André Nadeau est en train de préparer une petite révolution dans l'univers de la collecte des ordures. Le président de Véhicules Inpak, une PME de Drummondville, a mis au point avec ses associés un camion à ordures nouveau genre qui, croit-il, va faire grand bruit. Pas seulement ici, mais partout sur la planète.

Fondée en 2010, la PME a mis 55 semaines pour créer deux prototypes de ce qu'il est convenu d'appeler une benne à déchets à chargement latéral. Bref, un camion qui ramasse les ordures ménagères. Sauf que, dans ce cas-ci, le véhicule baptisé «Détritube» est entièrement conçu en aluminium. Il est plus volumineux qu'un camion traditionnel et sa benne est de forme cylindrique.

Résultat, le Détritube est 30% plus léger que le plus léger des camions sur le marché, dit le président de l'entreprise. Et son volume de stockage est 30% plus élevé. «Il suffisait simplement d'y penser: notre camion est plus léger, il peut stocker plus de déchets, il consomme moins d'énergie et il ne rouille pas», résume André Nadeau, un homme d'affaires qui compte plusieurs entreprises, notamment dans les équipements pour les scieries.

Selon l'entrepreneur, «ça fait 30 ans qu'il n'y a pas eu de véritable innovation dans l'industrie des camions de rebuts». Le Détritube commencerait donc déjà à faire parler de lui. Et la PME attend l'approbation de plusieurs brevets. «Nous revenons du Dallas Waste Show (la plus importante foire commerciale du genre sur le continent; NDLR) et je peux vous dire qu'on détonnait dans le décor», explique André Nadeau.

Le Détritube serait d'ailleurs, toujours selon le chef d'entreprise, le seul camion à ordures qui transporte plus que son propre poids. «Notre camion pèse 26 000 livres et peut en transporter 30 000», dit-il.

Les deux prototypes du camion ont été testés durant la saison estivale. La production en série du Détritube commencera cet automne. Dans la foulée, la PME annonçait la semaine dernière une aide financière de quelques centaines de milliers de dollars par l'Agence du développement économique Canada.

Prix demandé pour un véhicule Inpak: entre 250 000$ et 270 000$ selon le type de camion utilisé (Mack, Peterbilt, etc.) et l'équipement demandé. La PME ne génère aucun revenu actuellement. Elle prévoit néanmoins un chiffre d'affaires d'environ 15 millions dès l'an prochain.

L'objectif est de 50 camions la première année. Ce qui est peu, croit André Nadeau. «Il se vend 4500 camions à ordures par année en Amérique du Nord seulement. Et nous avons un client qui est prêt à nous en commander une centaine. Nous préférons y aller graduellement», dit-il.

Cela dit, l'homme d'affaires ne veut pas trop traîner afin de prendre les devants sur la concurrence. «Oui, on veut développer le marché québécois et canadien avant de s'attaquer à d'autres marchés. Mais on est quand même en train de discuter avec une entreprise américaine qui possède déjà un important réseau de distribution et avec qui on aimerait faire fabriquer nos véhicules sous licence», dit André Nadeau.

Véhicules Inpak travaille en collaboration avec une poignée de sous-traitants québécois. Elle s'occupera de l'assemblage final dans ses nouvelles installations à Drummondville. «Nous ne voulons pas construire une usine de fabrication. Plusieurs entrepreneurs font cette erreur en se disant qu'ils auront le plein contrôle sur leur produit. Nous voulons faire affaire avec les meilleurs dans chaque discipline et nous occuper du reste, comme l'assemblage, la distribution, le service après-vente, etc.», explique le chef d'entreprise.

L'idée de développer une nouvelle race de camions à déchets revient à Clermont Fortin et à son fils Jean, qui sont les deux autres actionnaires de Véhicules Inpak. Propriétaires d'un atelier de réparation de camions à ordures, les Fortin ont vite constaté que les véhicules offerts actuellement sur le marché n'étaient pas bien adaptés, trop lourds et, par conséquent, toujours en réparation.

Ils se sont donc associés à André Nadeau, qui venait d'acheter une entreprise dans le secteur de la collecte sélective. Le trio d'entrepreneurs a investi à ce jour près d'un million de dollars dans l'aventure. Et ils continuent d'aller de l'avant même si leurs concurrents croient qu'ils vont se casser les dents.

«Ils nous disent que l'aluminium ne résistera pas, que nous allons manquer notre coup. Nous avons développé avec des experts les meilleurs alliages possible», dit André Nadeau. Les dirigeants de la PME ont travaillé en collaboration avec le Centre québécois de recherche et de développement de l'aluminium (CQRDA), l'Institut de transport avancé du Québec (ITAQ), Alcoa Innovations, de même qu'une flopée d'autres organismes.

Pour l'heure, la PME d'une dizaine d'employés va se concentrer sur les camions de collectes à chargement latéral, car c'est le secteur qui offre le plus de potentiel. Mais l'entreprise est déjà de retour à la table à dessin dans le but avoué de fabriquer des camions à chargement avant et arrière, destinés au marché des conteneurs à déchets.