Quatre ans après l'ouverture de son restaurant, à un âge où certains pensent à la retraite, Francine Brûlé est prête à avoir d'autres «enfants terribles».

Le restaurant Les enfants terribles aura un petit frère sous peu. «À l'extérieur de l'île», dit la propriétaire Francine Brûlé, sans préciser davantage. Mais identique à celui de l'avenue Bernard à Outremont, aux murs en bois et au menu façon brasserie montréalaise.

Après quatre ans passés à travailler à plein régime, le temps est venu d'agrandir la famille. «On a remboursé à 100% notre investissement en trois ans, explique Francine Brûlé. On est devenus rentables en 2010. Notre chiffre d'affaires est en hausse de 52% par rapport à septembre 2010. Et 2011 s'annonce une très bonne année.»

La propriétaire n'aurait pu croire à une telle situation en 2008, l'année de l'ouverture de son resto à l'emplacement de l'ancien Vasco da Gama. Elle arrivait du milieu de la mode (agent, distributeur) et s'est lancée en restauration, à 53 ans et après un investissement de 500 000$, sans rien connaître de ce milieu, «véritable mode de vie qui te possède», résume-t-elle.

Par où commencer? Quel concept développer? Quel décor proposer? Les bonnes idées ont fusé avant l'ouverture des lieux. «Chez moi, c'est festif, décrit-elle. Je voulais un concept comme à la maison. Où peu importe notre âge et le nombre de convives, on se sent bien. Je voulais que ce soit la première brasserie montréalaise. Au tableau, on a des plats semi-gastronomiques. À la carte, du macaroni au fromage, du smoked meat de Lester et du café torréfié à Saint-Henri.»

Folle aventure

Le design du restaurant a été conçu par Alexandre Brûlé Brosseau, un des trois fils de la propriétaire. Bois de grange sur les murs, allée de quilles en guise de comptoir, tableau d'école... «Comme il ne fallait pas que ce soit exclusivement jeune, on a approché l'architecte Louis Joseph Papineau qui a sculpté les murs», raconte Francine Brûlé.

Pressée d'ouvrir le resto, à cause du montant investi dans cette nouvelle aventure, la propriétaire a ouvert les portes... à bien des problèmes. «On n'était pas prêts, admet-elle. Servir les gens prenait de deux à trois heures. Je travaillais 18 heures par jour, de 6h à 2h. On n'était pas organisé, il n'y avait pas assez de réfrigérateurs. La chef a démissionné, mon gérant aussi. Ils avaient trop de pression. À la première fête des Mères, ce fut l'enfer. Les mères, présentes avec leurs jeunes enfants, voulaient me tuer! À 12h15, il n'y avait plus rien! Mes fils couraient faire des épiceries chez 5 saisons à côté. À la fin, tout le monde était en larmes. L'enfer a duré tout l'été!

«Puis, un soir, le Bon Dieu m'a envoyé le chef Éric Gonzalez, poursuit la propriétaire. Il m'a dit: je m'en vais du St-James et je pourrais venir ici avec ma gang. Ça a commencé à se placer. Une partie de cette équipe est restée six mois. J'ai eu la paix! Et ça n'a jamais arrêté d'être plein depuis. L'été, maintenant, j'ai 90 employés.»

Ambiance cool

Les enfants terribles voguant aujourd'hui sur des eaux calmes, son propriétaire peut penser à offrir autre chose à ses clients. À compter de demain, comme certains restos qui proposent un menu spécial en fin de soirée, on affichera à celui des Enfants terribles «le trip de bouffe». Ce menu servi dès 22h comportera 10 items à 10$. «Grilled cheese au jambon maison, macaroni à la viande, hot chicken..., énumère Francine Brûlé. On peut venir grignoter après le théâtre sans dépenser 50$. Venir passer du temps dans une ambiance cool et propre. À mon âge, le Globe, ce n'est pas ma place.»

Il y a quelque temps, Francine Brûlé est aussi partie à la recherche de nouveaux espaces de 2000 pieds carrés où aménager d'autres restaurants. «Je voudrais en plus ouvrir des franchises éventuellement, dit-elle. On travaille aussi sur un livre de recettes avec notre chef S'Arto Chartier-Otis. Aujourd'hui, je sais ce que je fais. Je suis ici 15 heures par jour, mais 5 jours seulement par semaine et je prends des vacances!»