Ils sont fringants, veulent manger les bandes et ont à coeur de produire des résultats tangibles: les travailleurs de la génération Y ont de quoi offrir aux PME du Québec. Grand bien leur fasse, c'est dans celles-ci qu'ils préfèrent se retrouver.

Voilà l'un des constats que rapportent les spécialistes en ressources humaines lorsqu'on les interroge au sujet des jeunes nés après 1980. Selon eux, il n'y a pas d'ambiguïté: les Y sont forgés pour la PME.

«Lorsqu'ils sortent de l'école, les jeunes vont souvent aller dans la grande entreprise pour ensuite partir quelques mois plus tard et se retrouver dans des entreprises de plus petite taille», dit Catherine Privé, présidente et chef de la direction d'Alia Conseil, firme spécialisée dans le développement organisationnel.

Selon elle, le fait que le marché du travail offre plusieurs occasions d'emploi explique seulement en partie la situation. La personnalité même de ces travailleurs serait plutôt en cause.

«Ce sont des travailleurs intéressés par le mouvement et qui carburent à l'apprentissage, indique-t-elle. Ils veulent aussi du «feedback» régulier, voire quotidien, et ont de grandes attentes à l'égard de leurs supérieurs immédiats. Je les appelle mes employés cadre de porte».

Productivité et efficacité

Andrée Mercier, vice-présidente principale chez Aon Hewitt, abonde dans le même sens. Selon elle, les Y se distinguent aussi par leur besoin de se sentir productifs et efficaces. «Si le Y travaille avec des outils qui ne performent pas ou qu'il y a beaucoup de bureaucratie dans l'organisation, il pourrait aller voir ailleurs, dit-elle. L'action se passe rapidement pour eux: ils veulent des défis, mais souhaitent aussi voir des résultats rapidement.»

Ces traits de personnalité s'inscrivent parfaitement dans les environnements moins hiérarchisés qu'offrent les PME, selon Andrée Mercier. «La beauté de la PME, c'est qu'elle peut facilement créer une ambiance conviviale qui est propice aux rétroactions de la part des collègues, des patrons, et des clients, explique-t-elle. Dans la petite entreprise, ça vient plus naturellement de par la proximité des gens.»

L'avènement de ces nouveaux travailleurs demande toutefois un certain ajustement de la part de leurs supérieurs immédiats. «Ça rend le travail des gestionnaires très exigeant», souligne Catherine Privé.

Voilà pourquoi la spécialiste Andrée Mercier recommande aux dirigeants de PME de porter une attention particulière à la personnalité des gestionnaires en place dans leur entreprise. «Si on vise les Y, il faut un gestionnaire qui aime parler à ses employés, qui va se montrer flexible pour accommoder leurs demandes et qui n'a pas peur de prendre des risques et va les laisser essayer des choses.»

Un mémoire en appui

Les conclusions des deux spécialistes en ressources humaines rejoignent celles de Mélanie Brunette, diplômée en relations industrielles de l'Université de Montréal qui avait fait du travail des Y dans les PME son sujet de mémoire.

Dans une entrevue accordée dernièrement à la revue FORUM, celle-ci expliquait que les PME auraient tout avantage à anticiper l'arrivée des Y dans leur entreprise plutôt que de réagir à celle-ci.