Rapatrier une production qu'on laissait autrefois à un tiers représente un risque qui peut s'avérer payant. Vicone vient de s'engager dans cette voie.

Éric Leclair a réalisé un vieux rêve en 2004 en se lançant en affaires.

Alors âgé de 29 ans, l'entrepreneur en devenir prend un premier grand risque financier en compagnie d'un ancien collègue de travail et cofonde son entreprise. «La petite lumière s'est allumée, se souvient le président de Vicone. Je me suis dit que si je pouvais trouver un créneau très spécialisé, ça pourrait devenir un succès.»

Le créneau de l'entreprise de Saint-Eustache est effectivement très spécialisé: celui de la distribution de pièces de caoutchouc destinées à des industries telles que l'aérospatiale ou le biomédical. C'est après avoir travaillé à titre d'acheteur pour différents géants des hautes technologies qu'Éric Leclair a décelé un besoin pour ce type d'entreprises dans le paysage nord-américain. «Plusieurs fournisseurs avaient de la difficulté à livrer leur produit à temps, dit-il, alors j'ai vu là une occasion.»

Dès son lancement, Vicone se positionne comme un intermédiaire entre les acheteurs et les fabricants de pièces de caoutchouc moulées et extrudées. Elle propose des pièces faites sur mesure à ses clients canadiens et américains, et opte pour des sous-traitants d'ici et d'ailleurs - jusqu'en Chine - pour les fabriquer. Aussi, elle entrepose les pièces de certains de ses clients de façon à garantir leur livraison «juste à temps».

La solution s'impose

Après avoir travaillé près de 10 ans entre l'arbre et l'écorce, Éric Leclair voit toutefois ses marges de profit s'amenuiser peu à peu. Son modèle d'affaires devient moins rentable: il lui faut apporter des changements.

La solution s'impose rapidement: il faudra désormais produire à l'interne une partie de ce qui était laissé aux sous-traitants. «Si j'achète une extrusion à 90 cents et que je la revends 1 $, ça ne me fait pas une grande marge de profit, dit-il. Par contre, si je la fabrique à l'interne, ça va me coûter 50 cents et, donc, je vais faire beaucoup plus de profits.»

Ajouter le chapeau de manufacturier à celui de distributeur ne se fait toutefois pas en un claquement de doigts. En plus d'acquérir de la machinerie spécialisée, l'entrepreneur déniche un nouveau local dans l'arrondissement de Saint-Laurent et veille à l'adapter de façon à accueillir sa nouvelle chaîne de production. Un travail de longue haleine qui n'inclut même pas toute la recherche de financement à laquelle il a consacré du temps.

Après des dépenses qui dépasseront bientôt les 800 000 $, Vicone lancera le mois prochain sa nouvelle chaîne de production de pièces extrudées. Éric Leclair trépigne déjà à cette idée. "Ça va nous ouvrir de nouveaux marchés, dit-il. On ne concurrençait pas assez nos compétiteurs parce qu'on n'était pas un manufacturier. Maintenant, les choses vont changer.»

Le président de Vicone demeure conscient du risque qu'il fait prendre à son entreprise, mais il se montre optimiste face à l'avenir. Ainsi, il s'attend à amortir son investissement en moins de trois ans. «Prendre un risque, c'est la seule façon de faire de l'argent», dit-il.

LE DÉFI

Vicone agit depuis sa fondation à titre de distributeur de pièces de caoutchouc pour des industries spécialisées. Pour augmenter ses parts de profit, il lui fallait toutefois passer à une autre étape.

LA SOLUTION

Pour y parvenir, l'entreprise s'est engagée dans une intégration verticale en rapatriant à l'interne une partie de ce qu'elle confiait jusqu'ici à des sous-traitants.

Un risque calculé qui pourrait rapporter gros.

LE PORTRAIT

Entreprise : Vicone

Année de fondation: 2004

Employés : 10

Président et cofondateur : Éric Leclair

Investisseurs : Éric Leclair et Julie Thibodeau

Secteur : Distribution, et bientôt fabrication, de pièces moulées et extrudées de caoutchouc