Ellicom, de Québec, est sur le point d'inaugurer un studio de production à Casablanca au Maroc. Du coup, la PME se positionne afin, dit-elle, de profiter de la forte croissance mondiale dans le domaine de la formation en ligne, également connue sous le vocable e-learning.

L'entreprise de 80 employés est sur une lancée. Au cours des cinq dernières années, elle a connu une croissance de plus de 1000%. En 2009 et 2011, grâce à une formation commandée par Bombardier Transport, la PME a raflé un prix au concours américain Brandon Hall, lequel récompense les meilleures formations en ligne. Dans la foulée, elle coiffait au poteau des géants comme Cisco, Oracle et autres McDonald's.

La PME, dirigée par Hugues Foltz, 32 ans, se présente comme un intégrateur de solutions pour la formation en ligne. Son équipe est composée d'une trentaine de pédagogues, de graphistes et autres animateurs en 3D. Bref, elle peut monter de A à Z des programmes de formation interactifs pour les entreprises privées et publiques, voire les maisons d'enseignement. Ses clients s'appellent Air Canada, Bombardier, Intact Assurances, Desjardins, la SAQ, le Collège LaSalle, etc.

C'est entre autres par son association professionnelle avec le Collège LaSalle qu'Ellicom a choisi d'ouvrir de nouveaux bureaux au Maroc. Le collège montréalais y possède déjà deux campus et connaît très bien ce pays d'Afrique du Nord. «C'est vrai, ça nous a facilité les choses. Il y au Maroc une grande disponibilité de la main-d'oeuvre et de très bonnes écoles de formation ayant une orientation techno. En plus, on y parle français et les coûts d'implantation sont peu élevés», affirme Hugues Foltz, coactionnaire avec trois autres partenaires.

Cette nouvelle présence à l'étranger n'est pas «un coup de dés», mais un exercice mûri qui devrait permettre à Ellicom de prendre du galon outre-mer. La PME, fondée en 2002, réalise 95% de son chiffre d'affaires (environ 5 millions) en Amérique du Nord. Les 5% résiduels proviennent d'Europe et plus particulièrement de France, où l'entreprise québécoise a décroché un important contrat avec la Direction générale de l'aviation civile (DGAC), l'organisme qui gère les aéroports de France.

Ce nouveau contrat avec le DGAC est le fruit d'une entente de partenariat entre Ellicom et e-doceo, un géant français du e-learning qui compte plus de 2 millions d'utilisateurs et plus de 900 clients dans le monde.

Les nouvelles installations marocaines de la PME québécoise, où moins de 10 personnes travailleront au début, serviront à la fois de studios de production et de bureaux de vente. Elles permettront également à Ellicom d'être à proximité de clients miniers pour lesquels elle conçoit déjà du matériel de formation, notamment en Mauritanie et à Madagascar.

En demande

Selon Hugues Foltz, la formation en ligne représente un enjeu important. Pas seulement dans les entreprises privées, mais également dans les universités. «Aux États-Unis, les universités se font la lutte et les fonds de capital de risque commencent à investir des milliards dans le domaine. Ici au Québec, on est malheureusement en retard sur ce qui se fait aux États-Unis», dit celui qui prévoit une croissance interne d'au moins 20% au cours des cinq prochaines années.

Par ailleurs, la formation en ligne arrive à point nommé dans un contexte de vieillissement de la population et, par conséquent, de rareté de la main-d'oeuvre. «Mettre au point des formations en ligne qui permettent de capter et de retransmettre les connaissances des travailleurs-clés qui sont sur le point de prendre leur retraite est un autre enjeu important», affirme le président d'Ellicom.

Évidemment, dit-il, la formation en ligne n'est pas une panacée, fût-elle ludique et extrêmement bien conçue. Elle ne remplacera pas la formation traditionnelle dans une classe. Mais elle peut toutefois agir comme «outil complémentaire», croit Hugues Foltz. D'où l'importance de créer des produits de très grande qualité.

Au Québec, Ellicom se bat principalement contre Bell et CGI. Sinon, la PME fait partie des plus importants acteurs dans son secteur. Son plus proche rival, quant au nombre d'employés et au volume d'affaires, vient d'Ontario et s'appelle «Desire 2 Learn». Évidemment, Ellicom suscite la convoitise et ce ne sont pas les offres d'achat à son égard qui manquent.

«Nous ne voulons pas vendre; nous voulons continuer à faire croître l'entreprise», soutient Hugues Foltz, sacré entrepreneur de l'année au Québec dans le cadre du concours Arista organisé par la Jeune chambre de commerce de Montréal.