Les Jeux de Sotchi étant maintenant chose du passé, plusieurs des athlètes qui y ont brillé sont tristement appelés à retomber dans l'anonymat et, surtout, le cercle vicieux du manque de fonds. Makeachamp.com, jeune entreprise fondée par des athlètes, veut créer une solution à cet éternel problème.

David Ancor est un judoka canadien qui aspire à une présence aux Jeux olympiques de Rio, en 2016. C'est à son retour des championnats du monde juniors, en 2012, qu'est née l'idée derrière Makeachamp.com. Plus précisément, c'est au moment où il a reçu du gouvernement canadien une facture d'environ 5000$ pour l'avion, l'hôtel et autres dépenses.

«Il représentait le Canada!», s'indigne le cofondateur de Makeachamp, Mike Shpigelman. Un peu défait, M. Ancor s'est justement tourné vers M. Shpigelman qui, tout en s'entraînant au judo avec lui, menait une carrière de programmeur web.

«Il m'a demandé s'il était possible de faire un site où les gens pourraient simplement venir, cliquer et lui donner de l'argent. J'ai immédiatement pensé que tant qu'à le faire, on pourrait le faire pour tous les athlètes.»

L'inspiration KickStarter

Les sources d'inspiration de Makeachamp.com sont faciles à identifier. Tant sa formule que sa facture visuelle rappellent les sites de sociofinancement bien connus KickStarter et Indiegogo.

«Au début, il y avait des athlètes qui n'étaient pas chauds à l'idée, explique le président de Makeachamp, David Barkay. Ils ne voulaient pas donner l'impression de faire la quête. Mais des plateformes comme KickStarter et Indiegogo ont changé cette perception. On aime maintenant cette idée que les gens puissent décider eux-mêmes qui mérite ou non leur appui.»

À sa première année complète d'existence, en 2013, Makeachamp a permis d'amasser environ 350 000$. L'entreprise espère voir ce nombre passer à 1,5 million en 2014. Elle attire actuellement des visiteurs en provenance de 133 pays. Des athlètes provenant de 15 pays et pratiquant une cinquantaine de sports s'y affichent.

Six athlètes canadiens à Sotchi, dont la médaillée d'argent en ski cross Kelsey Serwa, ont déjà mené une campagne de financement par l'entremise de Makeachamp. La campagne de Mme Serwa visait à créer une bourse pour son école secondaire plutôt qu'à financer ses propres activités.

Les fondateurs de l'entreprise se réjouissent aussi du succès d'une campagne toujours en cours menée par l'équipe de claque des Citadins de l'UQAM, qui souhaite participer au championnat américain, en Floride. Leur objectif de 10 000$ a été dépassé en quelques jours à peine.

Ses fondateurs n'en tirent pas encore de salaire, mais Makeachamp est une entreprise commerciale. Elle tire ses revenus de la part de 9% qu'elle retient sur les contributions aux athlètes. Le système de paiement PayPal prélève lui aussi quelques points de pourcentage.

L'entreprise fait valoir que la méthode est beaucoup plus économique que les campagnes de collecte de fonds traditionnelles, comme les soupers-bénéfices, dont les coûts peuvent atteindre 40% des revenus générés.

----------------

MAKEACHAMP

Qui : David Ancor, Michael Shpigelman, David Barkay.

L'idée : Un site permettant aux internautes de financer les athlètes amateurs.

L'ambition : Créer des champions, devenir le leader mondial du financement participatif des athlètes et envoyer autant d'athlètes canadiens que possible à Rio.

Ils y croient et y ont investi de l'argent : David Ancor, Michael Shpigelman, David Barkay.