L'univers des nanotechnologies n'a pas fini de nous surprendre. En collaboration avec une équipe de chercheurs de l'Université de Montréal, la PME Photon Etc. termine actuellement le développement de nanorécepteurs (ou nano-sondes, ou nano-tracteurs) polyvalents. Cent mille fois plus petits qu'un cheveu, ceux-ci ont été développés afin, d'une part, de poser un diagnostic plus précis et plus rapide dans le domaine médical et, d'autre part, d'empêcher la contrefaçon des passeports, billets de banque et autres objets de luxe.

PhotonEtc.estundéveloppeur et un fournisseur d'instruments d'analyse optique et photonique. La PME de 25 employés est connue mondialement grâce à un filtre que le président de l'entreprise, l'astrophysicien Sébastien Blais-Ouellette, a mis au point lorsqu'il était chercheur au California Institute of Technology, le pendant californien du Massachusetts Institute of Technology (MIT).

L'entreprise montréalaise a développé l'an dernier (encore une fois avec l'Université de Montréal) l'imagerie Raman, un système de micro-imagerie permettant l'analyse de nanomatériaux (nanotubes, graphène, points quantiques, etc.) et de tissus biologiques grâce à une cartographie rapide et une qualité d'image incomparable.

Une collaboration entre l'entreprise montréalaise et l'équipe de chercheurs de Richard Martel, un spécialiste des nanotechnologies à l'Université de Montréal, s'est donc imposée d'elle-même. Sébastien Blais-Ouellette, un habitué de la recherche universitaire, a choisi de financer (1,5 million d'ici la phase de commercialisation, ditil) les travaux de M. Martel et de son équipe, composée dans le cas présent de Nathalie Tang et de Nicolas Cotteny, tous les deux stagiaires post-doctoraux en chimie.

En résultent des nanorécepteurs qu'il est convenu d'appeler « nanot raceurs Raman à nanotubes de carbone «. Ils sont résistants, abordables et, surtout, pratiquement impossibles à reproduire. On ne peut trouver mieux dans la guerre à la contrefaçon (hologrammes, puces électroniques, etc.), un marché évalué à 22 milliards à l'échelle planétaire, selon Sébastien Blais-Ouellette.

D'ailleurs, combien cela peut-il coûter à une entreprise qui fabrique des montres à 50 000$, à une banque centrale qui imprime de l'argent ou à un gouvernement qui émet des passeports?

«Ça dépend du niveau de sécurité demandé. Une traçabilité de milliers de biens commerciaux (électroniques, médicaments, billets de banque, etc.) revient à quelques cents par objet. Une inviolabilité absolue avec un nanotraceur sur mesure, pour des objets de luxe en petite série par exemple, pourra être substantiellement plus élevé, en fonction du volume demandé «, explique Sébastien Blais-Ouellette.

Une empreintepour chaque objet

Actuellement, Photon Etc. et l'Université de Montréal sont en mesure de produire des matrices (vernis, encres, etc.) dans lesquelles les nano-récepteurs sont intégrés. Ces matrices pourront ensuite être enduites sur à peu près n'importe quel objet. Un petit appareil de lecture utilisant l'imagerie Raman développé par Photon Etc. permettra d'authentifier l'objet marqué.

« Ce qui est remarquable, c'est que chaque objet aura son empreinte unique. Ce ne sera pas le même nano-récepteur sur tous les objets «, explique M. Blais-Ouellette.

L'utilisation des nano-récepteurs québécois dans le secteur médical ne serait pas, quant à elle, si imminente. Puisqu'il s'agit ici d'injecter des particules, si petites soient-elles, dans le corps humain, plusieurs études doivent encore être complétés. Et encore là, il faudra construire une «librairie» de cellules et autres pathogènes que les nano-récepteurs pourront reconnaître et sur lesquels ils iront s'attacher.

M. Blais-Ouellette, qui est la preuve vivante qu'on peut être à la fois docteur en science et entrepreneur, n'en est pas à son premier essaimage (spin-off).

La PME tire 75% de ses revenus (que son président préfère taire) des filtres et des caméras qu'elle vend aux centres de recherche privés et publics aux quatre coins du monde. Les autres 25% proviennent de la participation de Photon Etc. dans différentes entreprises d'ici et d'ailleurs. Parmi celles-ci : Photonic Knowledge, une PME de Rosemère qui analyse rapidement et avec exactitude les carottes de forages grâce à l'imagerie hyperspectrale.

Photon Etc. est également derrière le succès de Nüvü. En fait, la PME a financé les études de doctorat d'Olivier Daigle, un ancien employé, qui, en poussant un peu plus loin l'invention de Sébastien Blais-Ouellette, a réussi à développer l'une des caméras numériques les plus sensibles du monde.

En début d'année, M. Blais-Ouellette et ses associés ont aidé au démarrage d'Optina Diagnostics. Ce nouvel essaimage prend la forme d'un partenariat sous licence. La technologie de Photon Etc. sert ici dans le domaine de l'ophtalmologie, plus précisement dans le dépistage de maladies dégénératives.

Univalor, la société de valorisation de recherche universitaire de l'Université de Montréal, demeure propriétaire de la technologie et titulaire des brevets internationaux protégeant les nano-récepteurs québécois. Photon Etc., qui a obtenu une licence d'utilisation, devra lui verser des redevances.

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PHOTON ETC. EN BREF

- Activité : Développeur et fournisseur d'instruments d'analyse optique et photonique

- Siège social : Montréal

- Employés : 25

- Chiffre d'affaires : N/D

Objectif : Commercialiser des nano-récepteurs (ou nano-traceurs) pouvant, d'une part, aider à poser un diagnostic plus précis et plus rapide dans le domaine médical et, d'autre part, empêcher la contrefaçon des passeports, billets de banque et autres objets de luxe.