Quinze ans plus tôt, le Groupe Maurice n'existait pas. Aujourd'hui, son président, Luc Maurice, dirige un réseau de 15 résidences avec 5200 locataires, 1180 employés et des revenus annuels de 100 millions. Trois autres complexes sont actuellement en construction et six autres sortiront de terre d'ici quatre ans pour des investissements frôlant le demi-milliard de dollars. C'est ce qu'on appelle de l'entreprenariat.

À une époque où la négligence des personnes âgées fait les manchettes régulièrement, Luc Maurice fait du bien-être des personnes retraitées sa cause personnelle.

«Ma mission dans la vie, c'est de prendre soin des personnes âgées et de faire en sorte qu'elles se sentent bien», dit-il à La Presse Affaires au cours d'une entrevue réalisée au siège social, dans le quartier Bois-Franc, à Saint-Laurent.

«J'essaie aussi de mobiliser mes employés en essayant d'être le plus cohérent possible et en démontrant le plus d'humanisme. Si le client est bien chez nous, il va rester et il va le dire à ses proches.» Celui qui occupe la vice-présidence du Regroupement québécois des résidences pour aînés (RQRA) se targue d'avoir dans ses résidences le taux d'occupation, à 97,3%, le plus élevé de l'industrie. Le loyer moyen pour un trois et demi s'élève à 1550$ sans les repas. Au Québec, le taux d'occupation moyen dans les résidences spécialisées est à 91,9%.

Avant de lancer le Groupe Maurice en 1998, l'homme d'affaires de 55 ans a été pilote dans ce qui s'appelle maintenant l'aviation royale canadienne. Ses études, il les a faites au Collège militaire de Saint-Jean. Par la suite, il a décroché un MBA à l'Université d'Alberta. Ancien aide de camp de la gouverneure générale, Jeanne Sauvé, il a ensuite travaillé au Canadien National sous les ordres de Paul Tellier.

Une résidence, un village

M. Maurice comprend le besoin de ses locataires de socialiser. «Si je fais en sorte qu'une nouvelle personne entre chez nous et puisse identifier, dans les six premiers mois, trois personnes avec qui elle a des atomes crochus, j'ai fait une maudite bonne job», dit-il.

Luc Maurice voit ses 15 résidences comme autant de villages dont il est le maire ou l'ombudsman. Selon lui, il est fondamental d'avoir un ombudsman dans la vie. «À 80 ans, si je suis en résidence et que je suis frustré à propos d'un employé ou de mon appartement et que je n'ai pas l'écoute du gérant, j'aimerais ça parler au boss.»

Il dit songer très sérieusement à ouvrir un tel poste au Groupe Maurice. En attendant, ses administrés le joignent sur son cellulaire où lui écrivent un courriel. Un résidant sur cinq est abonné à l'internet. Dans ses plus récents complexes, la moyenne d'âge est passée sous la barre des 75 ans.

L'industrie québécoise des résidences pour personnes âgées évolue sans cesse. Du concept de chambres et pension d'il y a 15 ans, les concepts se sont raffinés au point où le taux d'attraction des résidences atteint maintenant 17,6% de la population âgée de 75 ans et plus, plus du double de la moyenne canadienne, confirme Kevin Hughes, économiste principal de la Société canadienne d'hypothèques et de logement pour le Québec.

À quoi ressemblera la résidence de l'avenir? Luc Maurice cite en exemple le complexe Les Jardins Millen, en construction aux abords de la station de métro Henri-Bourassa, à Montréal. Selon lui, la résidence de demain ressemblera à un complexe de quasi-condos en ce qui a trait à la grandeur et à la qualité des logis.

La résidence devra être située près des services commerciaux et communautaires. Les futurs locataires des Jardins Millen logeront au-dessus d'une bouche de métro, en face du parc Ahuntsic. À l'intérieur, ses résidants pourront avoir accès à un marché IGA, une pharmacie, une clinique et deux restos. Quand vient le temps de concevoir une résidence, «il faut penser à la personne âgée avant de penser à la personne malade», croit-il.

«Je souhaiterais que dans les écoles, à partir du secondaire, chaque année, un ou deux entrepreneurs viennent faire une présentation. J'aimerais aussi que les classes visitent une usine ou une entreprise pour mieux connecter l'entreprenariat avec le Québécois. Ça me paraît important pour avoir un Québec plus entrepreneurial.»

Lisez l'article La solution de Luc Maurice au financement des retraites sur www.lapresse.ca/maurice