Après presque trois ans de préparation, James Groundwater est fin prêt à s'attaquer au marché chinois. Le directeur général de Beel Technologies lance ces jours-ci la quatrième génération de son testeur de radar secondaire pour le contrôle du trafic aérien. Un produit novateur qui devrait lui ouvrir toutes grandes les portes de l'empire du Milieu, lequel compte investir des milliards dans la construction d'une cinquantaine d'aéroports d'ici cinq ans.

Le MasterPoint S3, le tout nouveau produit de Beel Technologies, une entreprise de Brossard, est commercialisé depuis à peine quelques jours. Il est tellement attendu que des pays comme l'Italie, la Norvège et la Suisse en avaient commandé un exemplaire à l'avance, dit M. Groundwater.

Police d'assurance

Cette console à peine plus petite qu'une caisse de 24 bouteilles de bière vaut près de 70 000$. Elle simule les signaux qu'un avion envoie à une tour de contrôle. Ce testeur valide les informations que les contrôleurs aériens reçoivent. Bref, c'est le point de référence qui prouve si les données des radars de l'aéroport sont justes ou pas. Une sorte de police d'assurance.

Beel se présente comme un leader mondial dans son domaine. Sa concurrence vient surtout d'Europe et des États-Unis. «L'entreprise existe depuis plus de 40 ans. Mais moi, je n'y travaille que depuis six ans. Je suis toujours étonné, quand je vais dans des foires commerciales à l'étranger, du nombre de gens qui viennent me serrer la main et me dire combien ils aiment les produits de Beel», dit le DG de la PME.

Beel Technologies développe et fabrique déjà trois modèles de testeurs de radars vendus entre 25 000$ et 65 000$. Son savoir-faire lui a permis d'être connu aux quatre coins de la planète. Les équipements de la PME québécoise sont utilisés dans les aéroports d'au moins 70 pays.

L'entreprise a aussi développé des marqueurs servant à identifier les points stratégiques dans les aéroports (hangars, réservoirs de combustible, début et fin de la piste d'atterrissage, etc.).

Grâce à la quatrième génération de son MasterPoint S3, l'entreprise croit pouvoir augmenter ses parts de marché. Entre autres innovations, le testeur de la PME québécoise peut être contrôlé à distance à partir d'un téléphone intelligent. Et les composantes de sa technologie sont cryptées, ce qui rend le produit difficile à copier.

La patience est de mise

«La Chine est maintenant à notre portée. C'est un long processus, mais je m'y attendais. J'ai participé à une mission commerciale en 2009 avec le MDEIE (ministère du Développement économique, de l'Innovation et de l'Exportation) et j'ai compris que la patience est de mise quand on veut faire des affaires avec la Chine. Nous sommes actuellement en pourparlers pour trouver un représentant sur place», explique James Groundwater.

L'entrepreneur de 36 ans et coactionnaire de la PME de 10 employés prévoit réaliser ses premières ventes au pays de Mao d'ici 12 mois. Le chef d'entreprise se plaît d'ailleurs à dire qu'il a pu compter sur l'appui du Conseil national de recherches Canada (CNRC). Non seulement dans le développement de son nouveau produit, mais aussi dans sa prospection en Asie. «Le CNRC nous a mis en contact avec d'autres entrepreneurs qui ont réussi à percer le marché chinois», raconte M. Groundwater.

Beel Technologies préfère taire son chiffre d'affaires. James Groundwater affirme toutefois que les revenus de l'entreprise ont doublé depuis qu'il est entré en poste, en 2005. Si les ventes sont au rendez-vous dans l'empire du Milieu, le chef d'entreprise prévoit à nouveau doubler ses revenus.

Ingénieur de formation, James Groundwater s'est joint à l'entreprise alors que celle-ci faisait du surplace. Les propriétaires de l'époque, également actifs dans d'autres entreprises, n'avaient tout simplement pas le temps de s'occuper de Beel Technologies.

Le passé entrepreneurial de M. Groundwater (à 13 ans, il vendait des ordinateurs dans le sous-sol de la maison familiale) a refait surface et la PME connaît depuis une croissance ininterrompue. James Groundwater et Peter Sakaitis sont les principaux actionnaires de Beel Technologies depuis 2007.