurait probablement échappé à l'oeil de la très grande majorité des visiteurs.

Des informations plus générales sur l'oeuvre ou sur l'artiste sont également accessibles, en plus d'un plan du musée. Le PDG de Merchlar, Awane Jones, vante particulièrement son produit en comparaison des populaires guides audio.

«Avec les guides, il faut suivre un parcours précis, et c'est facile de se perdre.» L'application de Merchlar, de son côté, est activée par l'oeuvre qu'on lui présente.

Née dans la musique

Cette application n'est que la plus récente d'une collection bien garnie créée par Merchlar; elles sont pour la plupart centrées sur la réalité augmentée.

Pourquoi la réalité augmentée? Pour vendre des disques, à l'origine...

«Avant de lancer l'entreprise, en 2010, j'étais producteur de disques», raconte M. Jones. Le dernier disque qu'il a produit est Crack The Code, d'Empire Isis, en 2011.

«Je me demandais bien comment on ferait pour le vendre, puisque plus personne n'achetait de disques. J'ai un ami qui revenait du Japon et qui m'a montré des prototypes de réalité augmentée. Je savais que l'iPhone 4 s'en venait et qu'il serait assez puissant pour soutenir une application de réalité augmentée. Ce fut la première application du genre pour un artiste.»

Subventions plutôt qu'investisseurs

Les résultats de vente ont été suffisants pour le convaincre de lancer une entreprise autour du concept. Et son expérience musicale lui servira.

«S'il y a une chose que j'ai apprise dans l'univers de la musique, c'est comment aller chercher des subventions. En 18 mois, j'ai réuni 1,2 million de dollars. J'ai cogné à toutes les portes.

«C'est une erreur que les jeunes entreprises font souvent, je trouve, de partir à la recherche d'investisseurs trop tôt. C'est impossible de lancer une entreprise sans faire d'erreurs au début. En misant sur les subventions plutôt que sur d'autres actionnaires, j'ai pu les faire sans souffrir. Et sans être dilué.»

Ces premières erreurs passées, Merchlar a accueilli cette année ses premiers investisseurs extérieurs, le fonds d'investissement Speed of Trust. Des discussions sont aussi amorcées avec trois musées montréalais pour les intégrer dans l'application de l'entreprise.

--------------

Merchlar

Qui: Awane Jones, Petula Bouchard, Hazem Rushdi Mohamed, Adekambi Laleye, Bassil Silim-Jones, Éric St-Pierre et une quinzaine d'employés

L'idée: Une agence numérique spécialisée dans la réalité augmentée

L'ambition: Être capable de définir les tendances en réalité augmentée

Ils y croient et y ont investi de l'argent: Awane Jones, Speed of Trust Ventures (Ricardo Poupada, Georges Lévesque)