Avec l'ouverture de sa petite épicerie dans le quartier Mile-End, à Montréal, en novembre 2010, Franco Gattuso a changé de statut. De restaurateur, il se présente maintenant comme entrepreneur devant sa clientèle. Fini les restaurants! Pour l'instant...

«Les lois sur la restauration, comme l'obligation des systèmes informatisés, m'exaspèrent, explique-t-il. Pour le moment, je m'éloigne pour me recycler. J'ai décidé de faire affaire avec une clientèle différente qui recherche des produits novateurs et haut de gamme à des prix d'épicerie.»

Il y a eu les restos Il Piatto della Nonna, depuis 15 ans, et le Caffe Grazie Mille en 2008, vendu en mars 2010, et maintenant la Drogheria Fine, sur Fairmount Ouest.

Mais Franco Gattuso n'a pas fait de virage à 180 degrés. Il a conservé ses acquis. Son nouveau commerce de 300 pieds carrés recèle notamment la sauce de sa mère («la salsa della nonna») qui a tant plu aux clients des restos Il Piatto della Nonna qu'il a tenus rue Saint-Denis, rue Saint-Viateur et boulevard Saint-Laurent. Elle est aujourd'hui offerte pour 10$ sous le couvert d'un pot Mason d'un litre.

Les pots côtoient des bouteilles d'huile d'olive extra-vierge vendues à 15$. «Une importation privée, indique Franco Gattuso. Elle vient d'un village de Calabre de 500 habitants où ma mère est née, à quelques mètres d'altitude de la mer Méditerranée, et où je suis allé toute ma jeunesse. Je fais venir l'huile par un transporteur de produits alimentaires d'ici. La commande est très limitée, soit 250 litres par voyage. C'est une huile d'olive pure non filtrée avec un dépôt au fond de chaque bouteille qui confirme sa maturité.»

Un nouvel univers

Cela dit, un tout autre univers s'ouvre maintenant à Franco Gattuso, qui a jugé nécessaire de demander de l'aide aux accompagnateurs d'entrepreneurs de SAJE, programme financé par Emploi Québec, pour apprendre comment exploiter une boutique et définir sa proposition d'affaires. «Demander de l'aide fut l'élément déclencheur, explique Franco Gattuso. Plus jeune, je n'ai pas eu la chance d'avoir le côté académique. J'ai tout appris avec ma mère. J'étais aussi désorganisé. Je ne pouvais pas être à mon affaire, car je travaillais sept jours sur sept. Je recherchais un regroupement de gens avec qui je me sentirais bien. Là, je travaille de 9h à 5h. J'ai un horaire de bureau.»

L'appui de SAJE et Emploi Québec assure à Franco Gattuso 1400$ par mois pendant un an pour donner un élan à son entreprise. «Et j'ai quand même le droit de faire des ventes, de monter un plan d'affaires et d'aller solliciter les banques», explique le commerçant.

Au cours des prochaines semaines, il placera d'autres produits sur les menues tablettes de la Drogheria Fine, tels du sel de mer, des pâtes fraîches et plats pour emporter.

Franco Gattuso aspire à un chiffre d'affaires de 120 000$ à la fin de sa première année d'exploitation. Grâce à la vente de ses produits dans son magasin, mais aussi à la vente de sa sauce dans quelques épiceries et adresses de quartier, comme la Fromagerie Hamel et la boucherie-charcuterie Chez Vito. D'autres points de vente, dont Milano, sont dans sa ligne de mire. Si bien que dès l'an prochain, il espère doubler son chiffre d'affaires et arriver à 360 000$ en trois ans.

Aux yeux de Franco Gattuso, le succès de son entreprise passera par une gestion simplifiée, des dépenses et autres coûts d'exploitation minimaux. C'est notamment dans des bouteilles d'eau San Pellegrino stérilisées, dons d'un restaurateur, que Franco Gattuso embouteille son huile d'olive. L'homme d'affaires, qui a lui-même conçu l'aménagement intérieur de la Drogheria Fine, tient aussi à minimiser le nombre d'employés dans son commerce à deux personnes: un membre de sa famille et lui uniquement. «Le produit est fait en boutique, souligne-t-il. Depuis toujours, je mise aussi beaucoup sur la vie de quartier, mon réseau de contacts et sur les concepts à l'ancienne.» D'autres acquis des dernières années!