Quand il a fondé son entreprise de logiciels dans les années 90, Babak Varjavandi n'avait pas l'air de quelqu'un qui donnerait un jour des conseils en ressources humaines à des multinationales comme ExxonMobil et Airbus.

«Je plaçais des annonces sur Yahoo - Google n'existait pas! J'étais seul au début et je devais parfois exagérer un peu pour impressionner les clients. Je leur disais: «Attention, je vous passe le département des ventes.» et je prenais une autre voix au téléphone...»

Babak Varjavandi n'a pas le parcours typique d'un PDG qui a étudié dans une école de gestion - ni même en ressources humaines, le domaine d'expertise de son entreprise. Arrivé à Montréal comme réfugié iranien en 1977 à l'âge de 15 ans, il a d'abord obtenu son diplôme universitaire en physique. Mais voilà, il était davantage passionné par l'informatique, il est donc devenu consultant en informatique pour le Canadien National (CN). Au début des années 90, il a commencé à développer des logiciels en ressources humaines, en plus de ses mandats de consultant. Son entreprise Nakisa (comme nom d'entreprise, il a choisi le prénom de sa mère) a véritablement pris son envol en 2001.

Les logiciels de Nakisa permettent notamment de gérer les plans de succession pour des postes clés dans de grandes entreprises qui comptent des milliers d'employés et qui ne peuvent, par le fait même, tous les connaître. D'autres logiciels lient les objectifs de performance de l'entreprise à ses employés. «La plupart des logiciels étaient conçus du point de vue de la Division des ressources humaines, alors que nous voulions que les employés puissent comprendre comment leurs objectifs individuels contribuent aux objectifs de l'entreprise», dit le PDG Babak Varjavandi, qui est aussi l'actionnaire majoritaire de Nakisa.

Le mois dernier, Nakisa s'est lancé dans la gestion des ressources humaines en cas de fusion et d'acquisition. «Beaucoup d'entreprises qui font ces transactions regardent l'aspect financier avec soin, mais pas toujours l'aspect humain», dit Babak Varjavandi, 52 ans. «L'un des plus grands défis lors d'une fusion ou d'une acquisition, c'est de savoir comment intégrer les nouveaux employés. Comment une entreprise de 80 000 employés qui achète une entreprise de 40 000 employés doit-elle faire? Elle doit identifier les bonnes ressources», dit Chuck Frosst, chef des opérations de Nakisa.

Profitant de l'arrivée de nouvelles normes comptables, l'entreprise montréalaise s'est aussi aventurée hors des ressources humaines en développant des logiciels pour respecter les nouvelles normes pour la gestion des baux, ainsi qu'en matière de comptabilisation des revenus.

Peu d'entreprises montréalaises peuvent se targuer de compter des multinationales comme Adidas, ExxonMobil, Total et Airbus parmi leurs 800 clients. Et pourtant, Nakisa est une entreprise plutôt discrète. Avant le passage de La Presse le mois dernier, la dernière entrevue du PDG dans les médias datait de 2010. L'entreprise, dont le chiffre d'affaires annuel est supérieur à 20 millions de dollars, est pourtant située au coeur du centre-ville, dans les locaux de l'ancien cinéma Palace. «Nous avons gardé une salle et nous nous faisons des soirées cinéma quelques fois par année», dit Babak Varjavandi.

Malgré son quasi-anonymat à Montréal, Nakisa n'entend pas céder au chant des sirènes de Silicon Valley. «Nous avons eu tellement d'offres de Silicon Valley, mais nous tentons de rester loin des investisseurs, dit Babak Varjavandi. C'est une condition que ma femme m'a posée quand on s'est mariés: on reste à Montréal!»

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NAKISA

Logiciels en gestion de ressources humaines et de finances

> Siège social à Montréal

> Huit bureaux sur six continents

> 150 employés à travers le monde, dont 120 à Montréal

> Clients: Adidas, ExxonMobil, Total, Airbus, gouvernement du Canada

> Actionnaires: le PDG et fondateur Babak Varjavandi (actionnaire majoritaire), SAP (actionnaire minoritaire), divers employés (minoritaires)