Après avoir obtenu un prêt de 10 millions de dollars du gouvernement québécois durant l'hiver, l'entreprise Moulage sous pression AMT a annoncé, le mois dernier, une aide financière de 3 millions de Développement économique Canada. La PME consolide ainsi un projet de 47,5 millions visant l'achat d'équipements et l'agrandissement de ses usines situées à Saint-Cyprien et Saint-Jean-de-Dieu.

La somme accordée par le fédéral représente la moitié d'un investissement de 6,4 millions nécessaires à la phase 1 du projet. Près de 50 emplois s'ajouteront bientôt aux 195 que compte déjà l'entreprise. Au cours des prochaines années, AMT compte augmenter ses capacités de production, elle dont les pièces en aluminium se retrouvent dans au moins un véhicule automobile sur cinq en Amérique du Nord.

«Notre but n'est pas de donner un grand coup de barre dans nos activités, mais de faire plus et mieux, souligne Frédéric Jean, directeur général adjoint chez AMT. On est dans un marché où les choses se préparent longtemps d'avance. Quand nos clients se tournent vers nous pour des soumissions, il faut avoir les moyens de dire oui.»

«On ne peut pas prédire l'avenir, mais on remarque que l'usage de l'aluminium dans la fabrication de véhicules augmente, ajoute-t-il. Avec notre plan de croissance, on veut s'assurer de pouvoir saisir les occasions qui vont se présenter. On n'est pas un géant comme Magnat, mais notre petite PME, située dans un coin de l'est du Québec, rayonne plus qu'on pourrait l'imager.»

Des investissements de dizaines de millions sont peu communs dans les communautés rurales comme Saint-Cyprien et Saint-Jean-de-Dieu. Les 90 emplois prévus dans le plan de croissance d'AMT sont donc accueillis avec ravissement dans le secteur.

«Pour nos municipalités, c'est l'équivalent de plusieurs milliers d'emplois créés à Montréal, affirme Marie-Josée Huot, directrice du CLD de Rivière-du-Loup. L'investissement d'AMT a un impact important sur les deux communautés qui subissaient une baisse de population, malgré leur dynamisme.»

L'espoir après la misère

Les dirigeants d'AMT se sont redonné le droit de rêver au tournant de 2010, après une décennie de dégringolade du milieu manufacturier nord-américain: vague de délocalisation vers l'Asie et le Mexique, débalancement du marché, faiblesse des investissements, crise économique mondiale, etc.

«On a mangé notre pain noir pendant 10 ans, dit Frédéric Jean. Nous sommes passés de 130 employés au début des années 2000 à 80 dans la période la plus creuse. On n'a pas pu matérialiser la croissance de nos activités, en lien avec les investissements techniques réalisés à l'époque, mais on a réussi à maintenir un niveau d'affaires suffisant pour assurer notre survie.»

Outre la diversification de ses produits, AMT a misé sur l'innovation technologique pour se relever. «Le moulage sous pression est un procédé ultra complexe et capricieux. Il y a parfois des variations et de petits défauts qui surviennent, mais toutes les entreprises ne sont pas en mesure de gérer ça avec la même expertise. Nous avons mis au point des technologies et des pratiques qui n'existaient pas ailleurs, ce qui a donné une raison de plus à nos clients de continuer de faire affaire avec nous pendant la crise.»

La capacité de renaître semble faire partie de l'ADN de l'entreprise régionale, fondée en 1967 sous le nom d'Atelier Mécanique Tremblay. D'abord concentrés sur le moulage de pièces pour scies mécaniques, les efforts de ses dirigeants ont été portés vers les motoneiges, au cours des années 60 et 70. Les usines d'AMT ont ensuite entrepris la production de boules de pétanque et de mécanismes de stores vénitiens, avant de lorgner les secteurs récréatifs et de l'automobile à partir des années 90.