Il n'y a pas que la police et les commissions d'enquête pour faire baisser les coûts de construction des chantiers québécois. La PME québécoise SmartUse retient aussi l'attention des gestionnaires de chantier avec son logiciel de gestion de plans.

Les plans sous forme de grands rouleaux de papier font partie des «meubles» d'un chantier. Mais ce sont des meubles qui coûtent cher. Jusqu'à 3000$ par tranche de 1 million de dollars de valeur du projet, uniquement pour l'impression.

C'est sans compter les inévitables problèmes dus à l'utilisation de l'ancienne version de certains plans ou les longs et multiples allers-retours entre la salle des plans et le terrain sur des chantiers qui peuvent couvrir plusieurs kilomètres.

SmartUse permet aux constructeurs d'utiliser des plans électroniques. Ceux-ci peuvent être consultés sur des ordinateurs Windows ainsi que des tablettes Apple ou Windows 8. Plusieurs personnes peuvent collaborer en temps réel et les annotations peuvent être écrites, dictées ou même photographiées.

«Hydro-Québec a économisé 250 000$ en trois mois, fait valoir le président de SmartUse, François Tanguay. Ça permet aussi de réduire les délais sur les chantiers. Et à la longue, en analysant les corrections qui sont apportées, on ramasse des données qui vont aider à prévoir les délais et problèmes qui peuvent survenir dans des projets futurs.»

C'est d'ailleurs d'Hydro-Québec elle-même que provient l'idée de SmartUse. La société d'État en avait alors parlé à une entreprise du nom de Runatserver. Celle-ci a été acquise par M. Tanguay, alors propriétaire de Nventive, une entreprise d'une centaine d'employés spécialisée dans la conception d'applications mobiles dont la liste de clients compte notamment Red Bull, Yahoo! , Amazon et Bloomberg.

«Nous l'avons achetée dans le but de faire grandir SmartUse», explique M. Tanguay.

Les deux entreprises cohabitent maintenant dans des bureaux du Vieux-Montréal. SmartUse compte une vingtaine d'employés. Deux importants constructeurs québécois, SNC-Lavalin et Pomerleau, utilisent son produit.

L'entreprise vient aussi d'ouvrir, avec la collaboration du programme Expansion Québec, des bureaux à New York et Atlanta pour convaincre des constructeurs américains du potentiel de son produit.

«Notre croissance va passer par les États-Unis, estime M. Tanguay. Nous travaillons déjà avec 10 des 50 plus gros entrepreneurs généraux là-bas. Nous venons aussi de signer des contrats au Moyen-Orient et en Australie.»

Marché en retard

SmartUse bénéficie d'un marché qui a cumulé un retard technologique important, «qui fonctionne encore avec des crayons à mine et des plans en papier ou qui s'envoie des documents de 50 Mo par courriel».

Le directeur des ventes, Nicholas Beaudry, constate toutefois le changement.

«On le voit très bien dans les entreprises québécoises, où il y a beaucoup de baby-boomers qui sont en train de passer les commandes à leurs enfants qui, eux, veulent faire rentrer des technologies.»

Qui: François Tanguay

L'idée: Un logiciel pour la consultation et l'annotation numériques de plans sur les chantiers de construction.

L'ambition: Chambouler le marché de la construction et créer un format d'échange numérique qui permet de réduire les coûts et d'être plus efficace.

Ils y croient et y ont investi de l'argent: François Tanguay, Dominic Sévigny.