Les petites entreprises craignent que les paiements par téléphones intelligents ne fournissent aux banques et compagnies de cartes de crédit un prétexte pour leur imposer de nouveaux frais de même qu'aux consommateurs.

Il y a près d'un an, un groupe de travail a recommandé qu'Ottawa dépose un projet de loi pour offrir aux entreprises et aux consommateurs canadiens de meilleurs outils pour effectuer des paiements numériques.

Mais un comité du ministère fédéral des Finances chargé d'étudier le dossier plus en profondeur s'est fait dire que les entreprises se méfiaient des frais qui pourraient voir le jour avec les nouveaux systèmes de paiements pour appareils mobiles.

La Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) affirme que ses membres sont «terrifiés» par la perspective que ces frais puissent représenter un fardeau trop important, tout comme ceux facturés pour les cartes de crédit de prestige.

«Les marchands ont été étouffés sous les frais par les compagnies de cartes de crédit lorsqu'elles ont mis en marché les cartes de prestige il y a quelques années», a déclaré le président de la FCEI Dan Kelly.

«Les commerçants sont donc absolument pétrifiés par la possibilité que les paiements mobiles et par téléphone cellulaire représentent la prochaine vague de frais imposés par les banques, les compagnies de crédit et, potentiellement, de nouveaux arrivants.»

Plusieurs pays européens, asiatiques et africains ont rapidement adopté des systèmes qui permettent d'effectuer des paiements à l'aide de téléphones intelligents. Certains pays d'Europe ont presque entièrement fait disparaître le besoin d'utiliser des chèques.

Plusieurs de ces États ont d'ailleurs imposé des restrictions aux frais associés à ces paiements numériques.

Le gouvernement Harper s'est montré réticent à dicter des normes aux banques et entreprises de crédit au sujet des frais imposés aux consommateurs et aux entreprises.

Le Bureau de la concurrence devrait toutefois publier un édit, cet automne, à propos des règles imposées aux commerçants par les compagnies de crédit du pays.

Parmi ces règles, on retrouve l'obligation, pour les détaillants, d'accepter toutes les cartes de crédit - y compris les cartes de prestige qui englobent des frais élevés - sans toutefois leur donner le droit de gonfler leurs prix pour tenter de compenser ces coûts supplémentaires.

Voilà pourquoi les entreprises canadiennes - mécontentes de devoir payer des frais pour que des consommateurs bénéficient de leur loyauté envers une compagnie de crédit - devraient adopter les systèmes de paiement mobile qui leur donnent la possibilité de mettre sur pied leurs propres programmes de fidélité, affirme Pat Meredith, qui a dirigé le Groupe de travail sur l'examen du système de paiement.

«Le portefeuille numérique a la possibilité d'offrir (aux entreprises) un nombre illimité de cartes avec un programme de fidélité», a-t-il dit.

Du côté du Nouveau Parti démocratique, le porte-parole en matière de protection des droits des consommateurs, Glenn Thibeault, a déposé lundi un projet de loi d'initiative parlementaire demandant au gouvernement de donner suite aux recommandations du groupe de travail.