Le franchiseur Queue de Castor compte presque tripler le nombre de ses succursales au Canada d'ici 10 ans. Pour y parvenir, les trois nouveaux propriétaires de cette célèbre marque de pâtisserie, Tina Serrao de même que les frères Pino et Anthony Di Ioia, miseront sur deux éléments: élargir leur gamme de produits et changer l'allure des nouvelles franchises. Une incursion aux États-Unis, voire au Japon, est également dans la ligne de mire des trois jeunes entrepreneurs.

«Nous recevons de cinq à dix demandes de franchises par semaine en provenance des États-Unis. Ce sont des gens qui ont goûté à notre produit lors d'un voyage au Canada et qui en sont tombés amoureux. Nous pourrions dire oui à tout le monde et connaître une forte croissance, mais nous préférons être prudents et considérer seulement les offres très sérieuses», explique Pino Di Ioia, président.

Une demande du Japon est actuellement à l'étude et pourrait ainsi représenter la troisième bannière Queue de Castor à l'étranger. Le franchiseur québécois est en effet déjà présent au Colorado, de même qu'en Arabie Saoudite. «Mais nous allons surtout nous concentrer sur le Canada. Nous voulons passer de 114 à 300 franchises d'ici à 2020», ajoute M. Di Ioia.

Éviter de se casser les dents

Prendre de l'expansion à l'international peut sembler alléchant, mais le jeune entrepreneur sait qu'il pourrait s'y casser les dents. Il ne veut d'ailleurs pas répéter la même erreur commise par celui qui a fondé Queue de Castor à Ottawa en 1978, Grant Hooker. Au tournant des années 2000, il y avait des succursales Queue de Castor au Costa Rica, en France, mais aussi en Malaisie et en Indonésie. Cette présence à l'étranger a mal tourné, ce qui a eu un impact sur les finances de l'entreprise.

C'est d'ailleurs à cette époque que les trois actuels propriétaires de la marque ont été appelés en renfort. Leur mandat: travailler étroitement avec Grant Hooker et sa femme Pam afin de redresser l'entreprise. «Nous avons fait un grand ménage. Les succursales les moins rentables ont été fermées. Nous avons remboursé la dette. Et nous avons commencé à élaborer une stratégie à long terme», affirme Pino Di Ioia.

Cette stratégie, en place depuis peu, consiste notamment à bonifier l'offre de produits dans les nouvelles succursales. Aux traditionnelles queues de castor, pâte frite sucrée et assaisonnée, s'ajoutent dorénavant du café, des yogourts glacés, du gelato, des smoothies, un bar à bonbons, etc. Ces produits seront graduellement intégrés aux franchises déjà existantes.

Stratégie hédoniste

Cette première stratégie se veut donc hédoniste. «Nous sommes une tranche de paradis. Nous voulons devenir un endroit où les gens iront pour se faire plaisir», fait remarquer le président de la PME dont le siège social est désormais à Montréal et non plus à Ottawa.

Aussi, Queue de Castor veut dorénavant s'installer dans des lieux qui lui sont propres. Fini les nouvelles franchises prenant la forme d'un petit comptoir installé dans d'autres types de commerces, comme des bars laitiers ou des clubs vidéo, par exemple. «Nos nouvelles franchises seront ouvertes toute l'année. Soixante-dix de nos plus importantes franchises sont dans des lieux touristiques, donc saisonniers. Nous voulons bonifier notre offre autrement», dit M. Di Ioia.

Au cours des 24 derniers mois, Queue de Castor a ouvert quatre franchises «nouveau genre» (avec un design plus moderne) à McMasterville, dans le Vieux-Montréal, dans le Vieux-Québec et tout récemment rue Sherbrooke Ouest, près de McGill-College. Une nouvelle succursale ouvrira le 29 juin avenue Monkland, dans Notre-Dame-de-Grâce. Dans les semaines et les mois à venir, Niagara Falls, le Quartier DIX30 et Tremblant accueilleront aussi une franchise.

250 000$ la franchise

Une franchise Queue de Castor coûte environ 250 000$, dit le président de l'entreprise. Selon lui, il s'agit d'un prix tout à fait raisonnable, qui peut être amorti, dans les meilleurs cas, en cinq ans. «Le monde des franchises a eu mauvaise presse au cours des dernières années pour toutes sortes de raisons. Nous avons une approche différente. Nous faisons des profits si le franchisé fait des profits», explique Tina Serrao, conjointe de Pino Di Ioia.

Les deux tourtereaux, aujourd'hui au début de la quarantaine, sont en couple depuis l'âge de 17 ans. À cette époque, Pino Di Ioia travaillait comme simple employé à la succursale Queue de Castor de La Ronde. Quelques années plus tard, il est devenu propriétaire de cette franchise. Puis il été promu maître franchiseur pour tout le Québec.

Dans la foulée, il a fait équipe avec sa femme Tina Serrao et son frère jumeau Anthony Di Ioia, afin de consolider le marché québécois, qui compte actuellement 67 franchises. Ultimement, le trio a été embauché par les fondateurs de l'entreprise dans le cadre d'une opération de sauvetage. Les trois jeunes entrepreneurs sont propriétaires de la marque depuis 2009. Les Hooker conservent une participation minoritaire.

Le trio se dit prêt comme jamais à percer de nouveaux marchés. «Depuis 2001 que nous préparons l'entreprise à prendre de l'expansion. Ça y est maintenant; c'est parti pour de bon», dit Pino Di Ioia.