L'implantation d'une coopérative de travailleurs actionnaires (CTA) au sein d'une PME vient avec ses bons et ses moins bons côtés. Pourquoi l'implanter? Quoi considérer avant de le faire?

Des experts se penchent sur ces questions.

> 1. La CTA, un mécanisme engageant: «Le rachat d'entreprise ou le transfert de relève sont deux situations où la CTA a sa place, souligne Stephan Morency, directeur de portefeuille principal à Fondaction. La CTA permet d'engager les employés dans la réalité de l'entreprise. Lorsqu'il y a un changement de propriétaire, il y a parfois aussi un changement de direction, et avec la CTA, les employés font partie du projet d'entreprise et peuvent l'analyser en même temps qu'il se fait.»

> 2. Un outil de mobilisation: «Il peut y avoir plusieurs raisons d'implanter une CTA, souligne Nada Elkouzi, agente de développement à la Coopérative de développement régional de Montréal-Laval. Ça peut être une mesure de rétention des employés, particulièrement dans les secteurs où les ressources humaines sont très importantes, comme dans les hautes technologies. Pour l'entreprise, c'est aussi une façon de bénéficier d'un partenaire financier interne ou d'un levier pour chercher du financement extérieur.»

> 3. Pas une bouée de sauvetage pour les employés: «Au départ, le modèle de CTA avait été mis sur pied dans une perspective de pouvoir soutenir des entreprises en difficulté, explique Nada Elkouzi. On s'est par contre rendu compte que le modèle ne réussissait pas toujours. Si l'entreprise se dirige vers la faillite, on aggrave les choses en créant une CTA: on met en péril non seulement des emplois, mais aussi des investissements.»

> 4. Un processus long: Implanter une CTA ne se réalise pas du jour au lendemain, souligne Stephan Morency. «La CTA n'est pas une solution d'urgence, dit-il. Ça peut prendre de six mois à un an à mettre en place. Les employés doivent comprendre l'ensemble du projet, le gouvernement doit émettre une charte et Investissement Québec doit aussi donner son aval. Il y a beaucoup d'intervenants.»

> 5. Un travail supplémentaire pour des employés: «La CTA est un instrument très différent d'un instrument d'investissement traditionnel, explique Stephan Morency. Les employés ne sont pas actionnaires de l'entreprise, c'est la coopérative qui l'est, et ce sont les employés qui organisent la coopérative. Il faut donc compter sur des employés qui sont prêts à prendre le leadership pour implanter le modèle coopératif dans l'entreprise.»

> 6. Un employé au conseil d'administration: En prenant part au capital-actions de l'entreprise, la CTA obtient un siège à son conseil d'administration (CA). Ce siège est occupé par l'un des employés membres de la CTA. «Ce ne sont pas toutes les entreprises qui veulent avoir un employé à leur CA, souligne Stephan Morency. On y parle de questions très délicates qui pourraient avoir un impact important sur la vie des employés.»

> 7. Un poste au CA difficile à occuper: «De son côté, l'employé qui siège au CA se retrouve entre deux eaux, souligne Stephan Morency. Il reçoit de l'information qu'il ne peut pas divulguer aux autres employés, parce que, comme tout autre administrateur, il a un devoir de confidentialité. Il ne représente pas les employés au CA: il représente les intérêts de la CTA comme actionnaire.»