C'est presque unanime parmi les analystes: l'internet des objets est la prochaine grande tendance de l'univers technologique, «the next big thing». Voilà probablement ce qui explique la spectaculaire croissance de Mnubo, qui est passée de 0 à 45 employés en un peu plus de deux ans.

Que ce soit à l'usine ou à la maison, les objets branchés sont de plus en plus nombreux: thermostats, machinerie, capteurs, alarmes, bornes, etc. Ces appareils peuvent générer des fleuves de données dont il peut être difficile d'extraire une analyse pertinente. C'est précisément ce à quoi s'attaque Mnubo.

Le président Frédéric Bastien et ses trois collègues cofondateurs étaient membres de la direction de Blueslice Networks, une PME québécoise vendue à des Américains en 2010 pour près de 40 millions de dollars, quand ils ont vu l'occasion de repartir en affaires, en 2012.

Blueslice créait des bases de données et avait pour clients certains des plus grands opérateurs de télécommunications au monde.

«Ils commençaient à voir de plus en plus d'appareils comme des voitures ou des bornes électriques, plutôt que des iPhone, être reliés à leur réseau, raconte M. Bastien. Ces objets génèrent beaucoup de données, et il n'y avait pas vraiment de logiciel qui existait pour les traiter en temps réel. Pour chaque entreprise comme Nest qui se fait acheter par Google et qui gère elle-même ses données, il y en a des centaines qui n'ont pas cet appétit-là de développer une solution qui leur est propre.»

Mise sur pied en avril 2012, Mnubo a décroché un premier contrat pour son produit au début de l'année 2014. Elle en compte maintenant 11, et les applications de ses systèmes d'analyse sont variées.

Mnubo peut ainsi prévoir le taux d'occupation des différentes bornes d'un système similaire à BIXI, calculer un «pointage du conducteur» pour un assureur automobile à partir de données fournies par un capteur placé dans les voitures, prédire le moment où certains équipements industriels vont briser ou anticiper la demande d'énergie dans certains quartiers à partir de données recueillies par des thermostats.

Malgré cette apparente hétérogénéité, la quasi-totalité du logiciel reste la même d'une application à l'autre, selon M. Bastien. Il suffit d'activer ou de désactiver différents algorithmes.

«Au début, 95% de l'équipe était constituée de programmeurs, surtout spécialisés dans les bases de données, indique M. Bastien. Là, nous avons davantage un profil «big data» et mathématiques très fort.»

Autonome

La croissance rapide de Mnubo s'explique en bonne partie par l'obtention, dès août 2012, d'un premier contrat de services professionnels pour une grande entreprise américaine, qui génère «beaucoup de revenus», selon M. Bastien.

Mnubo continue à travailler avec cette entreprise à mettre au point une technologie et des algorithmes propres à celle-ci, toujours en lien avec les objets connectés, mais sans se faire concurrence elle-même.

«C'est ce qui nous a permis de nous retrouver dans la situation dans laquelle nous sommes actuellement, soit d'être profitables avec déjà 45 employés sans aucun investissement extérieur. Les profits générés par notre activité de service ont financé notre recherche sur notre propre produit.»

Les fondateurs de Mnubo ne sont toutefois pas fermés à l'idée d'accueillir de nouveaux partenaires, et des discussions en ce sens sont déjà amorcées.

«Nous n'avons pas besoin de liquidités, mais il y a une opportunité mondiale devant nous qui nécessiterait d'ouvrir des bureaux à l'étranger et, pour ça, il faudrait du capital supplémentaire.»

L'Asie et la Silicon Valley seraient les deux premières cibles de ces bureaux, essentiellement destinés à la vente.

«La recherche va rester à Montréal.»

MNUBO 



Qui: Frédéric Bastien, Jean-Charles Beaudin, Jean-Christophe Cimino, Aditya Pendyala et une quarantaine d'employés.

L'idée: Des logiciels pour analyser les flux de données des objets connectés à l'internet.

L'ambition: «Nous croyons que les objets connectés vont permettre d'améliorer l'environnement et la productivité des entreprises, mais il n'y a qu'avec l'analyse qu'on peut rendre leurs données utiles.»

Ils y croient et y ont investi de l'argent: les quatre cofondateurs.