À l'impossible, nul n'est tenu. Mais ce n'est pas faute d'avoir essayé, comme en fait foi le cas de Stéphane Paradis. Depuis qu'il a été nommé directeur général de D-Gel, il y a deux ans, ce gestionnaire s'évertue à rapatrier de l'Asie vers le Québec la majorité des activités de fabrication et d'approvisionnement de cette PME d'Acton Vale.

D-Gel est manufacturier et distributeur d'équipements sportifs, dont les spécialités sont le ballon sur glace, la ringuette et le DEK hockey (hockey-balle). Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ces trois marchés sont en croissance un peu partout sur la planète.

Embauché en 2011 par les cinq membres de la famille Garner (unique actionnaire de D-Gel), Stéphane Paradis a reçu le mandat de redynamiser une entreprise en perte de vitesse.

Le nouveau DG a remporté son pari haut la main. La PME de 10 employés, dont les ventes annuelles s'élèvent à moins de 5 millions, est désormais présente dans 22 pays, dont le Japon (avec ses équipements de ballon balai) et les îles Turks-et-Caicos (où le DEK hockey fait un malheur).

Mais revenons à nos moutons. Est-ce parce qu'il est idéaliste que Stéphane Paradis n'est pas un adepte du «made in Asia» ?

«Faire fabriquer en Asie, c'était big il n'y a pas si longtemps, dit-il. C'est de moins en moins le cas. On ne prend peut-être pas le chemin le plus court, mais on a une conscience sociale. Faire affaire avec des entreprises d'ici n'est pas nécessairement moins cher. Mais une partie de mon travail, c'est de ramener de la job au Québec.»

Problème de taille

Dans une MRC comme celle d'Acton, où la croissance est anémique, la venue d'un gestionnaire comme Stéphane Paradis, 42 ans, est quasiment une providence.

Le dirigeant fait toutefois face à un problème de taille: ses volumes de production sont relativement petits. «Quand je vais à la rencontre d'entrepreneurs québécois pour faire de la business, la plupart d'entre eux ne me prennent pas au sérieux. Ils me regardent comme si j'étais un monstre à deux têtes», déplore celui qui a été propriétaire pendant 15 ans d'une importante PME québécoise de distribution d'articles de sports.

Le chef d'entreprise a tout de même réussi ces derniers mois à ramener dans la Belle Province la production des manches en aluminium de ses bâtons de ballon sur glace. Aussi: sa matière première pour la partie «balais» de ces mêmes bâtons ne provient plus des États-Unis, mais plutôt de Saint-Laurent.

«Et pour nos chaussures de ballon sur glace [fabriquées actuellement en Asie], je suis allé voir un fabricant québécois de bottes, une université et même un centre de recherche scientifique. Tout était beau sur papier, mais rien de concret n'est ressorti de mes démarches. Au lieu de 89$, il aurait fallu que je vende mes souliers 750$ la paire. Ce n'est pas logique», dit-il.

En Thaïlande

Toutefois, le patron de D-Gel est conscient que la vertu a ses limites. Pour des raisons de concurrence, sa PME doit encore faire fabriquer une partie de sa production en Asie. Mais plus en Chine. Tout est désormais centralisé en Thaïlande. Cela a encore l'avantage de coûter moins cher. Mais, d'un autre côté, D-Gel se fait copier de façon systématique, voire éhontée.

Tout en continuant à chercher des façons de ramener des emplois au Québec, Stéphane Paradis s'est fixé un autre objectif, et de taille celui-là: que D-Gel, fondée en 1976, soit le meilleur du monde dans les articles de sports de niches.

«Ça peut paraître prétentieux, mais on a la volonté et surtout la capacité de développer des produits et des marchés dans des disciplines qui sont en émergence. Nous sommes petits et nous pouvons nous retourner sur un 10 cents. Il suffit d'être à l'affût et d'avoir des idées», explique M. Paradis.

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D-GEL EN BREF

- Activités: manufacturier et distributeur d'équipements sportifs (ballon sur glace, ringuette et DEK hockey

- Employés: 10

- Croissance: 27% (2012)

- Chiffre d'affaires: moins de 5 millions

- Marché: présent dans 22 pays