Toute entreprise souhaite voir venir les coups, mais comme un accident est bien souvent imprévisible, elle devra plutôt apprendre à en gérer les conséquences. Bestar en sait quelque chose. Le fabricant de meubles de Lac-Mégantic se remet d'un été mouvementé.

Juillet venait d'offrir sa première semaine et chez Bestar, les employés avaient déjà la tête aux vacances. Mais au lendemain de la catastrophe qui allait transformer le visage de Lac-Mégantic, les projets de chacun avaient bien changé.

Aussi subite qu'imprévue, l'explosion d'un train chargé de pétrole en plein coeur de la municipalité a ouvert une brèche qui a mis du temps à se colmater chez le fabricant de meubles de Lac-Mégantic.

En plus de perdre l'un de ses employés dans l'explosion et après avoir cessé toute production pendant une semaine complète, Bestar a dû négocier avec une lente relance de ses activités, et ce, malgré le service de soutien psychologique aux employés qu'elle avait mis en place.

«Ç'a été très pénible jusqu'au mois d'août, raconte Gilles Pansera, chef de la direction de Bestar. C'est bien normal. Dans une petite place comme ici, tous le monde se connaît et les enterrements se sont succédé au cours de l'été.»

À ces deuils se sont ajoutés des changements profonds dans le quotidien de plusieurs travailleurs de la PME, souligne Gilles Pansera. «Puisqu'une grande partie du centre-ville était fermée, plusieurs de nos employés n'avaient plus de maison et étaient déplacés à gauche et à droite», dit-il.

Comment gérer une telle situation? «On y est allés au cas par cas», répond Roger Charbonneau, président et directeur général de Bestar. Cette flexibilité aura été profitable à l'entreprise, selon lui.

Toutefois, le retard de production d'une semaine a quant à lui mis plus de deux mois avant d'être comblé. «On fait dans le just in time, explique Gilles Pansera. Une semaine d'arrêt de production, ça complique beaucoup les choses pour nous parce que tout est planifié et ordonné.»

Gestion de crise

Mais avant même de gérer la reprise de ses activités, Bestar a dû jongler avec une crise. Une crise qui s'ajoutait à d'autres tempêtes que la PME estrienne a traversées au cours des dernières années, notamment la crise économique de 2008, mais aussi l'explosion de l'usine d'un de ses fournisseurs en 2006.

D'ailleurs, Bestar avait appris de cette dernière expérience en augmentant ses stocks de façon à parer des problèmes provenant de ses fournisseurs. «On est devenus très prévoyants», explique Gilles Pansera. Cette fois-ci, toutefois, la situation était plus complexe.

Comme il a été impossible de relancer les activités de l'entreprise pendant la semaine qui a suivi l'explosion parce que l'usine d'épuration d'eau de la ville n'était pas en fonction, seule une petite équipe d'employés a été sollicitée afin de joindre les distributeurs et les clients, qui sont pour une bonne part américains. «Ce ne sont pas tous nos clients qui savaient qu'on est situés à Lac-Mégantic et ce qui se passait à Lac-Mégantic», explique Roger Charbonneau.

Pour leur part, certains cadres sont allés donner un coup de main aux centres d'aide de la ville. Tous ont travaillé de façon à limiter les répercussions à la fois pour l'entreprise et ses employés.

BESTAR

LE DÉFI

Un train, du pétrole brut et une explosion qui a fait 47 morts en plein centre-ville allaient chambouler les activités du fabricant de meubles Bestar, de Lac-Mégantic, au début du mois de juillet dernier.

LA SOLUTION

Six mois plus tard, l'entreprise a retrouvé son erre d'aller en s'adaptant à la situation de ses employés.

LE PORTRAIT

Entreprise: Bestar

Année de fondation: 1948

Nombre d'employés: 130

Président et directeur général: Roger Charbonneau

Secteur: Concepteur et fabricant de meubles