Boulangerie Saint-Méthode, l'une des dernières boulangeries d'importance appartenant à des intérêts québécois, prépare son entrée sur le marché américain. Forte de sa croissance de 21% en 2011, l'entreprise de Chaudière-Appalaches cherche un nouveau terrain de jeu. Elle prévoit vendre ses premiers pains au sud de la frontière d'ici à la fin de 2012.

Actuellement sur une lancée, la PME devrait sous peu enregistrer un chiffre d'affaires de 50 millions de dollars. Optimistes, les cinq frères Faucher, copropriétaires de l'entreprise, visent le seuil des 100 millions d'ici quelques années si, bien sûr, les exportations sont au rendez-vous.

L'entreprise d'environ 300 employés continuera à miser sur ce qui la différencie: les pains haut de gamme entrant dans la catégorie «santé», c'est-à-dire dont certains sont sans gras et sans sucre, à base d'huile d'olive, faibles en sodium, etc.

«Ça fait trois ans qu'on travaille sur le marché américain. On pourrait déjà être en train d'y vendre du pain. Mais on nous offrait le créneau du pain bas de gamme, ce qui ne nous intéresse pas. On aime mieux attendre et vendre des produits dans un secteur de créneau où les marges bénéficiaires sont plus intéressantes», affirme Benoit Faucher, directeur général.

À l'automne, la PME québécoise a participé à une mission commerciale à Las Vegas sous la supervision du Groupe Export agroalimentaire Québec-Canada. En 48 heures, Boulangerie Saint-Méthode a rencontré quelque 40 clients. Des «ententes potentielles» ont été conclues avec cinq d'entre eux, souligne M. Faucher.

«Nous allons continuer à percer le marché québécois, où il y a encore un beau potentiel de croissance. Mais on ne veut plus être dépendants du marché local.»

«Le goût des consommateurs américains a changé. Nos produits les intéressent beaucoup. Vendre entre 15% et 20% de notre production à l'extérieur du Québec serait l'idéal pour nous. On veut entrer aux États-Unis, mais aussi devenir le leader du pain santé dans l'est du Canada», dit-il.

Afin de répondre à une éventuelle demande, la PME, qui produit près de 400 000 pains par semaine, prévoit avant tout optimiser sa productivité. Pas question d'acquisition ni d'agrandissement, du moins, pas à court terme. «Il faut garantir du volume avant de faire des investissements importants», explique Benoit Faucher.

Boulangerie Saint-Méthode semble avoir appris sa leçon. En 2005, elle a évité la faillite en ayant recours à la Loi sur les arrangements avec les créanciers. L'acquisition des boulangeries Demers et Marchand de même qu'une association avec le fabricant de gâteaux américains Little Debbie avaient failli faire péricliter l'entreprise familiale fondée en 1947.

La PME vend 95% de ses pains au Québec, grâce à un système de distribution qu'elle a elle-même chèrement mis sur pied au fil des ans. Ce réseau lui profite grandement aujourd'hui et explique en partie le succès de cette entreprise située aux confins de la Beauce, près de la frontière américaine. La PME est également présente dans la région d'Ottawa (4% de ses ventes) et dans quelques îles des Antilles (1%).

L'entreprise agroalimentaire dit occuper près de 9% du marché québécois du pain tranché. Ce qui est peu par rapport à ses principaux concurrents, Weston et Canada Bread, lesquels occupent la majorité de l'espace tablette dans les supermarchés.

Fait intéressant: même si l'industrie du pain tranché demeure stable depuis quelques années, Boulangerie Saint-Méthode affirme gagner des parts de marché année après année. Au point de déranger la concurrence. «C'est rendu qu'ils imitent nos produits», dit Benoit Faucher.