Pour un SHAN et un Ellicom qui ont réussi à s'implanter à l'extérieur du pays, trop peu de PME osent sortir de nos frontières. Alors qu'un concours incitant les PME à se tourner vers l'international vient d'être lancé, des dirigeants des organismes EDC et MEQ brossent un tableau de la situation.

Une centaine de PME à fort potentiel de la région de Montréal hésitent à exporter en raison des coûts initiaux liés au démarchage des marchés étrangers. «Elles perçoivent beaucoup d'obstacles, dit Simon Prévost, président de Manufacturiers et Exportateurs du Québec (MEQ). Elles perçoivent que c'est coûteux et qu'il n'est pas certain que ce sera profitable.»

Pour leur donner un coup de main, le milieu des affaires a donc organisé un concours à l'intention des PME dont les gagnants se verront offrir 25 000$ en divers services d'aide et d'accompagnement à l'exportation, incluant une participation à une mission commerciale à l'étranger.

Le concours Passeport PME a été lancé hier à Montréal par la chambre de commerce du Montréal métropolitain et par Québec International, dans la région de Québec. L'objectif est de sélectionner 20 PME et de les accompagner dans leur conquête des marchés à l'exportation. La PME doit avoir un chiffre d'affaires annuel de 1,5 million à 25 millions. Les candidatures sont acceptées jusqu'au 14 juin. Si elles sont retenues, les entreprises doivent verser 3500$ chacune comme preuve de leur sérieux.

«Il y a des entreprises qui sont nerveuses à l'idée d'exporter parce que ça leur coûte trop cher, explique Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce. Aller en Chine, par exemple, ça leur coûte 10 000$. On leur dit, ça va vous coûter juste 3500$. On va vous amener en Chine pour le tiers du prix, mais en plus, on vous met en contact avec une panoplie de spécialistes qui aideront à maximiser l'impact de votre mission en Chine.»

La Chambre compte la Caisse de dépôt et placement ainsi que la Banque Nationale comme partenaires privés. Le gouvernement du Québec injecte 220 000$ dans le concours cette année.

Au-delà du concours

Avec 13,6% de ses entreprises actives à l'internationale, comparativement à 19,9% ailleurs au Canada, le Québec exporte moins qu'il ne le devrait. Les promoteurs de Passeport PME souhaitent que leur initiative contribue à terme à réduire l'écart entre le Québec et les autres provinces canadiennes à ce chapitre. «Les PME manufacturières, par exemple, savent que le marché du Québec n'est pas assez grand pour assurer leur survie, dit Simon Prévost. Elles n'ont pas le luxe de rester ici.»

«Ce qui est important, c'est que les entreprises diversifient le marché à l'exportation pour grandir, explique Julie Pottier, vice-présidente Québec, d'Exportation et développement Canada (EDC). Il faut regarder plus qu'un marché idéalement. Comme ça on n'est moins vulnérable.»

Quand elles emboîtent le pas, les PME se tournent d'abord vers les États-Unis, puis vers le reste du Canada et l'Europe, selon un sondage Léger Marketing réalisé à l'automne 2010. «On voit de plus en plus les PME essayer de diversifier leur marché, particulièrement vers les pays émergents, comme le Mexique, la Chine et l'Inde, dit Julie Pottier. Au Brésil aussi, un peu plus qu'auparavant. Mais, reste qu'il faudrait qu'il y en ait plus qui exportent.»

Selon l'EDC, il y avait 8001 exportateurs au Québec en 2010, soit une baisse de 9,7% comparé à 2009.

---------------

EN CHIFFRES

8001

Nombre d'entreprises exportatrices du Québec en 2010

- 9,7%

Baisse du nombre d'entreprises exportatrices de 2009 à 2010

13,6%

Pourcentage des entreprises du Québec actives à l'internationale