La multiplication des appareils électroniques entraîne pour l'environnement des conséquences que tente de limiter la jeune PME montréalaise Électrobac

«On parle beaucoup de compostage, mais les produits électroniques ont un impact important, explique Philip Bénard, PDG d'Électrobac. C'est environ 1 % de ce qui se ramasse dans les sites, mais 70 % des contaminants.»

C'est avec ce genre de données en tête que le jeune homme a pris le pari de fonder son entreprise, au terme de son passage dans les classes de comptabilité de HEC Montréal. Il y avait pourtant une alternative intéressante, un stage dans un cabinet prestigieux.

«Mon entourage n'était pas très chaud à l'idée, surtout avec cette alternative», raconte-t-il.

Qu'à cela ne tienne, il a pris la décision de foncer en décembre 2011. Un premier bac à recycler -- «très laid», prend-il la peine de préciser -- a été installé dans les locaux mêmes de HEC Montréal, histoire de tester le marché. Environ 1500 livres de déchets électroniques y ont été déposées en un an, ce qui a convaincu M. Bénard de son utilité.

Après quelques mois supplémentaires de raffinement du bac, les premiers modèles ont commencé à apparaître dans les universités et les cégeps de la grande région de Montréal en novembre.

Ils accueillent à peu près tous les petits produits électroniques auxquels on pourrait penser : téléphones, appareils photo, GPS, tablettes, liseuses, lecteurs MP3, cartouches d'encre, disques optiques, chargeurs, etc. Les bacs de l'entreprise ont même déjà reçu des épilateurs et des fers à cheveux.

«On les a recyclés», dit M. Bénard, sourire aux lèvres.

Tours de bureaux et épiceries

Après les institutions d'enseignement, Électrobac souhaite s'attaquer aux tours de bureaux et aux épiceries. Le Complexe Desjardins a installé 2 bacs il y a quelques jours, ce qui porte à 32 le nombre total de bacs dans la grande région de Montréal.

Le modèle d'affaires d'Électrobac mise à parts à peu près égales sur la revente des matériaux amassés à des recycleurs certifiés et sur des frais annuels fixes exigés auprès des établissements et institutions où sont situés les bacs.

«Ces établissements n'ont aucune gestion à faire, on s'occupe de tout», explique M. Bénard.

Par ailleurs, les consommateurs qui se départent de leurs appareils électroniques peuvent être assurés qu'ils seront traités au Canada et que les données en seront effacées.

Vaste marché

Tranquillement, grâce entre autres au programme de l'Association pour le recyclage des produits électroniques (ARPE) et aux écofrais, le nombre de points de récupération de produits électroniques se multiplie. L'ARPE-Québec en compte environ 350, en majorité dans des succursales de grands détaillants d'électronique ou des écocentres municipaux.

Ce sont tous des concurrents d'Électrobac, mais le PDG ne s'en inquiète pas.

«Avec le taux de collecte qu'on a au Québec, il y a de la place, dit-il. À peine 6 % des déchets électroniques étaient recyclés en 2008. Le programme des écofrais marche bien pour les gros appareils électroniques, mais pas pour les plus petits. Ce n'est pas vrai que les gens vont se déplacer 30 minutes aller-retour pour aller à l'écocentre jeter des téléphones portables.»

Âgé de 23 ans, Philip Bénard a choisi de ne pas avancer seul dans l'aventure de l'entrepreneuriat. Il compte sur deux mentors et une «coach d'affaires».

«Il y a tellement d'erreurs stupides qu'on peut éviter en travaillant avec quelqu'un qui a de l'expérience. À la base, par exemple, je pensais simplement vendre des bacs. Ce sont eux qui ont réorienté le plan d'affaires.»