Les PME sont prêtes à faire leur part pour aider leurs employés à épargner en vue de la retraite... tant que cela ne leur coûte rien et ne leur demande que peu d'efforts.

La vaste majorité des PME croient que tous les employeurs devraient être forcés d'offrir un régime de retraite à leurs employés. Au Québec, les trois quarts (74%) des dirigeants de PME sont de cet avis, révèle un sondage Léger Marketing publié hier.

L'idée d'un régime de retraite obligatoire récolte un appui important au Canada (71%), selon le sondage mené auprès de 800 PME dans toutes les provinces.

À cet égard, les PME voient d'un très bon oeil l'arrivée du Régime de pension agréé collectif (RPAC) qu'Ottawa veut mettre en place. Après deux ans de consultation, le gouvernement a déposé son projet de loi-cadre en novembre dernier. Le RPAC vise à offrir un régime de retraite clés en main à tous les travailleurs qui n'en ont pas, souvent des employés de PME ou des travailleurs autonomes.

Parmi les PME qui n'offrent pas de régime de retraite, près de 70% se disent intéressées à offrir le RPAC, démontre le sondage.

Solution simple

Le RPAC se veut une solution simple et peu coûteuse. L'épargne sera confiée à un administrateur (comme une compagnie d'assurances) qui devra gérer le programme à faibles coûts, insiste Ottawa. Les employeurs ne seront pas tenus d'y contribuer. Les employés seront automatiquement inscrits, pour faire mousser le niveau d'adhésion, mais ils pourront se retirer à leur guise.

Plus des deux tiers des PME sondées (69%) s'attendent à ce que leurs employés soient intéressés par le RPAC. «Il y a vraiment un appétit de la part des employeurs et des employés pour le RPAC», constate Yves Millette, vice-président principal au Québec de l'ACCAP.

«Avec le vieillissement de la population, ça semble être une préoccupation pour les employeurs de recruter et de retenir la main-d'oeuvre, et les avantages sociaux sont une façon d'y parvenir», explique-t-il.

Le RPAC aidera les PME à offrir des avantages sociaux à la hauteur. «Ça peut être un outil intéressant pour l'employeur qui veut être compétitif pour retenir sa main-d'oeuvre qualifiée», confirme Norma Cozhaya, directrice de la recherche et économiste en chef au Conseil du patronat du Québec.

Obligatoire ou volontaire

Au Québec, tous les employeurs qui n'ont pas de régimes de retraite pourraient être carrément forcés d'offrir le RPAC qui a été rebaptisé Régime volontaire d'épargne-retraite (RVER). À l'heure actuelle, trois PME sur cinq (60%) n'offrent aucun régime de retraite, selon le sondage de l'ACCAP. Les régimes de retraite sont encore plus rares dans les petites entreprises de moins de 100 employés.

Or, la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) s'oppose fermement à l'idée d'un régime de retraite obligatoire, même si l'employeur n'est pas forcé de cotiser.

«Ce serait utopique de penser que les propriétaires de petites entreprises au Québec sont capables de payer, surtout quand on sait que les taxes sur la masse salariale sont déjà les plus élevées», dit Martine Hébert, vice-présidente pour le Québec de la FCEI.

«Le RVER est une bonne chose dans la mesure où ça demeure volontaire pour les employeurs», insiste-t-elle. La Fédération craint que le RVER ajoute un fardeau administratif «cauchemardesque» aux PME, surtout celles qui ont un roulement de personnel élevé, par exemple un restaurant qui compte beaucoup de travailleurs saisonniers.

«Les petites entreprises croulent sous un fardeau administratif et réglementaire énorme, dit Mme Hébert. Je ne pense pas qu'elles veuillent se faire ajouter des obligations.»

La vaste majorité des PME (64%) sont intéressées à offrir le RPAC à leurs employés.

- L'intérêt est encore plus vif (68%) parmi les PME qui n'ont pas de régime de retraite, soit trois PME sur cinq.

- Les employés seront aussi intéressés par le RPAC, prédisent les deux tiers (69%) des PME.

- Près des trois quarts des PME (71%) croient que tous les employeurs devraient être obligés d'offrir un régime de retraite.

Source: Sondage Léger Marketing réalisé pour l'Association canadienne des compagnies d'assurances de personnes (ACCAP) auprès de 803 PME au Canada, du 6 au 15 décembre 2011.